Un policier a eu une main arrachée et quinze autres membres des forces de l'ordre ont été blessés plus légèrement à La Réunion. Au cinquième jour, la mobilisation est en baisse en France.
Les forces de l'ordre intervenaient contre les violences urbaines qui frappent l'île paralysée par les "gilets jaunes", a annoncé mercredi la préfecture.
Le policier, membre du GIPN, a eu la main arrachée lors de l'explosion accidentelle d'une grenade dans son véhicule alors qu'il était caillassé par de jeunes manifestants, a expliqué la préfecture. Cette dernière précise que parmi les autres blessés, on compte cinq gendarmes et dix policiers.
"Il a perdu une main cette nuit. Nous le vivons mal, cela aurait pu arriver à n'importe quel policier. La situation devient très très compliquée. L'enchaînement des jours, les déplacements à droite, à gauche, c'est très compliqué", a réagi Idriss Rangassamy, secrétaire départementale d'Alliance Police.
L'île a connu mardi soir une nouvelle nuit de violences, malgré le couvre-feu décrété par le préfet Amaury de Saint-Quentin de 21h à 6h, pour 14 des 24 communes. Selon les chiffres de la préfecture de La Réunion, il y a eu 38 interpellations mardi soir, et au total 108 depuis samedi.
Flambée de violences
Fortement impactée depuis cinq jours par le mouvement des "gilets jaunes", l'île de La Réunion est confrontée à une flambée de violences comme elle n'en avait plus connu depuis près de trente ans et qui a largement débordé la question du pouvoir d'achat.
"L'évolution du mouvement est intolérable: les blocages routiers durant la journée se transforment en violences urbaines la nuit", avait dénoncé mardi soir la ministre des Outre-mer Annick Girardin, en évoquant des violences commises par "des jeunes gens qui n'ont rien à voir avec les gilets jaunes".
Ecoles et collectivités fermées
A 12h00 (heure locale, 9h à Paris) mercredi, il y avait 25 barrages dressés partout sur les routes réunionnaises, selon la direction régionale des routes (DRR), la plupart bloquants.
Les stations services de l'île commencent à souffrir des blocages: la plupart sont à court de gaz, certaines ont commencé à rationner l'essence et le gasoil (pas plus de 20 euros par personne).
Les crèches, écoles, collèges, lycées et universités sont restés fermés mercredi. Certaines administrations et les services publics sont paralysés, les collectivités sont fermées.
Mobilisation en baisse
La mobilisation contre la hausse du prix du carburant était en forte baisse mercredi, au cinquième jour d'actions de blocage marquées par la violence. Mais des actes de "violences graves et répétées" sur certains points de blocage inquiètent les autorités, confrontées à une mobilisation sans organisateur ou leader clairement désignés.
"Les interventions des forces de l'ordre se poursuivront dans les heures qui viennent pour libérer les sites sensibles faisant encore l'objet de blocages", a ainsi prévenu le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, dans un communiqué dans la nuit. Depuis lundi, "30 sites stratégiques, dont 15 sites pétroliers, cinq accès à des zones commerciales et six accès et axes autoroutiers" ont été libérés, a détaillé le ministère.
Emmanuel Macron a déclaré, en ouvrant le conseil des ministres, que "la sévérité sera(it) de mise" contre "des comportements inacceptables", a indiqué le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux. "Il y a des souffrances légitimes qu'il faut entendre mais il y a aussi eu des comportements inacceptables. Il faut être intraitable sur l'ordre public", a-t-il ajouté devant la presse.
Deux personnes ont trouvé la mort: un motard décédé mardi après une collision la veille avec une camionnette qui tentait d'éviter un barrage dans la Drôme et une femme manifestante renversée par une automobiliste samedi en Savoie. 552 ont été blessées, auxquelles s'ajoutent 95 blessés parmi les forces de l'ordre, selon le ministère. Par ailleurs, 582 personnes ont été interpellées et 450 placées en garde à vue depuis samedi.
Quatre hommes ont été condamnés en Bretagne à des peines de quatre mois de prison ferme après des violences commises samedi. Un cinquième homme a été condamné à six mois de prison avec sursis par le tribunal de Laon (Aisne) pour avoir frappé un lieutenant de gendarmerie.
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