Baisse du cheptelÉmissions de gaz à effet de serre : La France devra réduire le nombre de ses vaches
ATS
22.5.2023 - 23:16
La France, premier producteur européen de viande bovine et deuxième troupeau laitier derrière l'Allemagne, devrait «définir et rendre publique une stratégie de réduction» du nombre de ses vaches, pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre, estime la Cour des comptes dans un rapport publié lundi.
Keystone-SDA
22.05.2023, 23:16
22.05.2023, 23:24
ATS
Ce rapport est publié le jour où la première ministre Elisabeth Borne dévoile un plan d'action gouvernemental évaluant les réductions de gaz à effet de serre par grand secteur de l'économie, et chiffrant l'effort pour l'agriculture avec en priorité une réduction de l'impact de l'élevage et des engrais azotés.
Bilan plombé par les rejets de méthane
La France compte environ 17 millions de têtes de bovins. Or l'élevage bovin compte pour 11,8% des émissions du pays. «Le bilan de l'élevage bovin pour le climat est défavorable», écrit la Cour des comptes dans un rapport sur les soutiens publics aux éleveurs de bovins.
La Cour précise que la séquestration de carbone par les prairies où pâturent les bêtes est «loin de compenser les émissions» de l'élevage.
Le bilan de l'élevage est principalement plombé par les rejets de méthane: la production de ce gaz au pouvoir très réchauffant – issu de la digestion des ruminants et de leurs déjections – représente 45% des émissions agricoles françaises.
Hypothèses
«Le respect des engagements de la France en matière de réduction des émissions de méthane (...) appelle nécessairement une réduction importante du cheptel», tranche l'institution qui demande au ministère de l'Agriculture de «définir et rendre publique» sa stratégie. La Cour note que le ministère lui a communiqué «ses hypothèses sur l'évolution du cheptel bovin» qui pourrait refluer à environ 15 millions de têtes en 2035 et 13,5 millions en 2050.
La baisse du cheptel a commencé (-10% en six ans). Mais «cette diminution reste subie et ne fait pas l'objet d'un véritable pilotage par l'Etat, au détriment des exploitants», observe la Cour.
«Mieux accompagner les éleveurs les plus en difficulté»
Pour l'institution, la baisse du cheptel n'entamerait pas la «souveraineté» de la France en matière de viande rouge à condition que les consommateurs suivent les recommandations des autorités de santé de ne pas en manger plus de 500 grammes par semaine (seuil actuellement dépassé par 28% des adultes).
Elle recommande en parallèle au ministère de «mieux accompagner les éleveurs les plus en difficulté» afin qu'ils puissent «se réorienter vers d'autres systèmes de production ou changer d'orientation professionnelle».