Rafah La Défense civile de Gaza annonce 40 morts dans une frappe

ATS

27.5.2024 - 14:37

La Défense civile de Gaza a fait état lundi de 40 morts à la suite d'une frappe israélienne nocturne qui a mis le feu à des tentes occupées par des Palestiniens déplacés dans un camp à Rafah. L'attaque a provoqué des condamnations à l'étranger.

Des survivants devant les dégâts de nouvelles frappes israéliennes sur Rafah qui ont fait au moins quarante victimes, selon le Hamas, lundi.
Des survivants devant les dégâts de nouvelles frappes israéliennes sur Rafah qui ont fait au moins quarante victimes, selon le Hamas, lundi.
ATS

Keystone-SDA

L'armée israélienne a dit avoir mené une frappe aérienne ciblant deux hauts responsables du Hamas tard dimanche, et qu'elle enquêtait sur les informations faisant état de civils tués dans un incendie.

L'attaque à Rafah, où Israël a lancé des opérations au sol le 7 mai en dépit des inquiétudes exprimées au sein de la communauté internationale par crainte pour la population civile, a été dénoncée notamment par l'Egypte et le Qatar, médiateurs dans les efforts diplomatiques pour parvenir à un cessez-le-feu dans la guerre dévastatrice déclenchée il y a bientôt huit mois.

Après la frappe, la Défense civile palestinienne a fait état de nombreux corps «carbonisés» dans un incendie qui a ravagé le camp de déplacés de Barkasat, géré par l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), dans le nord-ouest de Rafah.

«Le massacre commis par l'armée d'occupation israélienne dans les tentes de réfugiés (...) a fait 40 'martyrs' et 65 blessés», a déclaré à l'AFP Mohammed al-Mughayyir, un responsable de la Défense civile dans la bande de Gaza.

«Nous avons vu des corps carbonisés, démembrés... Nous avons également vu des cas d'amputations, des enfants blessés, des femmes et des personnes âgées», a-t-il ajouté.

Des images du Croissant-Rouge palestinien ont montré des scènes de chaos, des ambulances toutes sirènes hurlantes et des secouristes en pleine nuit sur un site en feu, évacuant les blessés parmi lesquels des enfants.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a indiqué qu'un de ses hôpitaux de campagne recevait un «afflux de blessés venus se soigner pour des brûlures» et que «nos équipes font de leur mieux pour sauver des vies».

Des images de l'AFP au petit matin montrent les restes carbonisés de tentes de fortune et de véhicules, des familles constatant un paysage noirci autour d'elles.

Pénuries

M. Mughayyir a souligné des grosses difficultés dans les efforts de sauvetage en raison de la pénurie provoquée par le siège israélien. «Il y a une pénurie de carburant (...) des routes ont été détruites, ce qui entrave le mouvement des véhicules de la Défense civile». «Il y a aussi une pénurie d'eau pour éteindre les incendies», a-t-il encore dit.

L'armée israélienne a dit avoir mené une frappe aérienne sur «un complexe du Hamas à Rafah dans lequel opéraient d'importants terroristes», dont deux responsables du mouvement en Cisjordanie, Yacine Rabia et Khaled Nagar, ont été tués.

La frappe est intervenue quelques heures après le tir de huit roquettes sur Tel-Aviv depuis Rafah, pour la première fois en plusieurs mois, l'armée israélienne disant en avoir intercepté «un certain nombre». La branche armée du Hamas a dit avoir tiré «un important barrage de roquettes en réponse aux massacres sionistes contre les civils».

Droit international violé

La Jordanie a fermement condamné les «crimes de guerre en cours». Elle estime que la frappe israélienne «défie les décisions de la CIJ et constitue une grave violation du droit international et du droit international humanitaire».

Vendredi, la Cour internationale de justice (CIJ) avait ordonné à Israël de suspendre ses opérations à Rafah, qui ont poussé en près de trois semaines selon l'ONU quelque 800'000 à la fuite dont beaucoup déjà plusieurs fois déplacés par la guerre.

Médiateur clé avec le Qatar et les Etats-Unis, l'Egypte a condamné un «bombardement délibéré des forces israéliennes sur des tentes de déplacés» à Rafah, appelant Israël à «mettre en oeuvre les mesures édictées par la CIJ».

Le Qatar a prévenu que les frappes israéliennes à Rafah pourraient «compliquer les efforts de médiation, appelant «la communauté internationale à agir de toute urgence pour empêcher un génocide et protéger les civils».

«Justice»

L'Arabie saoudite a également condamné «dans les termes les plus fermes la poursuite des massacres». Le Koweït a dénoncé des «crimes de guerre flagrants».

De son côté, le président français, Emmanuel Macron, s'est dit «indigné», et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, a promis que son pays ferait «tout son possible pour que les autorités israéliennes «barbares rendent des comptes».

Lundi, l'armée israélienne a dit avoir mené au cours des 24 dernières heures, des frappes aériennes ayant touché et détruit «plus de 75 cibles terroristes» à travers la bande de Gaza.

Après près de huit mois de guerre, la pression monte sur Israël et l'ONU prévient d'une famine imminente dans la bande de Gaza assiégée, où la plupart des hôpitaux ne fonctionnent plus.

Mardi, l'Espagne, la Norvège et l'Irlande vont reconnaître l'Etat de Palestine, une annonce faite la semaine dernière qui avait suscité la colère d'Israël.

Le ministère israélien des Affaires étrangères a annoncé lundi «des mesures punitives» à l'encontre du consulat d'Espagne à Jérusalem lui ordonnant de cesser ses services aux Palestiniens à partir du 1er juin.

Dizaines de milliers de morts

La guerre a été déclenchée par une attaque menée le 7 octobre sur le sol israélien par des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza, entraînant la mort de plus de 1170 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

Ce jour-là, 252 personnes ont été emmenées comme otages dans le territoire palestinien, dont 121 sont toujours retenus à Gaza, y compris 37 qui sont morts, selon l'armée.

Les représailles d'Israël, qui dit vouloir anéantir le Hamas, ont fait au moins 36'050 morts dans la bande de Gaza, essentiellement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.