Crise au PérouLa présidente demande au Parlement d'avancer les élections à 2023
ATS
27.1.2023 - 21:44
La présidente du Pérou tente de sortir le pays «du bourbier» en demandant au Parlement d'approuver une nouvelle avancée des élections générales, tandis que police et armée ont été appelées à dégager les dizaines de barrages routiers dressés à travers le pays qui commence à connaître de graves pénuries.
Keystone-SDA
27.01.2023, 21:44
ATS
«Que les élections soient avancées» et puissent sortir le pays «du bourbier dans lequel nous sommes», a déclaré vendredi Mme Boluarte, indiquant que son gouvernement soutient l'initiative de l'opposition d'avancer à décembre 2023 les élections présidentielle et législative.
«Nous soumettons ce projet de loi à l'examen des ministres afin d'avancer les élections à décembre 2023», a-t-elle ajouté depuis l'aéroport de Lima lors d'une opération d'envoi de médicaments et matériel médical dans le sud du pays paralysé par les blocages routiers.
La présidente par intérim dirige le Pérou depuis la destitution le 7 décembre par le Parlement de l'ex-président élu, Pedro Castillo, qui a entraîné de violentes manifestations ayant fait au moins 46 morts.
Elle a souligné que dès que le Parlement décidera d'avancer les élections, «nous, au sein de l'Exécutif, demanderons immédiatement ces élections. Personne n'a intérêt à s'accrocher au pouvoir (...) Je n'ai aucun intérêt à rester à la présidence. Si je suis ici, c'est parce que j'ai assumé ma responsabilité constitutionnelle et nous serons ici jusqu'à ce que le Parlement (...) convoque des élections».
Sans relâche
Lors de la prise de fonctions de Mme Boluarte, qui était vice-présidente, le calendrier électoral avait été fixé à 2026, soit au terme du mandat qu'aurait dû accomplir son prédécesseur.
Mais pour contenir la grogne naissante, elle avait déjà proposé au Parlement d'avancer les élections générales à avril 2024. Un premier vote de la chambre monocamérale le 20 décembre avait validé la proposition de loi, et un second devait l'entériner.
«Cependant, les protestations continuent, il y a plus de blocages et de violence», a reconnu Mme Boluarte vendredi.
Les manifestations se poursuivent quotidiennement et les protestataires réclament sans relâche la démission immédiate de la présidente et du Parlement, et la mise en place d'une Assemblée constituante.
Débloquer les routes
Jeudi soir, alors que les autorités recensaient 88 barrages routiers dans huit des 25 régions du Pérou, les ministères de l'Intérieur et de la Défense ont annoncé dans un communiqué que «la police nationale du Pérou, avec l'appui des forces armées, va effectuer le déblocage des routes du réseau national».
Ces barrages entraînent des pénuries de produits de base et de carburants, font grimper les prix et, selon le gouvernement, compliquent l'accès aux soins et l'arrivée des médicaments dans plusieurs régions.
Le gouvernement a accusé les barrages d'être directement à l'origine de dix décès, dont ceux de trois enfants qui n'ont pu, selon lui, recevoir à temps les soins dont ils avaient besoin.
Le droit de manifester «ne comprend pas le blocage des voies, et peut encore moins prendre le dessus sur le droit à la vie des personnes qui ont besoin d'être transportées pour recevoir des traitements», est-il ajouté dans le communiqué.
L'autoroute centrale qui relie les Andes et constitue la principale voie d'importation de produits alimentaires vers Lima a notamment été fermée. Des centaines de camions sont bloqués. Le joyau touristique du Machu Picchu a fermé ses portes.
«Il n'y a pas de gaz ni d'essence. Dans les commerces on ne trouve que des denrées non périssables et tout est très cher, jusqu'à trois fois le prix normal», a expliqué vendredi à l'AFP Guillermo Sandino, un expert en marketing basé à Ica, à 300 km au sud de Lima.
Jeudi dans la capitale, plusieurs centaines de personnes se sont encore rassemblées, d'abord dans le calme. Mais des affrontements entre manifestants et policiers ont une nouvelle fois éclaté dans le centre historique de Lima.
Ils ont repris vendredi dans le centre historique de la capitale.
C'est dans les villes de Juliaca et Puno, à plus de 1350 km au sud de Lima, que les manifestations les plus violentes ont eu lieu.
Cette crise reflète surtout l'énorme fossé entre la capitale et les provinces pauvres, notamment la région andine du Sud, qui soutenaient M. Castillo et voyaient son élection comme une revanche sur ce qu'elles considèrent être le mépris de Lima.