«On perd des batailles» L'Ukraine envoie des renforts dans «l'enfer d'Avdiïvka»

ATS

15.2.2024 - 18:10

Des troupes ukrainiennes ont été «urgemment redéployées» pour renforcer la garnison d'Avdiïvka, épicentre de combats et bombardements qui ont fait un «enfer» de cette ville de l'Est de l'Ukraine soumise aux assauts russes.

A quelques jours du deuxième anniversaire de l'invasion russe et après l'échec de sa contre-offensive de 2023, l'Ukraine est face à de multiples défis (archives).
A quelques jours du deuxième anniversaire de l'invasion russe et après l'échec de sa contre-offensive de 2023, l'Ukraine est face à de multiples défis (archives).
ATS

Keystone-SDA

En Russie, un bombardement imputé à Kiev sur un centre commercial de Belgorod a fait au moins six morts et 20 blessés, un tir de réplique apparent après de nouvelles attaques de missiles russes tirés sur l'Ukraine au cours de la nuit.

A quelques jours du deuxième anniversaire de l'invasion russe et après l'échec de sa contre-offensive de 2023, l'Ukraine est face à de multiples défis: les forces russes sont à l'offensive, l'aide militaire américaine est toujours plus incertaine et l'armée ukrainienne manque d'hommes, d'armes, de munitions.

«On perd des batailles»

«En ce moment, on perd des batailles. Les attaques se multiplient, mais tout le monde s'accroche. Ceux qui se battent depuis deux ans sont déjà épuisés mentalement», reconnaît auprès de l'AFP un soldat ukrainien du bataillon Azov, à Kramatorsk, tout près du front Est.

La situation se dégrade plus particulièrement à Avdiïvka, cité du Donbass ravagée par les combats, où la position des défenseurs ukrainiens est de plus en plus précaire face aux forces russes qui ont lancé en octobre une offensive pour achever d'encercler la ville.

«La troisième brigade d'assaut confirme avoir été urgemment redéployée» en renfort dans cette zone, a indiqué jeudi cette unité sur Telegram dans un message titré «l'enfer d'Avdiïvka».

Cette brigade a affirmé mener des contre-attaques sur des quartiers conquis par les Russes, estimant les forces adverses dans sa zone à «environ sept brigades», soit plusieurs milliers d'hommes, avec des renforts qui continuent à arriver.

«Nous sommes obligés de nous battre sur 360 degrés contre de nouvelles brigades», a déclaré le commandant de l'unité Andriï Biletsky.

Selon la chaîne Telegram DeepState, proche de l'armée ukrainienne et suivie par plus de 600'000 personnes, les forces russes ont progressé mercredi, la situation «continuant de se détériorer en raison de tirs incessants».

Belgorod touchée

Les combats compliquent l'approvisionnement et l'évacuation des troupes sur place, bien qu'une «artère logistique de réserve préparée à l'avance» soit utilisée, a expliqué à la télévision Dmytro Lykhoviy, un porte-parole militaire dans la zone.

La Russie a mené aussi au cours de la nuit une nouvelle attaque à l'aide de 26 missiles, dont 13 ont été abattus. Elle a fait au moins un mort et neuf blessés – trois à Lviv, dans l'Ouest, et six à Zaporijjia, dans le Sud du pays -, selon les autorités.

A Kherson (sud), une femme de 67 ans a été tuée en milieu de journée par une frappe russe, selon les autorités locales.

Côté russe, une frappe meurtrière imputée aux forces ukrainiennes a visé Belgorod, chef-lieu de la région éponyme frontalière de l'Ukraine. Six personnes ont été tuées, dont un enfant, et 20 personnes ont été blessées, dont 4 enfants, a indiqué sur Telegram le ministère russe de la Santé dans un bilan actualisé.

Des habitations et un petit centre commercial ont notamment été endommagés dans cette ville, qui avait déjà été frappée fin décembre par l'attaque ukrainienne la plus meurtrière sur le sol russe avec 25 morts et plus de 100 blessés.

Aide occidentale nécessaire

Pour ce qui est du coût économique de deux ans de guerre, l'Ukraine aura besoin de 486 milliards de dollars pour son redressement et sa reconstruction, selon une nouvelle estimation conjointe du gouvernement ukrainien et de la Banque mondiale publiée jeudi.

Pour obtenir plus d'aide, le président ukrainien Volodymyr Zelensky se rendra en Allemagne et en France vendredi afin d'y rencontrer respectivement le chancelier Olaf Scholz et le président Emmanuel Macron.

A Paris, M. Zelensky signera un accord de sécurité entre la France et l'Ukraine. Il retournera ensuite en Allemagne pour prononcer un discours à la Conférence de Munich sur la sécurité et s'entretenir avec la vice-présidente américaine Kamala Harris.

Les Etats-Unis, principaux bailleurs de fonds pour l'Ukraine, ne parviennent pas à adopter une nouvelle enveloppe d'aide à l'Ukraine, les républicains menés par Donald Trump, l'ex-président et candidat à la présidentielle, s'y opposant.

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a souligné jeudi l'"impact» que ce blocage avait sur le champ de bataille.