Point de situationCombats à Marioupol, craintes d'une offensive dans le Donbass
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13.4.2022 - 21:08
L'Ukraine est devenue une véritable «scène de crime», a estimé mercredi le procureur de la Cour pénale internationale (CPI). Pendant ce temps, les forces russes poursuivaient leur offensive pour faire tomber Marioupol (sud-est).
13.04.2022, 21:08
13.04.2022, 21:16
ATS
«Nous sommes ici parce que nous avons de bonnes raisons de penser que des crimes relevant de la compétence de la Cour sont commis. Nous devons transpercer le brouillard de la guerre pour parvenir à la vérité», a déclaré devant la presse le procureur de la CPI, Karim Khan, à Boutcha, près de Kiev. Cette localité est devenue le symbole des atrocités du conflit depuis que des centaines de corps, selon les autorités ukrainiennes, y ont été découverts fin mars.
Jugeant que toute «l'Ukraine est une scène de crime», M. Khan a précisé qu'une équipe médico-légale de la CPI se préparait à travailler «afin que nous puissions vraiment séparer la vérité de la fiction».
La mission d'enquête de l'OSCE a de son côté indiqué avoir constaté des violations «manifestes» des droits humains de la part des troupes russes depuis l'invasion de l'Ukraine. Dans un rapport, elle s'est dite «consternée» par les milliers de blessés et morts causés par le conflit.
Le président lituanien Gitanas Nauseda a pour sa part dépeint la ville de Borodianka, près de Kiev, comme «imprégnée de douleur et de souffrance». Il s'est rendu avec ses homologues polonais et baltes dans cette localité qui a été le théâtre d'exactions présumées lorsqu'elle a été occupée par les Russes.
Redditions à Marioupol
Le même jour, le ministère russe de la défense a annoncé la reddition de 1026 soldats ukrainiens à Marioupol. Selon lui, ces membres de la 36e brigade d'infanterie de marine «ont volontairement déposé les armes et se sont rendus», dont 150 étaient blessés et ont été pris en charge.
La prise de cette cité serait une victoire importante pour les Russes: elle leur permettrait de consolider leurs gains territoriaux côtiers le long de la mer d'Azov en reliant le Donbass, en partie contrôlée par leurs partisans, à la Crimée que Moscou a annexée en 2014.
Si certains experts militaires jugent sa chute inévitable, des militaires ukrainiens continuent de résister aux Russes. Les combats se concentrent désormais dans la gigantesque zone industrielle de cette ville dont 20'000 à 22'000 des habitants ont au total péri d'après Pavlo Kirilenko, le gouverneur ukrainien de la région de Donetsk.
Les bombardements aériens russes sur Marioupol se poursuivaient, visant notamment le port et le vaste complexe métallurgique Azovstal, selon l'armée de terre ukrainienne. Sur place, des journalistes de l'AFP embarqués avec les forces russes ont vu les ruines calcinées de cette ville que Kiev dit «détruite à 90%».
Depuis le début de la semaine circulent des rumeurs, jusqu'ici non confirmées, d'emploi d'armes chimiques par les Russes à Marioupol. Selon le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, «les forces russes pourraient (y) utiliser (...) notamment du gaz lacrymogène mélangé avec des agents chimiques», y compris contre des civils. Moscou affirme de son côté que «la menace de terrorisme chimique» vient des Ukrainiens.
Poussée dans le Donbass
Les bombardements se poursuivent aussi dans l'est de l'Ukraine. Kiev a appelé la population de ces régions à fuir au plus vite de peur d'une grande offensive russe imminente pour le contrôle total du Donbass.
Le chef d'une des deux «républiques» séparatistes prorusses, Léonid Passetchnik, a affirmé mercredi que ses troupes contrôlaient désormais «80 à 90%» de la région de Lougansk, l'une des cibles prioritaires du Kremlin.
Dans ce contexte, l'Ukraine a annoncé qu'elle n'ouvrirait aucun couloir humanitaire mercredi car les Russes «ont bloqué des cars» et «violent le cessez-le-feu» dans certaines zones, ce qui rend la situation «dangereuse».
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a de son côté affirmé qu'un «cessez-le-feu général» à des fins humanitaires «ne (semblait) pas possible actuellement» en Ukraine.
Cadavres
Autour de Kiev comme ailleurs, les autorités ukrainiennes disent continuer de trouver des cadavres chaque jour dans les zones dont les forces russes se sont retirées fin mars. Le parquet général a ainsi affirmé que des militaires russes ont fusillé sept personnes dans une maison d'un village voisin de Kherson (sud). Ils ont ensuite fait exploser la maison pour dissimuler leur crime.
A Dnipro (est), le maire-adjoint Mikhaïl Lyssenko a annoncé que les corps de plus de 1500 soldats russes que «personne ne veut récupérer» reposaient dans des morgues. Le Kremlin a récemment admis des «pertes importantes», après avoir reconnu fin mars la mort de 1351 soldats pour 3825 blessés, les premiers chiffres fournis publiquement en plus de trois semaines.
Accusant l'Ukraine de tirs et de sabotages sur le territoire russe, l'armée de Moscou a menacé de frapper des centres de commandement à Kiev, «ce qu('elle) s'est retenue de faire jusqu'à présent».
Dans le même temps, à Tchernobyl, les autorités ont regretté ne pas pouvoir rétablir les moyens de surveillance de la radioactivité car «les serveurs qui gèrent ces informations ont disparu» à la suite de l'occupation russe de ce site nucléaire du nord de l'Ukraine.
Aide américaine
A Washington, Joe Biden a accusé mardi, pour la première fois, Vladimir Poutine de «génocide» en Ukraine. Ce terme, jugé «inacceptable» par Moscou, a été repris par le premier ministre canadien Justin Trudeau, mais ni par Emmanuel Macron, ni par le chancelier allemand Olaf Scholz ni par Antonio Guterres. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a jugé «très blessant» le refus du chef de l'Etat français.
Mercredi, le locataire de la Maison blanche a annoncé à M. Zelensky une nouvelle aide militaire des Etats-Unis de 800 millions de dollars. Cette aide comprend notamment des équipements lourds, selon un communiqué de la Maison Blanche.
Le président ukrainien continue de réclamer «de toute urgence plus d'armes lourdes» pour «éviter davantage d'atrocités russes». Il souhaite toujours instamment la visite de M. Scholz, dont il attend rapidement des livraisons de telles armes, a affirmé mercredi un de ses conseillers.