Chine – Taïwan La Chine s'attaque au tourisme vers Taïwan

ATS

31.7.2019 - 15:10

La Chine continentale permettait depuis quelques années aux habitants de 47 villes de demander des laissez-passer afin de se rendre à Taïwan en tant que touriste individuel (archives).
La Chine continentale permettait depuis quelques années aux habitants de 47 villes de demander des laissez-passer afin de se rendre à Taïwan en tant que touriste individuel (archives).
Source: KEYSTONE/EPA/DAVID CHANG

La Chine sort l'arme du tourisme face à Taïwan: elle va interdire dès jeudi à ses citoyens de se rendre sur l'île en voyage individuel. Le parti au pouvoir sur le territoire insulaire a dénoncé une «pression politique».

Le ministère chinois de la Culture et du Tourisme a annoncé mercredi sur son site internet qu'il «suspendrait» à partir du 1er août la délivrance de laissez-passer aux touristes individuels «en raison des relations actuelles entre les deux rives».

Les tensions sont vives entre la Chine continentale et la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen. Celle-ci refuse depuis son arrivée au pouvoir en 2016 de reconnaître le principe de l'unité de l'île et du continent au sein d'une même Chine comme le réclame Pékin.

Economie taïwanaise mal en point

La République populaire de Chine considère Taïwan comme une de ses provinces. Mais le territoire est dirigé par un régime rival qui s'y était réfugié après la prise du pouvoir des communistes sur le continent en 1949, à l'issue de la guerre civile chinoise.

En ciblant le tourisme, Pékin semble vouloir frapper une économie taïwanaise déjà mal en point et ainsi déstabiliser Tsai Ing-wen, dont la formation (PDP, Parti démocratique progressiste) milite traditionnellement pour l'indépendance de l'île.

Mme Tsai espère être réélue lors de la prochaine présidentielle, en janvier 2020. Elle aura comme principal adversaire Han Kuo-yu, le candidat du Kuomintang (KMT). Ce parti plaide pour un rapprochement pragmatique avec la Chine continentale.

«Régime autoritaire»

«Avec cette mesure (de suspension), Pékin espère retourner les professionnels (taïwanais) du tourisme, des voyages et de la restauration contre la présidente», déclare J. Michael Cole, un spécialiste de Taïwan à l'université de Nottingham (Angleterre). «On peut s'attendre à l'espoir d'une reprise (des voyages) si Han Kuo-yu est élu en janvier», note-t-il.

Après l'annonce surprise de Pékin mercredi, les réactions n'ont pas tardé à Taïwan. Le bureau du Tourisme a dit «déplorer» la suspension des voyages, espérant leur «reprise rapide», arguant qu'ils «ne devaient pas être entravés par des facteurs politiques».

«Taïwan ne cèdera pas à cette pression politique et ouvrira grands les bras à un plus grand nombre de touristes en provenance d'un plus grand nombre de pays», a dénoncé le PDP dans un communiqué, fustigeant «le régime autoritaire» de Pékin.

Mesure «inutile»

Han Kuo-yu, le rival de la présidente taïwanaise, a lui-même dénoncé dans un communiqué une mesure «inutile» qui va «créer des entraves superflues» aux échanges humains.

La Chine continentale permettait depuis quelques années aux habitants de 47 villes de demander des laissez-passer afin de se rendre à Taïwan en tant que touriste individuel. Auparavant, les Chinois devaient obligatoirement faire partie d'un groupe. Un mode de voyage encore très prisé, notamment des touristes les plus âgés.

Peuplé d'environ 23 millions de personnes, en très grande majorité d'ethnie chinoise han comme en Chine continentale, Taïwan n'est pas reconnu comme un Etat indépendant par l'ONU. Et Pékin menace régulièrement de recourir à la force en cas de proclamation formelle d'indépendance à Taipei.

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