GouvernementLa Cour suprême pakistanaise annule la dissolution du Parlement
ATS
7.4.2022 - 23:02
La Cour suprême du Pakistan a annulé jeudi la dissolution de l'Assemblée nationale. Elle a ordonné que la chambre procède au vote sur la motion de censure présentée par l'opposition contre le Premier ministre Imran Khan, ce qui pourrait lui coûter son poste.
Keystone-SDA
07.04.2022, 23:02
08.04.2022, 08:35
ATS
La plus haute instance judiciaire du pays a considéré comme «contraire à la Constitution et sans effet légal» le refus du vice-président de l'Assemblée nationale, un fidèle de M. Khan, de soumettre dimanche cette motion au vote, ce qui avait permis au chef du gouvernement d'éviter d'être renversé.
L'opposition avait annoncé avoir rallié suffisamment de voix pour faire perdre sa majorité parlementaire à l'ancienne star du cricket qui avait remporté les élections en 2018. Mais elle avait été surprise par la manoeuvre de dernière minute du vice-président de l'Assemblée, qui avait jugé la motion inconstitutionnelle car résultant d'une «ingérence étrangère».
Washington mis en cause
Imran Khan, 69 ans, avait accusé à plusieurs reprises ces derniers jours les Etats-Unis de s'immiscer dans les affaires intérieures du pays avec la complicité de l'opposition, dont il a dénoncé la traîtrise.
Il leur reprochait de vouloir obtenir son départ, en raison de son refus de s'aligner sur les positions américaines concernant la Russie et la Chine. Washington a nié toute implication.
M. Khan a ensuite obtenu dimanche du président de la République, Arif Alvi, un autre de ses alliés, la dissolution de l'Assemblée, ce qui devait entraîner automatiquement la convocation de législatives anticipées sous 90 jours. Il n'y aura donc pas d'élections dans l'immédiat après le jugement de la Cour suprême et M. Khan semble désormais n'avoir aucune chance de survivre à la motion de censure.
Crises politiques à répétition
«Cette décision a sauvé le Pakistan et sa Constitution. Elle a accru l'honneur et la dignité de la Cour», a réagi le chef de l'opposition à l'Assemblée, Shehbaz Sharif. Le leader de la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N) est pressenti pour devenir Premier ministre si la motion de censure est approuvée.
Le Pakistan, une république islamique de 220 millions d'habitants dotée de l'arme nucléaire, est habitué aux crises politiques. Aucun Premier ministre n'est jamais allé au bout de son mandat dans ce pays qui, depuis son indépendance en 1947, a connu quatre putschs militaires réussis et au moins autant de tentatives de coups d'Etat, et a passé plus de trois décennies sous un régime militaire.