Nucléaire iranien L'UE veut sauver l'accord avec l'Iran

ATS

15.7.2019 - 17:09

L'Iran ne peut plus exporter son pétrole, et est ainsi privé de l'essentiel de ses revenus (image symbolique).
L'Iran ne peut plus exporter son pétrole, et est ainsi privé de l'essentiel de ses revenus (image symbolique).
Source: KEYSTONE/AP/RONALD ZAK

Les Européens sont décidés à jouer leur va-tout pour sauver l'accord sur le nucléaire avec l'Iran. L'impossibilité de contourner les sanctions américaines leur laisse toutefois peu de chances, ont averti leurs ministres des Affaires étrangères réunis à Bruxelles.

«L'accord n'est pas encore mort» et nous voulons donner à l'Iran «une possibilité de revenir sur ses mesures en contravention avec ses engagements», a affirmé le chef de la diplomatie britannique Jeremy Hunt à son arrivée pour une réunion avec ses homologues de l'UE.

«L'Iran a pris de mauvaises décisions en réaction à la mauvaise décision des Etats-Unis de se retirer de l'accord et d'imposer des sanctions dont la portée extraterritoriale touche de front les avantages économiques que le pays pouvait retirer de l'accord», a déploré le Français Jean-Yves le Drian.

«Nous souhaitons que l'Iran revienne dans l'accord» et respecte ses engagements, a-t-il insisté.

Mise en garde de Téhéran

Les Européens déplorent la décision de Téhéran de produire désormais de l'uranium enrichi à au moins 4,5%, un niveau prohibé par l'accord. Ils veulent croire que cette décision est réversible. Mais Téhéran attend des Européens des «mesures pratiques, efficaces et responsables» pour sauver l'accord.

Il est «irréaliste» d'attendre que l'Iran «revienne aux conditions qui prévalaient avant le 8 mai 2019» sans que les Européens fassent «la preuve de leur volonté politique et de leur capacité» à permettre que l'Iran «bénéficie en pratique» de l'accord, a averti de son côté le porte-parole iranien des Affaires étrangères Abbas Moussavi dans un communiqué.

«Si les Européens et les Américains ne veulent pas agir conformément à leurs engagements, nous aussi, en réduisant nos engagements, nous contrebalancerons cela et reviendrons à la situation d'il y a quatre ans», a aussi averti le porte-parole de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique Behrouz Kamalvandi, cité par l'agence officielle Irna.

Mécanisme de troc

Les Européens espèrent convaincre les Iraniens de leur volonté de les aider avec l'utilisation de l'Instex, un mécanisme de troc créé pour contourner les sanctions américaines en évitant d'utiliser le dollar.

Mais la situation est complexe. L'extraterritorialité des sanctions américaines a abouti au retrait d'Iran des entreprises européennes et le commerce s'est effondré, a expliqué un diplomate européen.

L'Iran ne peut plus exporter son pétrole, et est ainsi privé de l'essentiel de ses revenus. Les exportations de pétrole sont tombées de 1,5 million de barils par jour à 700'000 barils par jour, ce qui est insuffisant pour maintenir une économie viable, souligne-t-on de source européenne.

«Nous ne reconnaissons pas l'extraterritorialité» des lois américaines imposée par Washington, a tempêté l'Espagnol Josep Borrell, désigné pour remplacer l'Italienne Federica Mogherini à la tête de la diplomatie européenne si sa nomination est approuvée par le Parlement européen.

«Très difficile»

«Nous faisons tout ce qui est possible pour que l'accord nucléaire avec l'Iran soit maintenu, mais nous savons que c'est très difficile à cause de l'attitude des Etats-Unis», a-t-il insisté.

«Si l'Iran arrive à posséder l'arme nucléaire, d'autres pays de la région vont l'acquérir et la situation va devenir très dangereuse», a averti Jeremy Hunt.

«L'Iran n'est pas encore en mesure de développer une arme nucléaire et nous voulons que le Moyen-Orient reste sans armes nucléaires», a-t-il affirmé. «Nous considérons les Etats-Unis comme notre allié, mais des amis peuvent parfois être en désaccord et l'Iran est une de nos rares occasions de désaccord», a-t-il déploré.

Jeremy Hunt brigue la succession de Theresa May à la tête du parti conservateur britannique et au poste de Premier ministre. Il affronte Boris Johnson, très proche du président américain Donald Trump.

Retour à la page d'accueil