La justice congolaise a annulé la condamnation à trois ans de prison à l'encontre de l'opposant en exil Moïse Katumbi, a indiqué vendredi son avocat. L'ex-gouverneur du Katanga peut désormais rentrer «en homme libre» en République démocratique du Congo (RDC).
«Par son arrêt rendu mercredi, la Cour de cassation a annulé la décision du tribunal de paix de Lubumbashi condamnant Moïse Katumbi à trois ans de prison avec arrestation immédiate, ouvrant la voie à son retour», a déclaré Me Joseph Mukendi.
Une juge en fuite
Allié puis adversaire de l'ex-président Joseph Kabila, l'ancien gouverneur du Katanga minier était poursuivi depuis 2016 dans une affaire de spoliation immobilière dont il niait tout fondement. Il avait quitté la RDC en mai 2016 pour l'Afrique du Sud puis la Belgique, pour des raisons de santé. Il avait été ensuite condamné en juin.
La juge qui avait prononcé sa condamnation avait fui en France où elle avait reconnu qu'elle avait agi sous contrainte du pouvoir pro-Kabila.
Dans son arrêt, la Cour de cassation évoque «un dol établi à charge» de la magistrate (le dol est en droit un agissement trompeur, une volonté de nuire).
Candidature interdite
Cette condamnation et cet exil de fait avaient empêché M. Katumbi de se présenter à la présidentielle du 30 décembre 2018. Début août, il avait affirmé avoir été empêché de rentrer en RDC alors qu'il s'est présenté à deux reprises aux postes-frontières de Kasumbelesa (sud-est).
Riche homme d'affaires, patron du TP Mazembe de Lubumbashi, gloire du football africain, M. Katumbi avait finalement soutenu et financé la campagne de l'opposant Martin Fayulu. Juste avant l'élection, Joseph Kabila avait qualifié M. Katumbi de «Judas».
Un autre opposant, Félix Tshisekedi, a finalement été proclamé vainqueur de l'élection présidentielle. M. Fayulu, revendique toujours la victoire avec 60% des voix.
Principal adversaire du régime Kabila, M. Katumbi était également poursuivi pour recrutement présumé de mercenaires américains. Une audience prévue en octobre n'a jamais eu lieu. En 2018, le gouvernement congolais l'avait aussi accusé d'avoir usurpé la nationalité congolaise. Depuis, l'opposant s'est fait délivrer son passeport congolais.
M. Katumbi avait signé son acte de rupture politique avec M. Kabila en septembre 2015. Il avait alors accusé l'ancien président de multiplier les manoeuvres pour demeurer au pouvoir au-delà de la fin de son deuxième et dernier mandat le 20 décembre 2016. M. Katumbi avait alors annoncé qu'il serait candidat à la prochaine présidentielle en RDC.
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