France La France manifeste tous azimuts

ATS

17.12.2019 - 23:57

Des centaines de milliers de personnes ont manifesté mardi en France contre la réforme des retraites, à l'appel pour la première fois de l'ensemble des syndicats. Ceux-ci sont invités à Matignon mercredi afin de trouver le chemin d'une sortie de crise avant Noël.

La CGT a annoncé dans un tweet un total de 1,8 million de manifestants dans tout le pays, soit plus que le 5 décembre où elle en avait dénombré 1,5 million. A l'inverse, selon le ministère de l'Intérieur, la mobilisation était moins forte avec 615'000 personnes dans les rues, contre 806'000 le 5 décembre.

A Paris, le cabinet Occurrence, mandaté par un collectif de médias dont l'AFP, a compté 72'500 manifestants, la préfecture de police 76'000 et la CGT 350'000. La journée est «un franc succès», s'était réjoui dès le début d'après-midi son leader, Philippe Martinez, estimant que «malgré les tentatives de division du gouvernement, la population reste mobilisée».

«Détermination totale»

Cheminots, enseignants, fonctionnaires, avocats, magistrats en grève, mais aussi des soignants qui réclament davantage de moyens pour l'hôpital: salariés du public et du privé ont gonflé les cortèges en cette nouvelle journée interprofessionnelle de protestation contre l'instauration d'un système universel de retraite par points.

«Ma détermination, celle du gouvernement, celle de l'ensemble de la majorité est totale» à mener à bien la réforme, a rappelé devant les députés le Premier ministre, Édouard Philippe.

«Services publics à l'agonie, Retraitez nous bien», ou «On révolte ceux que l'on saigne», pouvait-on lire sur les pancartes à Paris, où la manifestation a relié République et Nation. Quelques tensions ont eu lieu vers 18h00, lorsque les forces de l'ordre ont répliqué à des jets de projectiles par des tirs de lacrymogènes. Selon le parquet, 30 personnes étaient en garde à vue à 21h00.

Pas de trêve de Noël

La CGT, FO, la CFE-CGC, Solidaires et la FSU, qui réclament le retrait pur et simple du projet, ont lancé un «ultimatum» au gouvernement à l'issue d'une intersyndicale mardi soir, en décidant de nouvelles actions locales jeudi et jusqu'à la fin décembre, sans trêve de Noël, et en promettant «des suites» si le gouvernement ne répond pas «dans les heures qui viennent».

Dans les mêmes cortèges mais derrière leurs propres banderoles, la CFDT, la CFTC et l'Unsa réclamaient une amélioration du projet de fusion des 42 régimes existants en un système universel. Ils demandent surtout le retrait de l'«âge d'équilibre», qui doit atteindre 64 ans en 2027 afin de favoriser l'équilibre des comptes grâce à un dispositif de bonus-malus.

Une mesure «terriblement injuste» pour le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, présent sur la manifestation parisienne et qui a rapidement quitté les lieux. – «Faire bouger le gouvernement» -

Les cortèges étaient également nombreux en province avec par exemple 20'000 personnes à Marseille selon la préfecture, 200'000 selon les manifestants. «Oui à la réforme des retraites... des sénateurs», proclamait une pancarte à Lille, tandis qu'à Dijon, une autre implorait: «à Noël, ma belle-mère ne pourra pas venir, grévistes tenez bon !»

«Trève indispensable»

Une majorité de Français (62%) soutient le mouvement de grève selon un sondage Harris Interactive, mais 69% souhaiteraient une «trêve de Noël».

«Cette trêve est indispensable, les Français ont besoin de se reposer», a relevé sur France Inter Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, seule chargée du dossier depuis la démission lundi du haut-commissaire aux Retraites, Jean-Paul Delevoye.

En marge de la manifestation parisienne, les leaders politiques Jean-Luc Mélenchon (LFI), Olivier Faure (PS) et Julien Bayou (EELV) ont appelé le gouvernement à retirer sa réforme. «Le gouvernement est aujourd'hui ultra-minoritaire. Il n'y a plus un seul syndicat qui soutient sa réforme», a insisté Olivier Faure.

Liaisons garanties ce week-end

A la SNCF, pour le quatorzième jour de mobilisation mercredi, les prévisions de trafic sont en légère amélioration avec un TGV sur trois «en moyenne», un Transilien (RER SNCF, trains de banlieue) sur quatre en région parisienne, quatre TER sur 10 en régions. Le trafic restera «très perturbé» à la RATP mercredi avec notamment huit lignes de métro fermées.

La SNCF a toutefois assuré qu'elle aurait la capacité de transporter ce week-end tous les passagers ayant déjà réservé un billet de TGV pour le départ des congés de Noël, mais avec des changements d'horaires ou d'itinéraire dans la moitié des cas.

Concernant les liaisons avec la Suisse, Lyria a annoncé garantir tous les trains circulant du vendredi 20 au dimanche 22 décembre inclus au départ de Genève, Lausanne, Zurich et Bâle.

Coupures d'électricité

Des concertations doivent s'ouvrir mercredi après-midi à Matignon, où Édouard Philippe reçoit les organisations syndicales et patronales représentatives en rencontres bilatérales, avant une multilatérale jeudi.

Mardi, les actions ont aussi pris la forme de barrages filtrants, ports et raffineries bloqués, rassemblements de surveillants de prisons... Des coupures d'électricité, affectant parfois des foyers, notamment en Gironde et à Lyon, ont été revendiquées par la CGT du gestionnaire du réseau RTE.

Le mouvement a également touché les établissements scolaires, avec 25,05% de grévistes dans le primaire et 23,32% dans le secondaire, selon le ministère de l'Éducation (50% et 60% respectivement selon les syndicats).

Dans l'ensemble de la fonction publique, la participation à la grève a été de 9,74%, a précisé le secrétaire d'État, Olivier Dussopt. La Fonction publique d'Etat, qui englobe les enseignants, a été la plus mobilisée avec 15,7% de grévistes contre 10,33% le 10 décembre et 33% le 5 décembre.

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