La guerre entre dans Kiev: un centre commercial de la capitale ukrainienne a été ravagé par un bombardement russe qui a tué au moins huit personnes, tandis que l'UE a qualifié lundi la dévastation de la ville assiégée de Marioupol de «crime de guerre majeur».
Des soldats ukrainiens se recueillent à Lviv,
En Ukraine comme ici à Odessa, les civils prennent aussi les armes.
Devant l'immeuble de Kiev où une femme est morte sous les bombes dans sa cuisine.
La guerre entre dans Kiev – Crime de guerre majeur à Marioupol (UE) - Gallery
Des soldats ukrainiens se recueillent à Lviv,
En Ukraine comme ici à Odessa, les civils prennent aussi les armes.
Devant l'immeuble de Kiev où une femme est morte sous les bombes dans sa cuisine.
Au 26e jour de l'invasion de l'Ukraine décidée par le président russe Vladimir Poutine, les bombardements se poursuivent sur nombre de villes: Kiev, Kharkiv, Marioupol, Odessa, Mykolaïv...
Le maire de la capitale, Vitali Klitschko, a annoncé un nouveau couvre-feu entre lundi 20h00 (19h00 suisse) et mercredi 07h00. Il a appelé les habitants à porter des masques et ne pas ouvrir les fenêtres, à cause de la pollution causée par les incendies dus aux bombardements.
Les Russes «n'ont pas réalisé d'avancées majeures» dimanche, mais «se préparent à déployer davantage» d'artillerie autour de la capitale, a souligné l'Institute for the study of war (ISW), un think-tank américain.
Selon le ministère de la Défense britannique, l'armée russe, tentant d'encercler Kiev, a «calé» au nord-est de la ville et a été «repoussée par une résistance ukrainienne féroce» au nord-ouest.
Tard dimanche soir, une puissante frappe russe, vraisemblablement un missile, a détruit l'immense centre commercial «Retroville», dans le nord-ouest de Kiev, secouant toute la ville.
Selon Moscou, ce centre commercial était vacant et servait de dépôt d'armements et de munitions. «Une batterie de lance-roquettes multiples ukrainiens et une base de stockage de leurs munitions ont été détruites avec des armes de précision à longue portée dans la nuit du 21 mars dans un centre commercial inopérant», a indiqué le ministère russe de la Défense dans son briefing régulier sur l'offensive en Ukraine.
De l'avis de tous sur le site, c'est l'attaque la plus violente contre Kiev depuis le début de la guerre. D'un immeuble de 10 étages carbonisé, il ne reste que la structure en béton – «les bureaux du centre commercial, heureusement il n'y avait personne», explique un riverain.
Kiev s'est vidée d'au moins la moitié de ses 3,5 millions d'habitants depuis le début de l'invasion.
Marioupol ravagée
Dans la région de Donetsk (est), au moins un civil a été tué et deux blessés à Avdiivka, petite ville industrielle bombardée par l'artillerie et l'aviation russes, selon Pavlo Kyrylenko, chef militaire ukrainien de la région. «Le bombardement se poursuit», a-t-il écrit sur Telegram.
A Marioupol, grande ville portuaire du sud, majoritairement russophone, assiégée et bombardée depuis des semaines par les Russes, 350'000 habitants restent bloqués dans des ruines jonchées de cadavres, manquant de tout.
Moscou avait demandé dimanche aux défenseurs de la ville de «déposer les armes», mais «il n'est pas question de parler de reddition», a rétorqué la vice-première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk.
Corridors humanitaires
Selon Mikhail Mizintsev, directeur du Centre national russe de gestion de la défense, Moscou a ouvert lundi matin «des corridors humanitaires depuis Marioupol vers l'est, et en accord avec la partie ukrainienne, vers l'ouest».
Mais «les occupants continuent à se comporter comme des terroristes», a répliqué Iryna Verechtchouk sur Telegram. «Ils disent qu'ils sont d'accord (pour instaurer un) corridor humanitaire et le matin, ils bombardent le lieu d'évacuation».
Selon les autorités locales, les soldats russes ont transporté de force un millier d'habitants vers la Russie, les privant de leur passeport ukrainien – un possible crime de guerre.
Mme Verechtchouk affirme aussi que «350 enfants vont être emmenés de force en Russie», demandant aux autorités russes «pourquoi».
