Crise politique La Nouvelle-Calédonie toujours en proie aux blocages de routes

ATS

20.5.2024 - 02:49

Les blocages de routes persistaient lundi en Nouvelle-Calédonie, malgré les moyens engagés pour rétablir la circulation sur ce territoire français du Pacifique Sud. L'objectif est de permettre la circulation sur la route menant vers l'aéroport international.

L'objectif de l'opération de police est de reprendre le contrôle de la route entre Nouméa et l'aéroport international.
L'objectif de l'opération de police est de reprendre le contrôle de la route entre Nouméa et l'aéroport international.
ATS

Keystone-SDA

«La situation est vraiment préoccupante», a déclaré lundi le chef du gouvernement australien Anthony Albanese à la télévision ABC. De même que la Nouvelle-Zélande, Canberra a demandé durant le week-end à pouvoir poser des avions afin de pouvoir rapatrier ses concitoyens, alors que l'aéroport est toujours fermé aux vols commerciaux.

Samedi, le gouvernement néo-calédonien a estimé à 3200 le nombre de personnes bloquées, qui ne peuvent ni quitter ni rejoindre l'archipel.

«76 barrages neutralisés»

Après une semaine d'émeutes et un bilan de six morts, aucune issue proche à la crise sécuritaire et politique ne semble se dessiner lundi, jour férié. En cause, une réforme du corps électoral contestée par les représentants du peuple autochtone kanak qui redoutent une réduction de leur poids.

Malgré une vaste opération des forces de l'ordre lancée dimanche, les voies de communication restent bloquées lundi là où les émeutiers ont installé leurs barrages, notamment dans l'agglomération de Nouméa et sur la route d'une cinquantaine de kilomètres qui mène à l'aéroport international.

A la sortie de Nouméa, la chaussée du début de la voie express est impraticable, le bitume ayant fondu après l'incendie de nombreux véhicules, a constaté une journaliste de l'AFP. Ailleurs, la route reste encombrée à de nombreux endroits de carcasses de voitures brûlées, ferraille et bois entassés.

Le représentant de l'Etat français en Nouvelle-Calédonie, Louis Le Franc, s'est pourtant félicité lundi du «succès» du début d'une vaste opération de la gendarmerie contre les barrages sur cette route, lancée à l'aube dimanche, faisant état de «76 barrages neutralisés».

D'autres actions des unités d'élite de la police et de la gendarmerie ont été annoncées dans des zones considérées par les autorités comme des «points durs», dans les villes de Nouméa, Dumbéa et Païta notamment.

«On a remis le barrage»

Dans la nuit de dimanche à lundi, des bruits de grenades de désencerclement, utilisées par les forces de l'ordre pour disperser les émeutiers, ainsi que des cris évoquant des affrontements ont été entendus dans le quartier d'Auteuil à Dumbéa, dans l'agglomération de Nouméa, selon un correspondant de l'AFP.

Dans la ville même de Nouméa, des détonations importantes ont résonné dans les quartiers de Magenta et Tuband, selon une autre journaliste de l'AFP.

Les gendarmes «sont passés. Ils ont déblayé et, nous, on est resté sur le côté», a confié dimanche à l'AFP Jean-Charles, la cinquantaine, tête enturbannée d'un foulard et drapeau kanak à la main à La Tamoa, à quelques kilomètres de l'aéroport. «Une fois qu'ils sont passés, on a remis le barrage».

Les forces de l'ordre estiment le nombre d'émeutiers entre 3000 et 5000.

Pour le haut-commissaire de la République française, les dégâts contre les infrastructures pénalisent lourdement la population. «On commence à manquer de nourriture», a-t-il prévenu dimanche.

Couvre-feu

Les mesures exceptionnelles de l'état d'urgence sont maintenues, à savoir le couvre-feu entre 18h00 et 06h00, l'interdiction des rassemblements, du transport d'armes et de la vente d'alcool et la suspension de l'application TikTok.

La réforme constitutionnelle qui a mis le feu aux poudres vise à élargir le corps électoral aux scrutins provinciaux de Nouvelle-Calédonie, au risque de marginaliser «encore plus le peuple autochtone kanak», selon les indépendantistes. Elle a été adoptée par les députés, après les sénateurs, dans la nuit de mardi à mercredi.

Ce texte doit encore être voté par les parlementaires réunis en congrès avant la fin juin, sauf si un accord sur un texte global entre indépendantistes et loyalistes intervient d'ici là.