Sanctions L'UE finalise un embargo progressif sur le pétrole russe

ATS

1.5.2022 - 17:56

L'Union européenne finalise un arrêt progressif de ses achats de pétrole et de produits pétroliers à la Russie pour sanctionner la guerre en Ukraine. Elle va annoncer cette semaine un calendrier et de nouvelles mesures, ont confié dimanche plusieurs sources européennes.

«Il y a une volonté politique de cesser les achats de pétrole à la Russie et nous aurons la semaine prochaine des mesures et une décision sur un retrait progressif», a affirmé un responsable européen impliqué dans les discussions.
«Il y a une volonté politique de cesser les achats de pétrole à la Russie et nous aurons la semaine prochaine des mesures et une décision sur un retrait progressif», a affirmé un responsable européen impliqué dans les discussions.
KEYSTONE/CHRISTIAN BEUTLER

«Il y a une volonté politique de cesser les achats de pétrole à la Russie et nous aurons la semaine prochaine des mesures et une décision sur un retrait progressif», a affirmé un responsable européen impliqué dans les discussions.

La Commission européenne doit mettre sur la table une proposition d'embargo «avec une période de transition jusqu'à la fin de l'année», a également indiqué un diplomate européen.

La décision n'est «pas facile à mettre en oeuvre» en raison de deux difficultés, a cependant précisé le responsable européen.

Deux pays européens enclavés, la Hongrie et la Slovaquie, dépendent des oléoducs russes. Il n'ont pas de ports et ne sont reliés à aucun oléoduc européen. Il faut construire des infrastructures ou trouver des alternatives.

Eviter la flambée des prix

En outre, les décisions européennes ne doivent pas entrainer une flambée mondiale des prix du pétrole qui serait contreproductive.

«Nous devons être prudents avec une interdiction européenne complète des importations de pétrole», a mis en garde en avril la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen.

Un plafonnement des prix préconisé par les Etats-Unis est une «mesure intelligente» car elle évite les spéculations et le pétrole reste rémunérateur, mais «il faut qu'il s'applique au-delà des Européens et des Américains», a expliqué le responsable européen.

La volonté européenne de diversifier ses approvisionnements et un calendrier de six à huit mois pour cesser les achats de pétrole et de produits pétroliers sont autant d'annonces destinées à éviter un emballement des marchés.

Unanimité nécessaire

La Commission européenne a mené des discussions durant le week-end avec les Etats membres les plus concernés, avec les Etats-Unis et avec l'Agence Internationale de l'Energie pour boucler la proposition qui sera soumise aux Etat membres.

La sanction sur le pétrole russe doit être approuvée à l'unanimité des 27 Etats membres. «La Hongrie a jusqu'à présent toujours été au rendez-vous des sanctions et il faut éviter de lui donner un prétexte pour bloquer sur le pétrole», a plaidé le responsable européen.

Un premier échange est prévu lundi au cours d'une réunion des ministres de l'Energie des Vingt-Sept à Bruxelles, mais aucune décision n'est attendue car la Commission n'aura pas encore soumis ses propositions de sanctions.

Sberbank exclue de Swift

Le 6e paquet de mesures européennes préparé par la Commission présidée par Ursula von der Leyen va mettre sous sanctions tout l'écosystème pétrolier de la Russie. A court terme, l'une des mesures visera à renchérir le transport du pétrole russe par tanker.

La plus importante banque russe, la Sberbank, qui représente 37% du marché, doit par ailleurs être exclue du système de transactions Swift, ont indiqué plusieurs sources diplomatiques européennes.

L'UE veut tarir son financement à l'effort de guerre du Kremlin. La Russie exporte deux tiers de son pétrole dans l'UE.

En 2021, elle a fourni 30% du brut et 15% des produits pétroliers achetés par l'UE. «La facture des importations de pétrole russe était quatre fois plus importante que celle du gaz, 80 milliards de dollars contre 20 milliards», avait souligné à la mi-avril le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

Les principaux importateurs de combustibles fossiles de la Russie (gaz, pétrole brut, produits pétroliers et charbon) sont l'Allemagne, l'Italie, les Pays-Bas et la France. L'embargo sur le charbon, décidé le 7 avril, entrera en vigueur début août.

L'Allemagne a annoncé avoir réduit sa dépendance au pétrole russe avec une baisse de ses importations de 35 à 12% au cours des dernières semaines, et soutient le principe d'un embargo progressif, a indiqué le ministre de l'Economie et du Climat, Robert Habeck.