Italie La démission de Giuseppe Conte plonge l'Italie dans l'incertitude

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26.1.2021 - 20:59

Le Premier ministre italien Giuseppe Conte a présenté mardi sa démission faute de majorité au Parlement. Il va désormais tenter de former un nouveau gouvernement à un moment très délicat pour l'Italie, confrontée à une double crise économique et sanitaire.

e Premier ministre italien Giuseppe Conte a présenté mardi sa démission faute de majorité au Parlement.
e Premier ministre italien Giuseppe Conte a présenté mardi sa démission faute de majorité au Parlement.
KEYSTONE

Le deuxième gouvernement formé en septembre 2019 par Giuseppe Conte – une coalition entre le PD (centre-gauche) et le Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème à l'origine) – est arrivé mardi à son terme après 509 jours d'existence. M. Conte a été reçu en milieu de journée par le président Sergio Mattarella, qui «a invité le gouvernement à rester en fonction pour gérer les affaires courantes».

M. Mattarella a précisé dans la soirée qu'il mènera des consultations avec tous les principaux responsables politiques italiens, de mercredi à vendredi après-midi, pour chercher une solution à la crise.

Giuseppe Conte avait présidé dans la matinée un conseil des ministres pour informer son gouvernement de sa démission imminente. Il avait pris acte lundi de l'impossibilité de trouver une nouvelle majorité parlementaire après la défection du petit parti Italia Viva, dirigé par l'ex-chef du gouvernement Matteo Renzi.

Consultations tous azimuts

M. Conte espère néanmoins obtenir un nouveau mandat du chef de l'Etat pour tenter de former un gouvernement et mettre en oeuvre un plan de plus de 200 milliards d'euros censé relancer le moteur de la troisième économie de la zone euro, refroidi par la pandémie qui a fait plus de 85'000 morts dans le pays.

Il devrait lancer rapidement des consultations tous azimuts avec les partis politiques, une chasse au consensus qui s'annonce ardue. Car le chef du gouvernement – un avocat et professeur de droit très proche du M5S, tombé dans la marmite politique un peu par hasard en 2018 – a anticipé en démissionnant un désaveu qui se profilait au Sénat mercredi.

Les sénateurs devaient se prononcer sur un train de réformes de la justice, mais ce vote s'annonçait de fait comme un référendum contre le gouvernement.

Stratégie post-Covid

La crise politique a débuté le 13 janvier lorsque Matteo Renzi a retiré son parti de la coalition au pouvoir après des semaines de critiques sur la gestion de la crise sanitaire et les plans de dépenses économiques de M. Conte.

«Le pays traverse un moment vraiment très difficile (...) qui demande une perspective claire et un gouvernement ayant une majorité plus large et sure», a écrit M. Conte dans la soirée sur son compte Facebook.

«Ma démission est au service de cette possibilité: la formation d'un nouveau gouvernement qui puisse offrir une perspective de salut national» avec une base «clairement loyale aux idéaux européens», a-t-il poursuivi.

«La crise politique italienne pourrait affecter ses efforts pour décider et mettre en oeuvre une stratégie de croissance post-Covid», a estimé mardi l'agence de notation Fitch. «Avec un gouvernement qui a démissionné, tout sera plus lent et plus difficile», a d'ailleurs mis en garde le chef de la diplomatie Luigi Di Maio, l'un des poids lourds du M5S.

En position de faiblesse, M. Conte avait déjà dû se présenter devant le Parlement la semaine dernière pour un vote de confiance des deux chambres. Facile à la chambre basse, le vote au Sénat avait été remporté de justesse à la majorité relative.

Acculé, M. Conte a été forcé de constater qu'il ne rallierait pas suffisamment de parlementaires indépendants ou dissidents pour rester au pouvoir.

Elargir ou partir

«Le calcul de Conte, c'est qu'en prenant les devants, et donc en évitant une défaite humiliante au Sénat, il augmentera ses chances d'obtenir de Mattarella un mandat pour former un nouveau gouvernement», analyse Wolfango Piccoli, du cabinet d'études Teneo.

Mais si M. Conte pourra offrir de nouveaux fauteuils ministériels en monnaie d'échange, la difficulté d'élargir sa majorité reste entière. En cas d'échec, il devra prendre définitivement la porte.

Et ses soutiens actuels, notamment le patron du PD Nicola Zingaretti et Luigi Di Maio, seraient contraints de le lâcher et de chercher un autre poulain pour former un gouvernement.

Reste l'hypothèse de la convocation de nouvelles élections. Une perspective à haut risque pour le gouvernement de centre-gauche: selon les sondages, la victoire reviendrait au bloc formé par l'extrême droite (la Ligue de Matteo Salvini et le parti Fratelli d'Italia) et la droite (Forza Italia de Silvio Berlusconi) qui ne cesse de réclamer un retour anticipé aux urnes.

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