Escalade majeure La Pologne confirme une frappe de missile «très probablement» russe

ATS

16.11.2022 - 00:17

La Pologne, membre de l'OTAN, a placé mardi son armée en état d'alerte renforcée après avoir été atteinte par ce qu'elle a décrit comme un «projectile de fabrication russe». L'attaque, qui a fait deux morts, pourrait marquer une escalade majeure du conflit en Ukraine.

16.11.2022 - 00:17

Les Occidentaux ont immédiatement apporté leur soutien à la Pologne dans la foulée de la confirmation polonaise de ce missile tombé dans le sud-est du pays, près de la frontière avec l'Ukraine, et sur lequel pèsent de sérieuses interrogations.

«Il est improbable [...] qu'il ait été tiré depuis la Russie», a déclaré le président américain Joe Biden à l'issue d'une réunion d'urgence mercredi du G7 en Indonésie, en marge du sommet du G20. «Je vais m'assurer que nous puissions déterminer ce qui s'est passé exactement» avant de décider d'une réaction, a-t-il ajouté.

Outre les présidents ou chefs de gouvernement des Etats-Unis, de la France, l'Allemagne, du Royaume-Uni, de l'Italie, du Canada et du Japon, les dirigeants de l'Espagne, des Pays-Bas et de l'Union européenne ont aussi participé à cette rencontre d'une heure.

La France appelle à «la plus grande prudence» sur l'origine du missile tombé en Pologne. «Beaucoup de pays» de la région disposent du même type d'armement, a déclaré mercredi l'Elysée, mettant en garde contre «les risques d'escalade importants». «Identifier le type de missile n'est pas forcément identifier l'acteur qui l'a mis en oeuvre», a poursuivi la présidence française.

«Pas de preuve équivoque»

«A 15h40, dans le village de Przewodow [...] un projectile de fabrication russe est tombé, tuant deux citoyens de la République de Pologne», selon un communiqué du ministère polonais des affaires étrangères. L'ambassadeur russe a été convoqué pour «des explications détaillées».

Un peu plus tard, le président polonais Andrzej Duda a semblé temporiser, relevant qu'il n'y avait à ce stade pas de «preuve équivoque» sur l'origine du tir du missile meurtrier, «très probablement de fabrication russe» selon lui. «Une enquête est en cours», a-t-il relevé, affirmant qu'il s'agissait d'un incident «isolé».

«Il vient d'être décidé de relever le niveau d'alerte de certaines unités de combat et d'autres personnels en uniforme», avait annoncé plus tôt le porte-parole du gouvernement polonais.

Le chef de l'OTAN Jens Stoltenberg doit tenir mercredi une réunion d'urgence avec les ambassadeurs de l'alliance. La Pologne, qui partage une frontière avec l'Ukraine, envahie le 24 février par la Russie, est membre de l'OTAN. Quelque 10'000 militaires américains se trouvent dans le pays.

Il est «absolument essentiel d'éviter l'escalade de la guerre en Ukraine», a exhorté le secrétaire général de l'ONU António Guterres dans un communiqué, se disant «très préoccupé». Il a réclamé une «enquête approfondie» sur le tir.

Soutien occidental

La Maison-Blanche a fait savoir que M. Biden avait discuté avec son homologue polonais et avec M. Stoltenberg. Et son secrétaire d'Etat Antony Blinken a parlé avec ses homologues polonais Zbigniew Rau et ukrainien Dmytro Kouleba.

«Nous nous sommes engagés à rester étroitement coordonnés dans les jours à venir alors que l'enquête avance et que nous déterminons les prochaines étapes opportunes», a tweeté M. Blinken depuis Bali.

Paris, Londres et Berlin entre autres ont assuré Varsovie de leur soutien, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exprimé ses «condoléances pour la mort de citoyens polonais victimes de la terreur des missiles russes».

«L'Ukraine, la Pologne, toute l'Europe et le monde doivent être entièrement protégés de la Russie terroriste», a poursuivi M. Zelensky. Il a affirmé avoir «échangé les informations disponibles et [nous] sommes en train de clarifier tous les faits».

Des médias polonais locaux, se basant sur des sources non officielles, avaient fait état plus tôt d'une explosion ayant fait deux morts dans un dépôt de céréales à Przewodow.

«Provocation intentionnelle»

Moscou a rejeté les accusations. «Les déclarations de médias polonais et de responsables officiels sur une prétendue chute de missiles russes près de la localité de Przewodow relèvent de la provocation intentionnelle dans le but de créer une escalade de la situation», avait alors réagi le ministère russe de la défense sur Telegram.

«Aucune frappe n'a été menée sur des objectifs proches de la frontière ukraino-polonaise» par l'armée russe, affirmait le ministère. Les images de «débris publiés par les médias polonais depuis les lieux des faits dans la localité de Przewodow n'ont aucun rapport» avec des projectiles russes.

Dans la nuit de mardi à mercredi, le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a appelé «tous les Polonais à garder le calme face à cette tragédie», à l'issue d'une réunion d'urgence de son cabinet.

Ce tir est intervenu au soir d'une journée marquée par une intense campagne de bombardement russe sur les infrastructures ukrainiennes, qualifiée par le président Zelensky de «gifle au visage du G20». Ces frappes, qui ont fait au moins un mort à Kiev, ont entraîné des coupures de courant généralisées en Ukraine et jusque dans la Moldavie voisine.

ATS