Présidentielle en Russie La Russie de Poutine: cinq moments clés

ATS

13.3.2024 - 08:24

Une volonté de puissance, une domination politique sans partage et des conflits armés. Après près d'un quart de siècle à la tête de la Russie et avant la présidentielle des 15-17 mars, voici cinq moments marquant de l'ère Vladimir Poutine.

Une femme se recueille sur la tombe du nouveau territoire du cimetière local, au troisième jour des funérailles des victimes de la crise des otages à Beslan, en Ossétie du Nord, le mardi 7 septembre 2004. 335 personnes ont trouvé la mort lors d'une prise d'otages. (KEYSTONE/EPA/Sergei Chirikov)
Une femme se recueille sur la tombe du nouveau territoire du cimetière local, au troisième jour des funérailles des victimes de la crise des otages à Beslan, en Ossétie du Nord, le mardi 7 septembre 2004. 335 personnes ont trouvé la mort lors d'une prise d'otages. (KEYSTONE/EPA/Sergei Chirikov)
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Le naufrage du Koursk

Quelques mois après son arrivée à la présidence, en août 2000, le sous-marin nucléaire Koursk sombre accidentellement dans l'Arctique. Alors que 118 personnes sont piégées à bord, M. Poutine n'interrompt pas ses vacances, mettant quatre jours pour finalement apparaître, décontracté, assurant que la situation est sous contrôle.

Lorsque, enfin, les autorités vont à la rencontre des familles des victimes, la mère d'un des marins crie sa colère et elle est anesthésiée contre son gré par injection face aux caméras. La femme s'écroule, les images font le tour du monde. Moscou finit par accepter l'aide étrangère une semaine après l'accident, mais l'ensemble de l'équipage a alors déjà péri. L'image de Poutine est ternie.

Beslan

C'est la rentrée scolaire le 1er septembre 2004 quand un commando tchétchène attaque l'école de Beslan, dans le Caucase russe. Plus de mille personnes sont retenues pendant 50 heures dans des conditions atroces. Le calvaire se solde par un bain de sang: quelque 330 morts, dont 186 enfants.

L'assaut des forces russes est alors pointé du doigt, comme deux ans plus tôt lors de la prise d'otage de la Doubrovka à Moscou, qui s'était soldée par au moins 170 morts, dont de nombreux civils tués par le gaz incapacitant des forces russes.

Mais M. Poutine, engagé depuis 1999 dans la deuxième guerre de Tchétchénie contre des rebelles indépendantistes et des islamistes, prône la manière forte, une intransigeance qui nourrit sa popularité et justifiera bien des exactions dans le Caucase russe. Le président russe considère néanmoins que Beslan restera «à vie» une «douleur personnelle».

Faux départ

La limite constitutionnelle de deux mandats consécutifs atteinte, M. Poutine confie en 2008 la présidence à Dmitri Medvedev et devient Premier ministre. Fin 2011, des manifestations sans précédent agitent Moscou pour protester contre des fraudes aux élections législatives et le retour annoncé de Vladimir Poutine à la présidence.

Rien n'y fait et l'homme fort de Russie retrouve le Kremlin au printemps 2012 et engage un tour de vis conservateur et répressif qui ne se démentira jamais. Aujourd'hui, il n'est plus question de départ, M. Poutine ayant fait réformer la Constitution en 2020 pour pouvoir se maintenir au Kremlin jusqu'en 2036, l'année de ses 84 ans.

Attaque contre l'Ukraine

Hiver 2014 à Sotchi, la Russie organise ses premiers Jeux olympiques depuis la chute de l'URSS, un moment de prestige international retrouvé mais qui ne sera que de courte durée.

Un mois plus tard, la Russie réplique à une révolution pro-occidentale en Ukraine en annexant la péninsule de Crimée, puis en pilotant dans la foulée une révolte séparatiste prorusse armée dans l'Est ukrainien. La crise est consommée avec les Occidentaux, qui adoptent de premières sanctions contre Moscou.

Après huit années d'affrontements entre séparatistes et forces ukrainiennes dans le Donbass, la Russie lance une invasion à grande échelle de l'Ukraine en février 2022 et annexe quatre régions du pays qu'elle occupe partiellement. Deux ans plus tard, les combats se poursuivent malgré la pluie de sanctions occidentales contre Moscou.

Rébellion de Wagner

En juin 2023, Evguéni Prigojine, sulfureux patron du groupe de mercenaires Wagner, mène une éphémère mutinerie contre les hauts gradés de l'armée russe qu'il accuse d'incompétence en Ukraine.

Les hommes de Wagner, engagés jusque-là dans les pires batailles du conflit mais aussi en Afrique et au Moyen-Orient, prennent rapidement le contrôle de sites militaires dans le Sud de la Russie et menacent de marcher sur Moscou. Bien qu'ils aient finalement renoncé à atteindre la capitale, cet épisode reste le moment le plus dangereux du quart de siècle de pouvoir de Vladimir Poutine.

Un accord d'amnistie est organisé à la hâte prévoyant le départ de Wagner pour le Bélarus, pays allié de Moscou. Deux mois plus tard, Evguéni Prigojine meurt dans un mystérieux crash d'avion. Le Kremlin nie être responsable de l'accident. De nombreux combattants de Wagner ont ensuite été intégrés à l'armée russe ou à d'autres structures.