«Boîte de Pandore» L'Otan rejette la création d'une zone d'exclusion aérienne

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5.3.2022 - 07:41

Les Alliés de l'Otan ont rejeté vendredi la demande de Kiev de créer une zone d'exclusion aérienne en Ukraine et envisagent de nouvelles sanctions contre la Russie pour la contraindre à arrêter la guerre.

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken s'exprime lors d'une conférence de presse à Bruxelles, le vendredi 4 mars 2022.
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken s'exprime lors d'une conférence de presse à Bruxelles, le vendredi 4 mars 2022.
KEYSTONE

5.3.2022 - 07:41

«Malheureusement, le conflit en Ukraine pourrait ne pas se terminer de sitôt (...) nous devons maintenir la pression sur la Russie jusqu'à ce que la guerre soit terminée», a souligné le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken après une réunion avec ses homologues à l'Otan et plusieurs rencontres avec les dirigeants de l'UE.

«Si nous permettons la violation des principes du droit international en toute impunité, alors nous ouvrons la boîte de Pandore dans tous les coins du monde», a-t-il averti.

L'UE se tient prête à adopter de «nouvelles sanctions sévères si Poutine n'arrête pas la guerre qu'il a déclenchée», a assuré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell n'a pas exclu des décisions sur les achats de gaz et de pétrole de l'UE qui permettent à Moscou de financer son effort de guerre. «Tout est sur la table», a-t-il lancé. Les achats européens d'énergie à la Russie sont évaluées à près de 700 millions d'euros par jour.

«Feu vert à la poursuite des bombardements»

Les Alliés ont en revanche rejeté la demande de Kiev d'instaurer une zone d'exclusion aérienne en Ukraine pour éviter de se retrouver engagés dans le conflit.

«La question a été évoquée et les Alliés sont convenus que nous ne devrions pas avoir d'avions de l'Otan opérant dans l'espace aérien ukrainien ou des troupes de l'Otan au sol, car nous pourrions nous retrouver avec une guerre totale en Europe», a expliqué le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a regretté la décision «délibérée» de l'OTAN de ne pas instaurer de zone d'exclusion aérienne. «Aujourd'hui, la direction de l'Alliance a donné le feu vert à la poursuite des bombardements sur des villes et villages ukrainiens,», a-t-il affirmé dans une vidéo publiée par la présidence ukrainienne.

«Maintenant»

Au neuvième jour de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a demandé aux alliés d'agir «maintenant, avant qu'il ne soit trop tard».

«La seule façon de mettre en oeuvre une zone d'exclusion aérienne est d'envoyer des avions de chasse de l'Otan dans l'espace aérien de l'Ukraine, puis d'abattre des avions russes pour la faire respecter», a expliqué M. Stoltenberg.

«Nous avons la responsabilité d'empêcher l'escalade de cette guerre au-delà de l'Ukraine. Parce que cela serait encore plus dangereux, plus dévastateur, et causerait encore plus de souffrances humaines», a-t-il déclaré. «Les jours à venir seront pires, avec plus de morts, plus de destructions, parce que la Russie va utiliser des armes plus lourdes», a-t-il averti.

«La Russie utilise des bombes à fragmentation et nous avons des informations sur l'utilisation d'autres types d'armements en violation du droit international», a-t-il accusé, précisant que «des informations sont rassemblées dans le cadre de l'enquête ouverte par la Cour pénale internationale».

L'Otan a renforcé ses défenses à l'Est avec le déploiement pour la première fois de sa force de réaction rapide, l'envoi de milliers de soldats de l'Alliance dans les pays du flanc oriental, la mise en alerte de plus 130 avions de combat et plus de 200 navires en mer.

«Il s'agit de la réponse immédiate de l'Otan et elle sera renforcée si nécessaire», a assuré le secrétaire général de l'Alliance, ajoutant qu'une réunion des ministres de la Défense de l'Otan a été convoquée le 16 mars pour «prendre les décisions qui s'imposeront».

Une discussion va également s'engager sur la posture de dissuasion et de défense sur le plus long terme, a-t-il indiqué, un sujet à l'ordre du jour du sommet de l'Otan les 29 et 30 juin à Madrid.

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