Irlande du NordLa Première ministre d'Irlande du Nord annonce sa démission
ATS
28.4.2021 - 18:49
Victime des tensions créées par le Brexit en Irlande du Nord, la cheffe du gouvernement local, l'unioniste Arlene Foster a démissionné mercredi. Cette annonce ouvre une période d'incertitude politique dans la province britannique.
Keystone-SDA
28.04.2021, 18:49
29.04.2021, 08:01
ATS
Visée par une fronde au sein de son parti, le DUP, elle a annoncé qu'elle en quitterait la tête fin mai, puis son poste de chef du gouvernement local à la fin juin.
«Une fois qu'il sera élu, je travaillerai avec le nouveau dirigeant sur les arrangements de la transition», a-t-elle précisé dans une déclaration télévisée. «Le futur de l'unionisme et de l'Irlande du Nord ne pourra être trouvé dans la division», a-t-elle averti.
Un vide
Après avoir bloqué pendant longtemps les négociations sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, Arlene Foster n'avait pas réussi à empêcher l'instauration d'une frontière douanière entre l'Irlande du Nord et l'île de Grande-Bretagne, à l'origine de la colère des partisans de l'appartenance au Royaume-Uni et de violentes émeutes début avril.
Son départ laisse un vide à la tête du gouvernement local, partagé avec les républicains en vertu de l'accord de paix qui avait mis fin en 1998 à trois décennies de violences, dans une période difficile pour l'Irlande du Nord, qui s'apprête à célébrer son centenaire.
Le Brexit a réveillé les tensions communautaires à l'origine des Troubles, opposant catholiques partisans de la réunification avec l'Irlande, protestants favorables à la couronne, et armée britannique, qui ont fait 3500 morts jusqu'à l'accord de paix du Vendredi Saint.
Le paysage politique a «changé»
La vice-Première ministre d'Irlande du Nord, Michelle O'Neill, du parti républicain Sinn Fein, a appelé le futur dirigeant du très conservateur DUP à «prendre acte du fait que le paysage politique sur notre île a changé», estimant que la population souhaitait des réformes reflétant «une société moderne et progressiste».
Le ministre du gouvernement britannique chargé de l'Irlande du Nord, Brandon Lewis, a salué sur Twitter une élue «vraiment dévouée»: «De nombreux jeunes, notamment des jeunes femmes, seront inspirés par son exemple pour s'engager en politique».
«Faiseur de roi»
Arlene Foster, 50 ans, partisane convaincue de l'union de sa province avec la couronne britannique, était redevenue Première ministre de l'Irlande du Nord en janvier 2020, après avoir dû quitter son poste précédemment, empêtrée dans un scandale sur la gestion des subventions destinées aux énergies renouvelables.
Pendant les négociations sur le Brexit, le rôle de faiseur de roi du DUP au Parlement de Londres, où il assurait une fragile majorité au gouvernement de Theresa May, lui avait permis de peser sur les négociations avec Bruxelles, le parti se prononçant pour une séparation claire et nette avec l'UE.
Contrôles douaniers
Mais après la victoire écrasante des conservateurs de Boris Johnson aux législatives de 2019, qui a mis fin au rôle du DUP, cette avocate de formation n'a pu empêcher la mise en place de contrôles douaniers entre l'Irlande du Nord et la Grande-Bretagne.
Cette disposition prévue par l'accord du Brexit crée en mer d'Irlande une frontière douanière pour éviter le retour d'une séparation entre la province et la République d'Irlande, membre de l'UE.
Colère des unionistes
Le report de l'essentiel des contrôles décidé unilatéralement par Londres n'a pas empêché la colère des unionistes, au point de provoquer dix jours d'émeutes début avril, d'une violence inédite depuis des années.
Les portes des «murs de la paix» séparant quartiers unionistes et républicains ont été enflammés et plusieurs dizaines de policiers ont été blessés dans des affrontements avec des émeutiers, surtout dans des zones loyalistes à majorité protestante où le Brexit a nourri un sentiment de trahison et d'amertume.
Goutte d'eau alimentant la fronde: la décision de Mme Foster de s'abstenir lors du vote, en avril, par le Parlement local d'une motion appelant à interdire les thérapies de conversion pour homosexuels, une attitude jugée trop timide par les plus fondamentalistes de sa formation, à la vision ultra-conservatrice au chapitre des moeurs.
Selon un récent sondage de la BBC, une majorité d'Irlandais, du Nord comme de la république du Sud, croit à une réunification de l'île d'ici 25 ans.