Coup d'État La France suspend son aide au Niger, ultimatum de l'Union africaine

ATS

29.7.2023 - 21:42

La pression s'accroît sur les putschistes au Niger qui détiennent le président élu Mohamed Bazoum: après l'UE, la France a décidé samedi de suspendre ses aides et l'Union africaine (UA) leur a fixé un ultimatum de quinze jours pour rétablir l'ordre constitutionnel.

Les manifestations pro-putschistes désormais interdites, les habitants de la capitale ont repris leurs activités, mais la présence des Forces de défense et de sécurité (FDS) a été renforcée dans les rues (archives).
Les manifestations pro-putschistes désormais interdites, les habitants de la capitale ont repris leurs activités, mais la présence des Forces de défense et de sécurité (FDS) a été renforcée dans les rues (archives).
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En outre, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), à laquelle appartient le Niger, se réunit dimanche en «sommet spécial» à Abuja pour évaluer la situation, avec de probables sanctions à la clé.

La France a demandé samedi «le retour sans délai à l'ordre constitutionnel nigérien, autour du président Bazoum, élu par les Nigériens». Elle a annoncé la suspension de «toutes ses actions d'aide au développement et d'appui budgétaire».

L'Union européenne (UE) avait déclaré auparavant qu'elle «ne reconnaît pas» non plus les «autorités» issues du putsch et annoncé la suspension de «toutes ses actions de coopération dans le domaine sécuritaire».

Calme relatif

De son côté, l'Union africaine (UA) a fixé un ultimatum de quinze jours aux militaires pour rétablir «l'autorité constitutionnelle», a annoncé son Conseil de paix et de sécurité après une réunion vendredi.

A quelques jours de la fête de l'indépendance, le 3 août, un calme relatif régnait samedi dans les rues de Niamey après les manifestations pro-putschistes, désormais interdites. Les habitants ont repris leurs activités mais la présence des Forces de défense et de sécurité (FDS) a été renforcée dans les rues, a constaté l'AFP.

Le mouvement M62, qui avait déjà protesté contre l'opération Barkhane menée au Sahel et au Sahara par l'armée française contre les groupes armés djihadistes, a lancé un appel à manifester dimanche malgré l'interdiction de rassemblement.

Le M62 entend «mettre en garde la Cédéao et la France contre toute intervention militaire au Niger» et «exiger le départ immédiat des troupes françaises et celui de l'ambassadeur de France». Environ 1500 soldats français sont présents au Niger.

Soutien américain

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a assuré M. Bazoum de «l'indéfectible soutien» de Washington. Et l'ambassade des Etats-Unis à Niamey a fait savoir que «les putschistes mettent en péril notre profond partenariat en matière de développement et de sécurité». Environ 1100 soldats américains sont présents au Niger.

Le général Abdourahamane Tiani, chef de la garde présidentielle à l'origine de la chute du président élu, s'est présenté vendredi comme le nouvel homme fort du pays, avant que l'entourage politique de M. Bazoum – qui a connu sa quatrième journée de séquestration mais «va très bien», selon un de ses proches -, ne dénonce «un coup d'Etat pour convenance personnelle».

Le général Tiani est apparu vendredi à la télévision nationale pour lire un communiqué en tant que «président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP)», la junte putschiste.

Proclamé ensuite chef de l'Etat par ses pairs, il a justifié le coup d'Etat par «la dégradation de la situation sécuritaire» dans un Niger miné par la violence de groupes djihadistes, mais reconnaît «le soutien appréciable et apprécié de nos partenaires extérieurs», la France et les Etats-Unis faisant partie des principaux.

«Approche sécuritaire» contestée

Il s'est aussi interrogé sur «une approche sécuritaire» qui «exclut toute véritable collaboration avec le Burkina Faso et le Mali», deux pays voisins du Niger, également dirigés par des militaires putschistes et frappés par la violence djihadiste.

Un proche de M. Bazoum a confié que le «remplacement» d'Abdourahamane Tiani et «une refonte en profondeur de la garde présidentielle devaient être décidés dès ce jeudi (27 juillet) en conseil des ministres».

Après le Mali et le Burkina Faso – qui se sont notamment tournés vers la Russie après avoir exigé le départ des soldats français de leur sol – le Niger, jusqu'alors allié des pays occidentaux, devient le troisième pays du Sahel, miné par les attaques de groupes liés à l'Etat islamique et à Al-Qaïda, à connaître un coup d'Etat depuis 2020.

Condamnations

La junte, qui rassemble tous les corps de l'armée, de la gendarmerie et de la police, a suspendu les institutions, fermé les frontières terrestres et aériennes, et instauré un couvre-feu en vigueur de minuit à 05h00 du matin.

Le putsch a été vivement condamné par les partenaires occidentaux du Niger, plusieurs pays africains et l'ONU, qui ont demandé la libération de M. Bazoum. Berne s'est exprimée dans le même sens.

Le ministre de l'Energie du président déchu, Ibrahim Yacouba, invite la Cédéao et l'UA à lutter pour «la libération sans délai» de M. Bazoum et la reprise de ses fonctions.

Riche en uranium, le Niger a une histoire jalonnée de coups d'Etat depuis l'indépendance de cette ex-colonie française en 1960.