Human Rights WatchLa mobilisation pour l'Ukraine doit être dupliquée ailleurs
ATS
12.1.2023 - 05:49
L'intense mobilisation internationale pour défendre les droits fondamentaux en Ukraine depuis l'invasion russe devrait être dupliquée dans d'autres pays où ces droits sont violés, plaide Human Rights Watch. L'ONG a publié jeudi son rapport annuel de plus de 700 pages.
12.01.2023, 05:49
12.01.2023, 06:49
ATS
Elle y documente la «litanie d'abus» en matière de droits fondamentaux commis en 2022 dans le monde, de la Chine à l'Afghanistan, en passant par l'Iran, l'Ethiopie et bien sûr l'Ukraine.
«Dans le brouillard de la guerre et les ténèbres dans lesquelles cette guerre a plongé l'Ukraine, il y a une lumière qui s'est allumée: c'est la réponse internationale et l'engagement pour la justice internationale», a affirmé Tirana Hassan, sa directrice exécutive par intérim dans un entretien à l'AFP.
Si l'ONG y a relevé des «abus de toutes les parties», les forces russes sont à l'origine de «pléthore» de violations, notamment sur la population civile. Et HRW se félicite de la rapidité avec laquelle la Cour pénale internationale (CPI) a été saisie et avec laquelle l'Union européenne, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et d'autres gouvernements ont imposé des sanctions sans précédent à l'encontre de Moscou.
«Continuer à pousser»
«Nous n'avons jamais vu dans l'histoire des réponses aux conflits une réponse internationale aussi coordonnée» et «ce que nous devons faire maintenant est nous assurer que les Etats rendent des comptes au même niveau que ce qui a été observé en Ukraine, dans toutes les autres situations» de violations des droits fondamentaux, a-t-elle ajouté.
Elle appelle notamment la communauté internationale à «continuer de pousser» pour que les responsables des exactions commises dans la région du Tigré en Ethiopie rendent des comptes dans la foulée de l'accord de paix conclu en novembre dernier, tandis que la Russie et la Chine font blocage à l'inscription de ce conflit à l'ordre du jour du Conseil de sécurité de l'ONU.
De même en Chine, où Pékin n'a toujours pas eu à répondre de sa politique à l'égard de la minorité musulmane ouïghoure, malgré un rapport de la haute commissaire de l'ONU aux droits de l'homme qui a conclu que certains actes du régime pourraient constituer des crimes contre l'humanité.
Ou encore en Iran, où le régime accentue sa répression massive des manifestations. «Nous ne pouvons pas attendre que la population iranienne puisse à elle seule changer» la situation des droits de l'homme dans le pays, a insisté Mme Hassan.
Deux poids deux mesures
«Un changement significatif contre un régime si puissant nécessite la mobilisation de la communauté internationale, pas seulement pour exprimer sa solidarité, mais pour effectivement mettre la pression sur le régime», a-t-elle ajouté. Elle évoque le risque que l'attention internationale ne s'éloigne de l'Iran à mesure que le mouvement dure.
Dans son rapport, l'ONG accuse ainsi le «deux poids deux mesures» souvent à l'oeuvre face aux violations des droits de l'homme commises dans le monde.
HRW cite par exemple le président américain Joe Biden qui a renoué avec l'Arabie saoudite en pleine crise énergétique après avoir promis d'en faire un Etat «paria», ou encore l'Europe qui ouvre ses bras aux réfugiés ukrainiens, mais où nombre de pays laissent planer le doute sur l'avenir des réfugiés afghans ou syriens qu'ils ont accueillis..