Le gouvernement israélien fait face lundi à des divisions internes pour faire passer une mesure controversée interdisant l'octroi de la citoyenneté aux conjoints palestiniens d'Arabes israéliens. Le Premier ministre Naftali Bennett souhaite voir cette mesure renouvelée.
Les députés du Parlement (Knesset) ont jusqu'à mardi minuit (heure locale) pour adopter la prolongation de cette disposition, à défaut de quoi elle ne sera plus en vigueur. Les Palestiniens ayant épousé des Arabes israéliens pourront alors demander la nationalité israélienne.
Depuis sa première adoption en juillet 2003 pendant la deuxième Intifada (soulèvement palestinien), cette mesure dite de «la citoyenneté» a été sans cesse renouvelée par la Knesset. Les autorités ont avancé des justifications sécuritaires.
Cette année, la mesure est portée par la ministre de l'Intérieur Ayelet Shaked, issue du nouveau gouvernement israélien qui a écarté du pouvoir mi-juin l'ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu après douze ans de règne ininterrompu.
Cette alliance hétéroclite, qui va de la droite à la gauche, en passant par l'appui d'un parti arabe, est composée de 61 députés et menée par le nouveau Premier ministre Naftali Bennett.
Besoin des voix de l'opposition
M. Bennett et ses alliés de droite au gouvernement souhaitent que la mesure soit reconduite: il faut pour cela la voix de 61 députés. Or, leur coalition se divise à son sujet: deux partis (Meretz, extrême-gauche et Raam, islamiste) de l'alliance ont déjà indiqué qu'ils voteraient contre une disposition considérée comme discriminatoire envers la minorité arabe d'Israël (20% de la population).
Pour que la loi passe, M. Bennett doit donc espérer obtenir les voix de groupes opposés au gouvernement, dont le Likoud de son ancien allié Benjamin Netanyahu. Mais parmi les députés de l'opposition, certains – comme l'ex-Premier ministre – ont d'ores et déjà déclaré qu'ils voteraient contre la loi à laquelle ils devraient pourtant être favorables par alignement de valeurs.
«L'opposition aussi doit faire preuve de responsabilité nationale», a déclaré Naftali Bennett lundi, exhortant ces groupes à le soutenir. «Il y a des choses avec lesquelles on ne joue pas. La sécurité de l'Etat est une ligne rouge, et l'Etat a besoin de contrôler qui entre et qui obtient la citoyenneté.»
«Je ne demande pas l'impossible»
Des dizaines d'Arabes israéliens ont manifesté lundi devant la Knesset pour protester contre cette loi, qui complique selon eux les démarches et la vie des Palestiniens dont les conjoints sont israéliens.
«Je ne demande pas l'impossible» déclare à l'AFP Ali Meteb, un Arabe israélien dont la femme est palestinienne. «Je demande les droits que l'Etat nous doit (...): que ma femme ait une carte d'identité israélienne, des droits de résidence et la liberté de mouvement», ajoute l'homme de 47 ans.
De nombreuses demandes d'obtention de la citoyenneté israélienne émanent des conjoints palestiniens d'Arabes israéliens, originaires de Cisjordanie – territoire occupé par Israël depuis 1967 – ou de la bande de Gaza, une enclave surpeuplée au sud d'Israël.