ManifestationsLa mobilisation se poursuit contre le coup d'Etat en Birmanie
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11.2.2021 - 11:06
Les Birmans sont descendu jeudi dans les rues pour la sixième journée consécutive, afin de protester contre le coup d'Etat qui a renversé Aung San Suu Kyi. La peur des représailles est dans tous les esprits, deux jours après l'usage de la force par la police.
Des arrestations ont eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi, dont celle du vice-président de la chambre basse du parlement, d'un proche d'Aung San Suu Kyi et de plusieurs responsables locaux. Malgré cela, les manifestants ont continué à descendre dans la rue jeudi pour exiger la libération des personnes détenues, la fin de la dictature et l'abolition de la constitution de 2008, très favorable à l'armée.
En début d'après-midi, plusieurs dizaines de milliers de manifestants défilaient dans la ville, dont des hommes en jupe. «On ne les enlèvera pas tant que la démocratie ne sera pas de retour», pouvait-on lire sur une banderole.
Des membres des ethnies karen, rakhine ou kachin, en habits traditionnels, ont rejoint la contestation. «Nos ethnies doivent s'unir pour lutter contre la dictature militaire», a relevé Saw Z Net, un Karen, alors que certaines minorités sont depuis des décennies en conflit avec les militaires. Des rassemblements se tenaient dans plusieurs autres villes du pays.
Escalade
«N'allez pas au bureau!», a scandé un groupe de protestataires devant la banque centrale de la Birmanie à Rangoun, la capitale économique, répondant aux appels à «la désobéissance civile», lancés dès les premières heures qui ont suivi le putsch militaire.
«Nous manifesterons jusqu'à ce que [l'ex-cheffe de facto du gouvernement civil, ndlr] Aung San Suu Kyi et [l'ex-président] Win Myint soient libérés», a déclaré un employé de la banque. Des rassemblements se tenaient dans plusieurs autres villes du pays, comme à Mandalay.
L'escalade de la violence contre les manifestants a été condamnée à l'international. Le président américain Joe Biden a annoncé mercredi que son administration réduisait l'accès des généraux birmans à un milliard de dollars de fonds aux Etats-Unis et allait dévoiler de nouvelles sanctions dans la semaine.
Mobilisation en baisse
«J'appelle une nouvelle fois l'armée à libérer immédiatement tous les dirigeants politiques élus démocratiquement et les activistes», a ajouté Joe Biden. La Birmanie est son premier dossier diplomatique majeur depuis son élection.
L'Union européenne pourrait aussi prendre de nouvelles sanctions, a averti Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne. Elles pourraient viser le chef de l'armée Min Aung Hlaing, auteur du putsch, et d'autres généraux. Ils font déjà l'objet de mesures de rétorsion depuis les exactions des militaires contre la minorité musulmane rohingya en 2017.
Depuis le 6 février, les Birmans descendent par centaines de milliers dans les rues. Ce vent de contestation est inédit depuis le soulèvement populaire de 2007, la «révolution de safran» menée par les moines et violemment réprimée par les militaires.
Mais les foules étaient moins importantes ces derniers jours. Les autorités ont interdit depuis lundi soir les rassemblements de plus de cinq personnes à Rangoun, Napypidaw, la capitale administrative, et dans d'autres villes et ont décrété un couvre-feu.