Dix-sept morts dans un bombardement ukrainien à Donetsk, 11 morts dans des frappes russes à Kiev et près de Rivne (ouest): au 19e jour de l'invasion russe de l'Ukraine, les combats ne cessaient de s'étendre lundi. La pression diplomatique sur Moscou croît elle aussi.
Alors que plus de 2,8 millions de personnes ont déjà fui l'Ukraine, le Kremlin n'a pas exclu lundi «la possibilité de prendre sous contrôle total (les) grandes villes qui sont déjà encerclées». Ce qui impliquerait un assaut militaire majeur, vu la farouche résistance ukrainienne.
Ces derniers jours, les combats se sont intensifiés autour de Kiev, presque entièrement encerclée, qui s'est vidée de plus de la moitié de ses trois millions d'habitants.
Deux personnes ont été tuées dans des bombardements russes qui ont visé un immeuble résidentiel et l'usine aéronautique Antonov, a annoncé la mairie de la capitale ukrainienne. A Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine, un bombardement de l'armée russe a fait deux morts, d'après le parquet régional.
Neuf personnes ont aussi été tuées et neuf blessées lundi dans une frappe, vraisemblablement de deux missiles de l'armée russe, contre une tour de télévision près de la ville de Rivne, dans l'ouest de l'Ukraine, ont annoncé les autorités locales.
A Donetsk, les séparatistes prorusses soutenus par Moscou ont affirmé qu'une frappe de l'armée ukrainienne avait visé le centre-ville, faisant au moins 16 morts selon le «ministère» local de la Santé et 23 morts selon le puissant Comité d'enquête russe.
L'armée ukrainienne a fermement démenti avoir tiré un missile contre Donetsk. «Il s'agit définitivement d'un missile russe ou d'un autre type de munition», a déclaré le porte-parole de l'armée ukrainienne.
L'Ukraine a aussi accusé l'armée russe d'avoir à nouveau coupé l'alimentation électrique du site nucléaire de Tchernobyl et d'avoir fait exploser des munitions près d'un réacteur de Zaporojie, les deux centrales étant sous contrôle de Moscou.
Diplomatie
Au plan diplomatique, la quatrième session de pourparlers entre l'Ukraine et la Russie reprendra mardi, a rapporté un négociateur de Kiev.
«Nous faisons une pause technique dans les négociations jusqu'à demain» pour permettre «des travaux supplémentaires des sous-groupes de travail et la clarification» de certains termes, a déclaré Mykhaïlo Podoliak, un négociateur et conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Les pressions occidentales sur Moscou se multiplient par ailleurs. Ainsi le Conseil de l'Europe s'apprête à prendre contre la Russie la mesure la plus sévère à sa disposition, après que Kiev a demandé lundi l'expulsion de la Russie de cette institution paneuropéenne.
Mardi en début de soirée, à l'issue d'une journée de débats en session extraordinaire, une première dans son histoire, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe devrait adopter un texte recommandant au comité des ministres «d'inviter la Fédération de Russie à se retirer du Conseil de l'Europe».
L'Union européenne a en outre décidé de prendre un quatrième train de sanctions contre Moscou. Elle a décidé de sanctionner de nouveaux oligarques russes, notamment le milliardaire Roman Abramovitch, propriétaire du club anglais de football de Chelsea, ont indiqué lundi des diplomates à l'AFP.
Avant cette extension, 862 personnes et 53 entités russes figuraient déjà sur cette liste noire qui interdit l'entrée sur le territoire de l'UE et permet la saisie de leurs biens.
Plus de 2,8 millions de réfugiés
Au plan humanitaire et via un couloir ad hoc, quelque 160 voitures ont pu sortir lundi de la ville ukrainienne de Marioupol, assiégée par les forces russes et séparatistes prorusses, a indiqué la municipalité. Plusieurs tentatives d'acheminer de l'aide humanitaire vers la ville du sud-est de l'Ukraine ont échoué ces derniers jours.
Plus de 2,8 millions de personnes ont fui l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe lancée le 24 février, selon le dernier décompte publié par l'ONU. L'ONU a recensé aussi environ 2 millions de déplacés à l'intérieur du pays.
En Russie aussi, le bras-de-fer économique russo-occidental a des effets très concrets sur la population: dernier en date, le réseau social Instagram, propriété du groupe américain Meta, est devenu inaccessible en Russie lundi.
Moscou, qui accuse Meta de propager des appels à la violence contre les Russes en lien avec le conflit en Ukraine, a ajouté le réseau à sa liste de sites en «accès restreint», comme Facebook, Twitter et plusieurs médias critiques du pouvoir russe.
Les livraisons de gaz russe à l'Europe se poursuivent quant à elles, selon les données des opérateurs, le groupe russe Gazprom mettant lui un point d'honneur à souligner que ses obligations de transit via l'Ukraine sont remplies.