Crimes de guerre majeur
Marioupol, cible stratégique pour les Russes, constitue un pont terrestre entre leurs forces en Crimée, au sud-ouest, et les territoires qu'ils contrôlent au nord et à l'est.
Selon l'administration militaire de la région de Donetsk, «plus de 80% des infrastructures de la ville sont endommagées ou détruites». La situation humanitaire y est «extrêmement grave», selon l'ONU, avec «une pénurie critique et potentiellement mortelle de nourriture, d'eau et de médicaments».
Pour le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, «ce qui se passe à Marioupol est un crime de guerre majeur. Les bombardements indiscriminés dévastent la ville et tuent tout le monde».
Le ministre ukrainien de la Défense Oleksii Reznikov a salué sur Facebook «les défenseurs héroïques de Marioupol», car «aujourd'hui Marioupol sauve Kiev, Dnipro (centre) et Odessa» (sud) en bloquant les Russes.
Environ 10 millions d'Ukrainiens ont fui leur foyer, dont un tiers environ à l'étranger, principalement en Pologne, selon l'ONU.
L'armée ukrainienne a affirmé lundi que les Russes ont perdu 15'000 soldats, tandis que le président Volodymyr Zelensky annonçait 1300 militaires ukrainiens tués le 12 mars – des chiffres impossibles à vérifier. Des sources du renseignement américain citées par le New York Times avancent plus de 7000 Russes tués.
Moscou fustige Biden
Sur le front diplomatique, le président Zelensky s'est dit «prêt à des négociations» avec le président russe, dans un entretien diffusé par CNN, car «sans négociations, on n'arrêtera pas la guerre». Mais l'Ukraine «ne peut accepter aucun ultimatum de la Russie» pour «arrêter la guerre», a-t-il précisé dans un entretien avec un média.
A Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères et de la Défense de l'UE sont réunis pour examiner de nouvelles sanctions contre Moscou, tandis que devant le Conseil des droits de l'homme à Genève, plus de 50 pays, dont la Suisse, s'en sont pris à la situation des droits humains en Russie.
L'UE devrait aussi approuver la constitution d'une force de 5000 combattants et s'engager sur une augmentation de ses dépenses militaires – «une partie de la réponse» au conflit, selon Josep Borrell.
Sur Telegram, le président ukrainien a appelé l'UE à cesser tout commerce avec la Russie, notamment concernant «les ressources énergétiques».
Le Kremlin a de son côté estimé qu'un potentiel embargo européen sur le pétrole russe frapperait «tout le monde».
Les prix du Brent, référence du pétrole en Europe, et du WTI américain ont bondi lundi de plus de 6%, dépassant les 110 dollars le baril.
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, a également appelé lundi la Chine à «jouer un rôle important» pour trouver une «solution politique» au conflit.
Une nouvelle visioconférence a commencé à 16h00 (suisse) entre les dirigeants américain Joe Biden, français Emmanuel Macron, britannique Boris Johnson, allemand Olaf Scholtz et italien Mario Draghi.
La Russie a convoqué lundi l'ambassadeur américain à Moscou et accusé le président Biden d'avoir conduit les relations russo-américaines «au bord de la rupture» par ses déclarations «indignes» visant Vladimir Poutine, qu'il a qualifié de «criminel de guerre.
Cassis à Varsovie avant Biden
M. Biden se rendra vendredi à Varsovie pour y discuter avec son homologue polonais du conflit. La Maison Blanche a précisé que M. Biden irait auparavant en Belgique pour rencontrer des dirigeants de l'Otan, du G7 et de l'UE.
Le président de la Confédération a lui fait le déplacement de Varsovie lundi déjà. Devant les médias accourus en nombre à Varsovie, Ignazio Cassis a expliqué que la Suisse «en tant que pays neutre ne pouvait pas exporter des armes, mais pouvait exporter à peu près tout le reste, à commencer par la générosité et la solidarité».
M. Morawiecki a remercié Ignazio Cassis de sa volonté de «travailler sur de nouveaux paquets de sanctions et d'apporter une aide humanitaire là où la Pologne est en première ligne». «Les comptes bancaires des oligarques russes en Suisse doivent être gelés et leurs avoirs confisqués. J'ai demandé au président (M. Cassis) que la Suisse aborde cette question avec détermination».