RussieLa police bloque des villes lors des manifestations pro-Navalny
ATS
31.1.2021 - 11:35
La police russe a déployé dimanche un important dispositif et fermé l'accès au centre de plusieurs villes lors de nouvelles manifestations à travers le pays pour exiger la libération de l'opposant Alexeï Navalny.
Selon l'organisation OVD-Info, spécialisée dans le suivi des manifestations en Russie, plus de 650 arrestations ont eu lieu dans au moins 50 villes, pour l'heure principalement en Sibérie et en Extrême-Orient, décalage horaire oblige.
Ces rassemblements font suite à une première journée de mobilisation samedi dernier qui a réuni des dizaines de milliers de protestataires et s'était soldée par plus de 4000 interpellations, ainsi que l'ouverture d'une vingtaine d'affaires pénales.
Dans l'hyper-centre de Moscou et Saint-Péterbourg, de nombreux policiers et la Garde nationale étaient déployés avant des rassemblements prévus en début d'après-midi, ont constaté des correspondants de l'AFP.
«Poutine est un voleur!», «Liberté!», ont scandé des dizaines de manifestants en traversant le centre de la capitale russe, le lieu du rassemblement ayant été changé à la dernière minute face aux restrictions de la police, qui a limité l'accès à plusieurs rues du centre et fermé des stations de métro, une décision rare.
Ces nouvelles manifestations se dérouleront avec pour toile de fond la comparution d'Alexeï Navalny devant des juges, prévue la semaine prochaine. L'opposant est visé par de multiples procédures judiciaires depuis son retour en Russie le 17 janvier, qu'il considère comme politiquement motivées.
Selon son avocate, il risque notamment «environ deux ans et demi» de prison ferme pour la violation des conditions d'une condamnation à trois ans et demi de prison avec sursis, qu'il s'était vu infliger en 2014.
«N'ayez pas peur»
A l'autre bout du pays, à Vladivostok, Andreï, un manifestant de 25 ans, a regretté que peu de gens, quelques dizaines, se soient réunis car «les forces anti-émeutes ont bloqué» le centre-ville.
A Novossibirsk, la troisième agglomération de Russie, le média indépendant Taïga a estimé à plus de 5000 le nombre de protestataires, l'un des plus importants rassemblements antigouvernementaux de ces dernières années.
«Les gens sont en colère à cause de ce qui se passe et parce que des députés et militants d'opposition ont été arrêtés cette semaine», a affirmé à l'AFP Khelga Pirogova, élue locale d'une coalition pro-Navalny.
La plupart de ses proches alliés ont été assignés à résidence vendredi par la justice russe, deux jours après une série de perquisitions ayant notamment visé le domicile de sa femme Ioulia et les locaux de son organisation, le Fonds de lutte contre la corruption.
Les jours précédents, les autorités ont multiplié les mises en garde aux partisans de M. Navalny. La police a affirmé que les manifestants pourraient être poursuivis pour «émeutes de masse» si les rassemblements se soldaient par la violence.
Le gendarme russe des télécoms Roskomnadzor a annoncé pour sa part qu'il allait sanctionner les réseaux sociaux pour avoir laissé en ligne des messages encourageant, selon lui, les mineurs à aller manifester.
Malgré les pressions, Alexeï Navalny a encore appelé jeudi les Russes à descendre dans la rue. «N'ayez pas peur», a-t-il écrit dans une lettre publiée sur son blog. «La majorité est de notre côté. Allons la réveiller».
Le «palais» de Poutine
Les protestations sont aussi alimentées par la diffusion d'une enquête de l'opposant accusant le président Vladimir Poutine de bénéficier d'un immense «palais» sur les rives de la mer Noire, une investigation vue plus de 100 millions de fois sur YouTube.
Vladimir Poutine a démenti des accusations destinées à «laver le cerveau» des Russes, tandis que la télévision publique a diffusé des images montrant la résidence encore en travaux, loin du luxe décrit par l'opposant.
Samedi, le milliardaire Arkadi Rotenberg, un proche de M. Poutine qui était son ancien partenaire de judo et qui se trouve sous sanctions occidentales, a affirmé être le véritable propriétaire de la résidence et assuré qu'il était en train d'y construire un hôtel.