Iles Salomon La police procède à des tirs de sommation pour disperser les manifestants

ATS

26.11.2021 - 04:00

La police des îles Salomon a eu recours vendredi à des tirs de sommation pour disperser des manifestants. Ils tentaient d'atteindre la résidence privée du Premier ministre Manasseh Sogavare dans la capitale Honiara, secouée depuis trois jours par des émeutes.

Keystone-SDA

Des milliers de personnes s'en sont pris vendredi au quartier chinois de Honiara, capitale des Iles Salomon.
Des milliers de personnes s'en sont pris vendredi au quartier chinois de Honiara, capitale des Iles Salomon.
ATS

Vendredi, des milliers de personnes, certaines armées de haches et de couteaux, s'en sont prises au quartier chinois et au centre des affaires de la ville. Des bâtiments ont été incendiés et des magasins pillés au moment du déploiement par l'Australie d'une force de maintien de la paix.

Les émeutes avaient débuté mercredi quand des centaines de personnes ont manifesté pour réclamer la démission du Premier ministre avant de se rendre dans le quartier chinois de Honiara, qui compte 80'000 habitants.

Puissances étrangères accusées

M. Sogavare a affirmé que des puissances étrangères, opposées à la décision prise en 2019 par son gouvernement de ne plus reconnaître diplomatiquement Taïwan mais la Chine, étaient à l'origine de ces troubles.

«Malheureusement, c'est influencé et encouragé par d'autres puissances.... Je ne veux pas citer de noms, nous en resterons là, nous savons qui ils sont», a déclaré le Premier ministre de cet archipel du Pacifique à la télévision australienne.

D'autres pointent du doigt les difficultés économiques aggravées par la pandémie de Covid-19 et la rivalité historique entre les habitants de l'île la plus peuplée du pays, Malaita, et celle de Guadalcanal où est basée le gouvernement.

Force de maintien de la paix

Les premiers membres de la force australienne de maintien de la paix ont été déployés dans la nuit de jeudi à vendredi, quelques heures après l'appel à l'aide lancé par M. Sogavare. La Papouasie-Nouvelle-Guinée voisine a annoncé vendredi le déploiement de 34 soldats chargés du maintien de la paix.

La veille, en dépit de l'interdiction de sortir, des manifestants sont descendus dans la rue, pillant des commerces et courant à travers les rues, les bras chargés de caisses et de produits tandis qu'une épaisse fumée noire s'élevait au-dessus de la ville.

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, Zhao Lijian, a fait part jeudi de sa «grande préoccupation» pour les intérêts des intérêts de son pays aux Salomon. Il a appelé le gouvernement à «prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des ressortissants chinois et entités chinoises».

La ministre australienne de l'Intérieur Karen Andrews a tenu à souligner que l'actuel déploiement de la mission de maintien de la paix devrait durer «quelques semaines», contrairement à la précédente qui avait duré plusieurs années.

«Notre premier objectif est de rétablir la loi et l'ordre public, ce n'est certainement pas d'intervenir dans des les problèmes politiques qui se produisent en ce moment», a-t-elle déclaré.

Sentiment d'abandon

Les habitants de l'île de Malaita ont le sentiment d'être abandonnés par le gouvernement central et les différends se sont intensifiés quand M. Sogavare a reconnu diplomatiquement Pékin.

Les autorités de Malaita se sont opposées à cette décision et ont continué à maintenir leurs relations avec Taïwan. En conséquence, la province continue de recevoir une aide considérable de Taipei et de Washington.

Le Premier ministre de cette province, Daniel Suidani, a accusé l'île de M. Sogavare d'être aux mains de Pékin, affirmant qu'il fait passer les «intérêts des étrangers au-dessus de ceux des habitants des îles Salomon». «Les gens ne sont pas aveugles à cela et ne veulent plus être trompés», a-t-il déclaré.

Selon des experts, cette rivalité géopolitique n'est pas la seule cause des événements actuels mais elle y a contribué. «Les actions de ces grandes puissances, qui s'attirent les bonnes grâces d'acteurs politiques, ont un effet déstabilisant sur ce qui est déjà un pays fragile et vulnérable», a déclaré Mihai Sora, spécialiste du Pacifique au sein de l'Institut Lowy d'Australie.

«Et puis bien sûr, le contexte contemporain est celui de difficultés économiques prolongées en raison des restrictions du Covid, de l'état d'urgence du Covid», a-t-il déclaré à l'AFP.