Les 29 pays membres de l'OTAN ont tenté jeudi à Washington d'afficher leur unité face aux «agressions» de la Russie. L'anniversaire de l'organisation a été terni par des différends entre les Etats-Unis et plusieurs de ses alliés-clés.
Retour aux fondamentaux, 70 ans après la signature par douze pays fondateurs, le 4 avril 1949 dans la capitale américaine, du traité de l'Alliance atlantique née pour contrer l'Union soviétique au début de la Guerre froide. Le monde a changé mais Moscou reste la principale «menace» aux yeux de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord, célébrée comme l'alliance la plus ancienne et «la plus efficace de l'Histoire».
«Nous ne voulons pas d'une nouvelle Guerre froide», mais «la Russie a fait du monde un endroit moins sûr», a martelé son secrétaire général, Jens Stoltenberg, dans la capitale américaine.
«Guerres hybrides»
Le réquisitoire le plus ferme est venu du chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, qui a dénoncé les «sombres rêves d'impérialisme» du président russe Vladimir Poutine. «C'est évident dans ses invasions de la Géorgie et de l'Ukraine, son ingérence en Syrie et maintenant au Venezuela», a-t-il estimé devant la presse au terme d'une réunion avec ses homologues de l'OTAN.
«A la lumière des attaques de la Russie contre les démocraties occidentales, nous avons décidé d'améliorer nos défenses face aux guerres hybrides», a-t-il expliqué, en référence aux stratégies offensives prêtées à Moscou, combinant des moyens conventionnels et non conventionnels, visibles et dissimulés.
Jens Stoltenberg a lui insisté sur deux autres dossiers. D'abord le traité de désarmement sur les armes nucléaires de portée intermédiaire (INF), que la Russie est accusée de violer, et qui risque de voler en éclats d'ici l'été après la suspension de leur participation par Washington puis Moscou.
Le chef de l'OTAN a assuré que les Alliés se préparaient «à vivre dans un monde sans traité INF» en préservant «une dissuasion et une défense crédibles et efficaces». Les ministres ont aussi abordé «les actes d'agression de la Russie dans la région de la mer Noire» en adoptant des mesures pour «renforcer la surveillance» aérienne et maritime, a-t-il ajouté.
Sécurité en mer Noire
Des exercices conjoints avec les flottes ukrainienne et géorgienne sont notamment prévus pour «faire en sorte que les bateaux ukrainiens puissent passer en toute sécurité par le détroit de Kertch et la mer d'Azov», a expliqué mardi l'ambassadrice des Etats-Unis auprès de l'OTAN, Kay Bailey Hutchison.
Il s'agit d'une réponse à l'affrontement armé entre les marines russe et ukrainienne en novembre au large de la péninsule de Crimée. Son annexion il y a cinq ans par la Russie n'a jamais été reconnue par les Occidentaux.
«Il est temps d'arrêter de ressortir la 'menace de l'Est'«, a réagi la diplomatie russe dans un communiqué. Elle a accusé l'OTAN de continuer à «renforcer sa confrontation militaire et politique avec la Russie». Cette confrontation offre de fait aux Alliés une occasion de refaire leur unité, mise à mal par plusieurs bisbilles entre les Etats-Unis de Donald Trump et plusieurs de leurs alliés.
«Partage du fardeau»
Mercredi, le vice-président américain Mike Pence a ravivé les tensions avec l'Allemagne, accusée de ne pas mettre suffisamment la main au portefeuille pour contribuer aux dépenses militaires. «Aucune alliance ne peut survivre sans investissements adéquats de tous ses membres», a renchéri jeudi Mike Pompeo.
Au nom d'un meilleur «partage du fardeau», principal cheval de bataille de Donald Trump qui n'a eu de cesse de bousculer l'OTAN depuis deux ans, les ministres se sont engagés jeudi à «faire plus» en matière d'investissements de défense.
L'administration américaine a aussi haussé le ton contre la Turquie, qui a entrepris d'acheter à la fois le système de défense antimissiles russe S-400 et des avions de chasse américains F-35. Malgré la menace de sanctions américaines, le gouvernement turc s'est dit déterminé à acquérir ces armements russes.
Signe que la rencontre mercredi à Washington de Mike Pompeo avec son homologue turc Mevlüt Cavusoglu n'a pas apaisé les esprits, la diplomatie turque a contesté le compte-rendu américain de l'entretien. Selon ce dernier, le secrétaire d'Etat a mis en garde contre «les conséquences potentiellement dévastatrices» d'une intervention militaire d'Ankara pour déloger du nord-est de la Syrie les combattants kurdes alliés des Etats-Unis dans la lutte antidjihadistes.
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