France La France face à «l'hydre islamiste»

ATS

8.10.2019 - 21:35

Le président français Emmanuel Macron a appelé mardi «la Nation tout entière» à «faire bloc» pour combattre «l'hydre islamiste». Il a rendu hommage aux quatre fonctionnaires tués jeudi par un de leurs collègues dans l'enceinte de la préfecture de Paris (PP).

Les enquêteurs ont entrepris d'analyser une clé USB retrouvée dans le bureau de l'auteur de l'attaque qui travaillait à la PP depuis 2003, dont le contenu suscite spéculations et inquiétudes. Selon une source proche de l'enquête, cette clé «contient des données informatiques en très grand nombre» et «des gens sont réquisitionnés dans tous les services (...) pour travailler sur les données».

Les enquêteurs s'emploient notamment à déterminer si des images de propagande du groupe Etat islamique (EI) qui s'y trouvent ainsi que des données relatives aux employés de la PP étaient liées à son activité professionnelle. «C'était un informaticien de l'anti-terro (...) Quand il faisait de la maintenance, il pouvait faire des copies du contenu des ordinateurs», rappelle une source.

Cet attentat sans précédent vaut au ministre de l'Intérieur Christophe Castaner une volée de critiques et plusieurs convocations au parlement. Le Premier ministre Edouard Philippe est une nouvelle fois venu à son secours mardi. Il a affirmé à l'Assemblée nationale «assumer, au nom du gouvernement, tout ce qui a été fait dans l'Etat» en matière de lutte antiterroriste.

«Société de vigilance»

Dans la matinée, face aux quatre cercueils alignés dans la cour de la Préfecture de police, Emmanuel Macron avait assuré qu'un «combat sans relâche» serait mené «face au terrorisme islamiste».

«Vos collègues sont tombés sous les coups d'un islam dévoyé et porteur de mort qu'il nous revient d'éradiquer», a lancé le chef de l'Etat à la centaine de personnes réunies dans un silence pesant. «La lumière sera faite, les interrogations levées, les responsabilités établies, la justice passera», a-t-il promis.

«Les institutions seules ne suffiront pas» à «venir à bout de l'hydre islamiste», a-t-il lancé. «C'est la Nation tout entière qui doit s'unir, se mobiliser pour agir», a-t-il dit, appelant à bâtir une «société de vigilance».

Auditions de Castaner

Cet hommage solennel n'a offert qu'un court répit à Christophe Castaner. Certains dans l'opposition, à droite et à l'extrême droite, ont exigé sa démission, exclue par l'intéressé qui a toutefois reconnu un «dysfonctionnement d'Etat».

Le ministre a été auditionné mardi matin par la délégation parlementaire, puis dans l'après-midi par la commission des lois de l'Assemblée nationale. Il sera également interrogé jeudi par la commission des lois du Sénat.

Le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand a également annoncé qu'il acceptait la demande des Républicains de création d'une commission d'enquête, qui se mettra au travail «dès la semaine prochaine».

«C'est bien fait»

Depuis l'attaque, de nombreuses voix accusent les autorités et cherchent à comprendre comment l'auteur de l'attaque a pu passer sous les radars. Selon le ministère, il avait donné des signes de possible radicalisation au sein même de la Direction du renseignement de la PP (DRPP) où il était employé.

Selon un rapport interne de la DRPP, cet homme habilité secret défense aurait déclaré à deux collègues «c'est bien fait», au sujet de l'attentat en janvier 2015 contre Charlie Hebdo. Mais ces derniers n'ont pas transmis de signalement écrit à leur hiérarchie.

«Si c'est le cas, c'est un dysfonctionnement sérieux, une faille grave», a estimé Christophe Castaner devant la commission des lois, déplorant également l'absence de suivi au moment du mariage de l'assaillant.

L'individu était converti à l'islam depuis une dizaine d'années et fréquentait des membres de la mouvance «islamiste salafiste», selon les enquêteurs qui s'interrogent aussi sur d'éventuels problèmes psychologiques vu son «comportement inhabituel et agité» la veille de l'attaque.

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