Frustration L'UE tente de rassurer des Balkans, sans leur ouvrir la porte

ATS

6.10.2021 - 12:13

Réunis en sommet en Slovénie, les dirigeants de l'Union européenne tentaient mercredi d'apaiser la frustration des Balkans occidentaux. Bloqués depuis des années dans l'antichambre de l'UE, ils sont tentés de se tourner vers la Russie et la Chine.

Le Premier ministre slovène Janez Jansa accueille la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen lors d'un sommet UE-Balkans occidentaux à Brdo pri Kranju, à Kranj, Slovénie, 06 octobre 2021.
Le Premier ministre slovène Janez Jansa accueille la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen lors d'un sommet UE-Balkans occidentaux à Brdo pri Kranju, à Kranj, Slovénie, 06 octobre 2021.
KEYSTONE

«Nous souhaitons envoyer un message clair aux Balkans occidentaux: nous vous voulons dans l'UE, gardez le cap, n'abandonnez pas. Le but est à portée de main», a lancé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Mais sur le tortueux chemin de l'intégration européenne, les dirigeants de l'Albanie, de la Bosnie, de la Serbie, du Monténégro, de la Macédoine du Nord et du Kosovo ne peuvent espérer de percée dans un avenir proche. Et ils n'ont pas caché leur déception.

«Je n'ai aucune illusion en ce qui concerne une adhésion rapide à l'UE», a confié aux médias de son pays le président serbe Aleksandar Vucic. «Actuellement, l'élargissement aux Balkans n'est ni un thème dominant ni un thème populaire».

Le Premier ministre du Kosovo a dénoncé «une injustice». «Bien sûr, je suis critique», a souligné Albin Kurti, même si «j'espère encore que l'UE va rester fidèle à sa vocation d'élargissement».

Mariage avorté

Les six candidats bénéficient certes du soutien actif de l'Autriche, de la Hongrie ou de la Slovénie, pays hôte de la réunion qui assure actuellement la présidence tournante de l'UE. Mais les réticences des autres Etats membres sont trop fortes.

Certains redoutent un afflux migratoire, d'autres blâment des réformes trop timides, par exemple sur le respect de l'Etat de droit ou la lutte contre la corruption.

La France, le Danemark et les Pays-Bas avaient gelé les négociations d'adhésion avec l'Albanie et la Macédoine du Nord en 2019, avant que le processus ne soit relancé un an plus tard. De son côté, la Bulgarie met en avant un différend historique avec la Macédoine pour justifier son veto au démarrage des pourparlers.

Quant au Kosovo et à la Serbie, qui n'a jamais reconnu l'indépendance de son ancienne province à majorité albanaise, leurs relations tumultueuses sont un obstacle majeur à leur entrée dans l'UE.

«Nous nous sommes préparés plusieurs fois pour un mariage, or les invités ne sont pas venus», avait récemment résumé le Premier ministre albanais Edi Rama, mettant en doute la crédibilité de l'UE. «Si nous ne nous préparons plus, nous continuons à montrer notre amour», avait-il cependant ajouté.

Aucun horizon

Après d'âpres marchandages en amont de la réunion, les membres de l'UE ont accepté de réitérer «leur engagement envers le processus d'élargissement» afin d'éviter une rupture de confiance, selon un projet de déclaration finale consulté par l'AFP. Mais ils sont restés sourds aux demandes de la Slovénie, qui voulait que l'UE s'engage à une adhésion d'ici 2030.

Face à ce blocage, la Russie et la Chine avancent leurs pions dans cette région stratégique. Elles y ont envoyé des millions de doses de vaccin pour l'aider à lutter contre la pandémie de coronavirus.

Si l'Albanie, la Macédoine du Nord et le Monténégro sont membres de l'Otan, Moscou entretient des liens profonds avec les pays orthodoxes comme la Serbie. Et Pékin a consenti d'importants prêts, dont un milliard de dollars pour une route que le Monténégro peine à rembourser.

En réponse, l'UE, premier bailleur de fonds dans la zone, vante les mérites d'un paquet économique qui, selon elle, pourrait apporter une aide «sans précédent» d'un montant de 30 milliards d'euros sur sept ans.

Elle envisage aussi des rapprochements «tangibles», notamment en mettant fin aux frais d'itinérance téléphonique, alors que les populations ne voient pas leur niveau de vie s'améliorer.

La fondation Bertelsmann pointe une situation économique toujours «déplorable». Elle rappelle que le PIB par habitant des six pays représente «entre 20 et 40% de celui des Allemands».