L'Union européenne a accusé mercredi la Russie de «chantage» au gaz après qu'elle eut fermé le robinet d'"or bleu» à la Pologne et à la Bulgarie. Moscou affirmait de son côté avoir détruit «une grande quantité d'armes» fournies par les Occidentaux à l'Ukraine.
Le président Volodymyr Zelensky (à gauche) s'est entretenu mercredi avec plusieurs délégations parlementaires, dont la Suisse - ici représentée par Irène Kälin -, ainsi que le président du Conseil de l'Europe Charles Michel.
Irène Kälin s'est rendue à Kiev avec trois autres parlementaires.
Le président russe s'exprimait devant le parlement réuni à Saint-Pétersbourg.
L'UE accuse la Russie de «chantage» au gaz - Gallery
Le président Volodymyr Zelensky (à gauche) s'est entretenu mercredi avec plusieurs délégations parlementaires, dont la Suisse - ici représentée par Irène Kälin -, ainsi que le président du Conseil de l'Europe Charles Michel.
Irène Kälin s'est rendue à Kiev avec trois autres parlementaires.
Le président russe s'exprimait devant le parlement réuni à Saint-Pétersbourg.
Après avoir rencontré Vladimir Poutine à Moscou, le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres est arrivé mercredi soir en Ukraine, sa première visite dans ce pays depuis le début de l'invasion russe le 24 février. Plus tôt dans la journée, Kiev a accueilli la présidente du Conseil national suisse Irène Kälin qui s'est entretenue en soirée avec le président Volodymyr Zelensky.
Au moment où les Occidentaux intensifient leurs efforts pour armer les Ukrainiens face à la Russie, le ministère russe de la Défense a affirmé que «des hangars avec une grande quantité d'armes et de munitions étrangères, livrées aux forces ukrainiennes par les Etats-Unis et des pays européens, avaient été détruits avec des missiles Kalibr tirés de la mer sur l'usine d'aluminium de Zaporijjia», dans le sud de l'Ukraine.
Le gouverneur de cette région a cependant démenti cette affirmation. «Aucun dépôt de munitions et d'armes n'a été touché à Zaporijjia», a-t-il assuré, ajoutant que l'usine atteinte «n'était plus opérationnelle depuis six ans». Les troupes russes bombardent ponts et voies ferrées pour ralentir les livraisons d'armes occidentales à l'Ukraine, avait souligné mardi un conseiller du ministre ukrainien de l'Intérieur, après la destruction d'un pont stratégique reliant ce pays à la Roumanie.
Ces frappes russes interviennent tandis qu'une quarantaine de pays se sont réunis mardi en Allemagne, autour des Etats-Unis, pour coordonner une accélération des livraisons d'équipements militaires que Kiev réclame afin de repousser l'invasion russe.
«Riposte foudroyante»
La cheffe de la diplomatie britannique Liz Truss devait appeler mercredi, dans un discours à Londres, à «redoubler le soutien» à l'Ukraine et à se préparer à une guerre «sur le long terme». «Armes lourdes, chars, avions – creuser dans nos stocks, accélérer la production, nous devons faire tout ça», devait-elle déclarer.
Le président russe Vladimir Poutine a quant à lui à nouveau mis en garde mercredi contre toute intervention extérieure dans le conflit en Ukraine, promettant une riposte «rapide et foudroyante». Les forces russes, qui intensifient depuis deux semaines leur offensive sur le Donbass, ont annoncé mercredi avoir effectué des frappes aériennes sur 59 cibles ukrainiennes.
De son côté, l'armée ukrainienne a, fait rare de sa part, reconnu des avancées russes dans l'est, dans la région de Kharkiv et dans le Donbass, un bassin minier en partie contrôlé par des séparatistes prorusses depuis 2014. Kiev a admis que les Russes avaient pris des localités s'égrenant du nord au sud, laissant penser que Moscou veut prendre en étau une large poche encore aux mains des Ukrainiens.
Appel à l'aide à Marioupol
A Kharkiv, dont les quartiers nord et est sont à moins de 5 km de la ligne de front, au moins trois personnes ont péri et 15 ont été blessées dans des bombardements, a déclaré le gouverneur Oleg Synegoubov sur Telegram, ajoutant: «Les Russes continuent leurs tirs d'artillerie et de mortier contre des quartiers d'habitation de Kharkiv et de sa région».
A la pointe sud du Donbass, dans la ville portuaire stratégique de Marioupol, assiégée et dévastée, «l'ennemi bombarde massivement et bloque nos unités près de l'usine d'Azovstal», a dit dans son rapport quotidien le ministère ukrainien de la Défense. Le commandant de la 36e Brigade des Marines de Marioupol, Sergueï Volyna, a lancé un nouvel appel à l'aide, soulignant avoir avec lui 600 soldats blessés et des centaines de civils.
«Mon message aujourd'hui est: sauvez la garnison de Marioupol, menez pour nous une opération d'exfiltration. Les gens vont simplement mourir ici (...) les civils meurent avec nous (...) la ville est quasiment effacée de la surface de la Terre», implore-t-il dans un message relayé sur Telegram.
Risque d'extension du conflit
Hors d'Ukraine, le groupe russe Gazprom a annoncé mercredi avoir suspendu toutes ses livraisons de gaz à la Bulgarie et à la Pologne, assurant que ces deux pays n'avaient pas payé en roubles, comme l'exige depuis mars le président russe Vladimir Poutine.
Dénonçant un nouveau «chantage au gaz», la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a affirmé que ces deux pays membres de l'UE et de l'Otan, très dépendants du gaz russe, étaient désormais approvisionnés «par leurs voisins de l'Union européenne». «Il ne s'agit pas de chantage», mais d'une réponse à «des actes inamicaux», a rétorqué le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, une allusion au gel des réserves de devises étrangères russes détenues à l'étranger.
Ces événements surviennent à un moment où de nombreuses chancelleries s'inquiètent du risque d'extension du conflit, après une série d'explosions, attribuées par Kiev à Moscou, dans la région séparatiste prorusse de Transdniestrie, en Moldavie. Mercredi, les autorités de ce territoire séparatiste ont déclaré qu'un village frontalier hébergeant un important dépôt de munitions de l'armée russe avait été la cible de tirs en provenance d'Ukraine.
Dans ce contexte, l'ex-Marine américain Trevor Reed, condamné à neuf ans de prison en Russie pour violences, a été échangé mercredi avec un pilote russe incarcéré aux Etats-Unis depuis 2010. Un échange qui n'a, selon Washington, «aucun» impact sur les relations entre les deux pays.
Guterres à Boutcha jeudi
Sur le front économique, la Commission européenne a proposé mercredi de suspendre pendant un an tous les droits de douane sur les produits ukrainiens importés dans l'UE. La proposition doit encore être approuvée par le Parlement européen et les 27 Etats membres.
Le Royaume-Uni avait annoncé lundi avoir pris une telle mesure.
Le conflit pèse aussi sur les économies de l'UE. L'Allemagne a annoncé mercredi revoir à 2,2% ses prévisions de croissance pour 2022, contre 3,6% prévu en janvier, et s'attendre à une inflation presque deux fois plus élevée, de 6,1%.
Le secrétaire général des Nations unies se rendra jeudi dans la banlieue de Kiev, à Boutcha, Irpin et Borodianka, théâtres d'exactions imputées à l'armée russe par les Ukrainiens, où des enquêteurs internationaux sont mobilisés pour rassembler des éléments constitutifs de «crimes de guerre».