Violente répression La police colombienne, critiquée, va être réformée

ATS

6.6.2021 - 20:19

Le président colombien Ivan Duque a annoncé dimanche une réforme de la police. Celle-ci a été mise en cause pour sa violente répression des manifestations sociales qui secouent le pays depuis plus d'un mois et ont fait plus de 60 morts.

La police colombienne a été mise en cause pour sa violente répression des manifestations sociales qui secouent le pays depuis plus d'un mois (archives).
La police colombienne a été mise en cause pour sa violente répression des manifestations sociales qui secouent le pays depuis plus d'un mois (archives).
ATS

Le chef de l'Etat conservateur a déclaré avoir ordonné la rédaction d'un «décret qui modernisera la structure organisationnelle de la police nationale, avant tout pour consolider la politique (...) en matière de droits humains», lors d'une cérémonie de promotion de policiers à Bogota.

Le président a notamment annoncé la création au sein de la police d'une «direction des droits de l'homme» dirigée par un expert extérieur aux forces de l'ordre. Un communiqué du ministère de la Défense, dont dépendent les forces de police dans ce pays marqué par des décennies de conflit armé et la lutte contre le narcotrafic, a détaillé dans un communiqué les principaux «piliers» de la «réforme».

Respect des droits humains

Outre la création d'une direction spécifique destinée à la «prévention, protection et respect des droits humains», le projet prévoit une restructuration des services d'inspection internes et un meilleur suivi des «plaintes» des citoyens. La formation des policiers sera aussi revue, s'alignant sur les «standards internationaux», avec systématisation du badge d'identification et de la caméra-piéton pour les agents.

Le gouvernement n'a toutefois pas cédé aux revendications des manifestants qui réclamaient la démilitarisation totale de la police et sa transformation en un corps civil.

L'annonce du chef de l'Etat intervient le jour même de l'arrivée en Colombie d'une délégation de la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH). Cette dernière est chargée d'évaluer la situation des droits humains au cours des dernières semaines de soulèvement social.

Recrudescence de la violence

Appauvrie par la pandémie avec plus de 40% des 50 millions de Colombiens en-dessous du seuil de pauvreté, confrontée à une recrudescence de la violence, la Colombie est en proie depuis le 28 avril à un mouvement de colère populaire. Les jeunes sont en première ligne.

Le mouvement social, qui se traduit par des manifestations plus ou moins intenses et des blocages routiers, a d'abord éclaté contre un projet de réforme fiscale visant à augmenter la TVA et à élargir la base de l'impôt sur le revenu, lancé par le gouvernement en pleine pandémie de coronavirus.

Le soulèvement s'est par la suite transformé en des appels à un changement de cap politique pour une société plus égalitaire. Face à la répression, les protestataires ont également réclamé avec force une réforme en profondeur de la police.

Au moins 61 personnes ont trouvé la mort depuis le début de la contestation, dont 59 civils et deux policiers, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. Selon le parquet, au moins 20 décès sont en lien direct avec les manifestations. L'ONG de défense des droits humains Human Rights Watch affirme disposer d'"allégations crédibles» concernant 67 décès, dont 32 «liés aux manifestations».