MigrationsLa cheffe de l'OIM contre la «normalisation» des décès en mer
sn, ats
2.10.2023 - 10:55
La nouvelle directrice générale de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) Amy Pope veut lutter contre ceux qui pensent que les décès en Méditerranée sont devenus «banals». Lundi à Genève, elle a dit le besoin d'aider les pays vulnérables face au climat.
Keystone-SDA, sn, ats
02.10.2023, 10:55
02.10.2023, 15:36
ATS
«Nous devons changer les discours» et l'UE a un rôle, a affirmé à la presse Mme Pope, première femme à diriger l'OIM, au début de son mandat de cinq ans. «Ce sont des êtres humains dont nous parlons», dit-elle également.
Samedi, le patron du réseau social X (ex-Twitter) Elon Musk avait ciblé le soutien au sauvetage en Méditerranée. «Je me garderai bien d'entrer dans un conflit direct avec Elon Musk», s'est contentée de répondre, prudente, Mme Pope, une proche du président américain Joe Biden.
Ces dernières semaines, un nombre important d'arrivées depuis le nord de l'Afrique vers le continent européen a provoqué un durcissement de l'approche de certains gouvernements. Les Etats européens ont appelé à une approbation rapide du pacte migratoire qui prévoit une réforme du système d'asile, mais les négociations restent ardues.
Mme Pope se rendra à Bruxelles prochainement, juste après son premier voyage officiel dans l'Est de l'Afrique pour rencontrer notamment les dirigeants de l'Union africaine (UA) face au nombre «extrêmement significatif» de déplacements vers le sud. Elle appelle à davantage de voies «régulières» pour les migrants et à aider les pays d'où partent ces personnes, notamment en travaillant sur les raisons qui les poussent à partir.
Appel à collaborer au secteur privé
«Nous avons cette discussion depuis des années. Mais la différence est que les 30 principales économies font face à une pénurie de main d'oeuvre», insiste-t-elle. «S'il n'y avait pas de possibilités économiques, ces personnes ne viendraient pas», ajoute-t-elle.
De même, l'intelligence artificielle (IA) ne peut s'aligner sur les besoins de nombreuses entreprises et «ne remplacera jamais» entièrement les êtres humains, insiste Mme Pope. Et de dire que le secteur privé, avec lequel elle veut établir des partenariats, doit lui aussi oeuvrer à de meilleures conditions pour les migrants. Il faut davantage de protection et moins d'exploitation, affirme la directrice générale.
Autre raison de voir les bienfaits des migrations, une approche «sûre», légale" et «régulière» doit aussi contribuer à éviter d'étouffer un système de demande d'asile pour les personnes qui n'y ont pas droit, selon elle.
Il en va de même entre le sud et le nord du continent américain où la situation est différente par rapport aux dernières années, ajoute la directrice générale. Le type de personnes qui se déplacent et leur nombre a changé.
Anticipation des migrants climatiques
Plus largement, alors que des centaines de millions de personnes sont vulnérables face au changement climatique, Mme Pope appelle à anticiper les effets des désastres dans les pays de départ en aidant les communautés. Une meilleure utilisation des données doit permettre de prévoir les déplacements ou l'assistance à mener.
Mme Pope admet que les mécanismes de protection des données ne sont pas encore suffisants. «Il faut davantage de travail», fait-elle remarquer.
Ex-numéro deux de l'OIM, la directrice générale avait été élue en mai dernier par les Etats membres de l'organisation contre le sortant, le Portugais Antonio Vitorino, au terme d'une campagne agressive. La Maison Blanche avait mis tout son poids pour récupérer un mandat traditionnellement rempli par un ressortissant américain. De quoi fâcher les Européens qui y ont vu un assaut par un allié.