Grèce La Grèce élit sa première présidente

ATS

22.1.2020 - 11:20

Le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis (devant) et les membres du gouvernement ont applaudi l'élection de Katerina Sakellaropoulou à la présidence de la République hellénique.
Le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis (devant) et les membres du gouvernement ont applaudi l'élection de Katerina Sakellaropoulou à la présidence de la République hellénique.
Source: KEYSTONE/AP/PG

La juge Ekaterini Sakellaropoulou, 63 ans, a été élue mercredi à une vaste majorité présidente de la République grecque. Elle devient ainsi la première femme de l'histoire du pays à accéder à ce poste essentiellement honorifique.

Cheveux noirs coupés au carré et petites lunettes rondes, l'actuelle présidente du conseil d'Etat, fervente défenseuse de l'environnement, a été élue dès le premier tour du scrutin par 261 députés sur 300. Cette juge expérimentée prêtera serment le 13 mars.

Ekaterini Sakellaropoulou est présentée comme la candidate de «l'unité» et du «progrès» par le Premier ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis, qui l'a habilement choisie à ce poste car elle transcende les divisions partisanes traditionnelles.

Avec plus des 200 suffrages requis par la Constitution hellénique, elle a été élue pour un mandat de cinq ans renouvelable par les députés du parti Nouvelle Démocratie (droite, au pouvoir), de Syriza, le parti de gauche de l'ancien Premier ministre Alexis Tsipras, et du mouvement de centre-gauche Kinal.

«S'ouvrir sur l'avenir»

A peine son nom a-t-il surgi le 15 janvier lors d'une allocution télévisée de Kyriakos Mitsotakis que la candidate a d'emblée fait consensus dans une société pourtant singulièrement patriarcale, en queue du peloton européen en matière de parité.

«Le moment est venu pour la Grèce de s'ouvrir sur l'avenir», avait plaidé le Premier ministre conservateur, qui fut critiqué dès sa prise de fonctions en nommant deux femmes ministres seulement dans son gouvernement.

«Ne nous cachons pas derrière notre petit doigt, la société grecque est encore marquée par la discrimination contre les femmes», avait-il reconnu. Mais «cela change désormais, en commençant par le sommet».

Dans un pays où une femme sur cinq est au chômage, Mme Sakellaropoulou avait déjà ouvert une brèche en devenant la première femme à la tête de la plus haute cour du pays en octobre 2018, sur proposition d'Alexis Tsipras, alors chef du gouvernement.

Valeurs progressistes

«Elle a toujours vigoureusement servi la justice, la protection des droits individuels et la neutralité religieuse de l'Etat. Son élection récompensera les valeurs progressistes qu'elle a défendues en tant que juge», s'était félicité M. Tsipras, désormais chef de l'opposition de gauche, qui s'est rangé pour ce vote derrière son rival de droite.

Diplômée de droit constitutionnel et de droit de l'environnement à Athènes et à Paris-Sorbonne, cette juge et fille de juge de la Cour suprême a défendu les droits des réfugiés, des minorités et les libertés civiles.

Mais elle s'est surtout distinguée dans des dossiers de protection de l'environnement, tout en veillant à préserver l'investissement dans une Grèce frappée par une décennie de crise. Elle a été d'ailleurs critiquée pour avoir défendu un projet d'investissement controversé d'une compagnie minière canadienne dans le Nord du pays.

Dans un pays qui sort à peine la tête de l'eau, son élection est considérée comme un atout pour le gouvernement conservateur, qui table sur l'énergie verte pour redresser la Grèce. Sans appartenance politique, cette féministe, divorcée et mère d'un enfant, passe ainsi des plus hautes fonctions de la justice à celles de l'Etat.

«Esprit de consensus»

«Cette nomination est une réussite significative et stratégique qui ouvrira de nouvelles perspectives à l'avenir», a écrit l'éditorialiste Elias Maglinis dans le quotidien conservateur Kathimerini.

«D'un côté, elle désarme l'opposition mais, plus important encore, elle apporte un esprit de consensus indispensable en ces temps difficiles en politique étrangère», a-t-il estimé, en référence aux tensions actuelles avec la Turquie voisine sur les questions d'exploration énergétique, de frontières maritimes et de flux migratoire.

Doté de fonctions essentiellement symboliques, le chef de l'Etat et des forces armées a, selon la Constitution hellénique, le pouvoir de déclarer la guerre, mais uniquement sous la supervision du gouvernement.

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