«Insulte à l'humanité» Le point sur la guerre en Ukraine 

ATS

8.4.2022 - 01:17

Les autorités ukrainiennes s'efforçaient vendredi d'évacuer les civils des régions de l'est, menacées par un assaut russe. La capitale Kiev s'apprête elle à recevoir la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le chef de la diplomatie de l'UE.

Le chef de l'OMS se dit scandalisé par la poursuite des attaques contre les services de santé en Ukraine, comme celle perpétrée contre une maternité à Marioupol (archives).
Le chef de l'OMS se dit scandalisé par la poursuite des attaques contre les services de santé en Ukraine, comme celle perpétrée contre une maternité à Marioupol (archives).
ATS

Avec le retrait des troupes russes de la région de Kiev, les autorités ukrainiennes constatent la véritable étendue des dégâts. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que les destructions à Borodianka, près de Kiev, étaient pires par rapport à Boutcha, où les images de cadavres dans les rues ont suscité une indignation internationale. «Il y a plus de victimes», a-t-il ajouté.

Vingt-six corps ont déjà été extraits par les secouristes ukrainiens des décombres de deux immeubles d'habitation à Borodianka, au nord-ouest de Kiev, a annoncé la procureure générale de l'Ukraine Iryna Venediktova.

Appel aux Ukrainiens de l'est

Mais c'est aussi à l'est du pays, désormais cible prioritaire de Moscou, que l'attention se porte. Le porte-parole du Kremlin a reconnu jeudi que les forces russes avaient déjà subi dans cette région «des pertes militaires importantes», évoquant une «immense tragédie».

Redoutant une offensive contre ces régions, les autorités ukrainiennes ont à nouveau appelé la population civile à les quitter. Les forces russes ont «endommagé la voie ferrée à Shastya. Désormais, l'évacuation aura lieu uniquement par bus», a indiqué le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï.

«Toutes les horreurs que nous avons connues risquent d'empirer. Ne vous condamnez par à la mort vous-mêmes! Partez! Les prochains jours seront la dernière chance» pour une évacuation, a-t-il lancé sur Facebook.

Et a Donestk, le chef de l'administration militaire régionale Pavel Kirilenko a indiqué que trois trains d'évacuation avaient été immobilisés temporairement après une frappe russe contre une voie ferrée.

Un autre appel concernait la ville de Severodonetsk, la plus à l'est tenue par les forces ukrainiennes, pilonnée par les troupes russes. «Cela tombe de partout. Ce n'est plus possible», a raconté à l'AFP Denis, un quadragénaire pâle comme un linge, le visage émacié, à qui on donnerait la soixantaine.

Charbon russe visé

Un «grand nombre» d'évacués sont déjà arrivés à Dnipro, a annoncé jeudi le maire de cette ville industrielle d'un million d'habitants sur le Dniepr, le fleuve qui marque la limite des régions orientales du pays.

Accusée de «crimes de guerre» en Ukraine, la Russie a fait l'objet jeudi d'un embargo de l'UE sur son charbon, la première fois que les Européens frappent le secteur énergétique russe, dont ils sont très dépendants. L'UE importe 45% de son charbon de Russie pour une valeur de 4 milliards d'euros par an. Cet embargo entrera en vigueur au début août.

Bruxelles prévoit l'interdiction d'exportations vers la Russie à hauteur de 10 milliards d'euros, de nouvelles sanctions contre des banques russes ainsi que la fermeture des ports européens aux navires russes. Parallèlement, l'UE est prête à débloquer 500 millions d'euros de plus pour financer des armes pour l'Ukraine.

De leur côté les pays du G7 ont annoncé de nouvelles sanctions, dont une interdiction de tout nouvel investissement dans des secteurs clefs de la Russie. Washington a ouvert la voie à des droits de douane punitifs contre la Russie et le Bélarus, en leur révoquant jeudi le statut commercial par un vote au congrès.

«Insulte à l'humanité»

Dans un communiqué, le président américain Joe Biden a estimé que «les mensonges de la Russie ne tiennent pas face aux preuves incontestables de ce qui se passe en Ukraine». Les indications de viols, de tortures, d'exécutions sont une «insulte à l'humanité», a-t-il ajouté.

Ces initiatives font suite à la vague d'indignation après la découverte de dizaines de morts, portant des vêtements civils et pour certains les mains attachées dans le dos, dans les zones d'où s'est retirée l'armée russe et notamment à Boutcha, près de Kiev.

L'Ukraine et ses soutiens accusent les troupes russes d'être responsables de ces «crimes de guerre». La Russie dément toute exaction, dénonçant une «provocation» ukrainienne.