KharkivLa Russie envoie des renforts après une percée ukrainienne
ATS
9.9.2022 - 21:08
L'armée russe a annoncé vendredi avoir envoyé des renforts en direction de la région ukrainienne de Kharkiv, réplique à une percée apparemment réussie des forces de Kiev dans cette zone frontalière de la Russie.
Keystone-SDA
09.09.2022, 21:08
09.09.2022, 23:51
ATS
Kiev a affirmé jeudi avoir reconquis quelque 1000 km2 dans cette région du Nord-Est ukrainien ces derniers jours, en particulier la ville de Balakliïa, ainsi qu'une vingtaine de localités. «C'est difficile, mais on avance», a déclaré sur Telegram le commandant en chef de l'armée ukrainienne, Valery Zaloujny.
Dans le village de Garkové, près de Kharkiv, repris aux forces russes il y a deux jours, des journalistes de l'AFP ont vu vendredi des destructions témoignant de la violence des combats, tandis que la police procédait à l'exhumation de deux corps, possiblement victimes d'un crime de guerre russe.
«C'était effrayant, il y avait des bombardements et des explosions partout», a raconté à l'AFP Anatoli Vassiliev, 61 ans, l'un des rares habitants à être resté à Garkové.
Evacuations
Malgré les gains territoriaux des forces ukrainiennes, le gouverneur de la région de Kharkiv, Oleg Sinegoubov a exhorté les habitants partis à ne pas revenir, faute d'électricité ou de gaz dans les villages repris aux Russes.
Les médias russes faisaient de leur côté état du déploiement de renforts dans cette direction, diffusant des vidéos montrant blindés, obusiers et camions roulant en grand nombre sur des routes non géolocalisées. Moscou n'a fait aucun commentaire sur ce déploiement, se contentant d'énumérer, comme chaque jour, les lourdes pertes que l'armée russe aurait infligées aux Ukrainiens.
Depuis Bruxelles, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a estimé que le déploiement de renforts par Moscou montre que la Russie paye «un énorme prix».
Signe de l'avancée ukrainienne, les autorités prorusses des territoires occupés dans la région ont pour leur part annoncé vendredi évacuer les habitants vers d'autres zones sous contrôle de Moscou ou en Russie.
«Combats acharnés»
Un haut responsable de l'administration d'occupation russe, Vitali Gantchev, a affirmé vendredi sur la chaîne de télévision russe Rossiya 24 que des «combats acharnés» étaient en cours autour de la ville de Balakliïa, que Kiev a dit jeudi avoir reconquise.
«Nous ne contrôlons plus Balakliïa. Des tentatives pour déloger les forces ukrainiennes sont en cours, mais les combats là-bas sont acharnés et nos troupes sont retenues aux abords» de la ville, a-t-il affirmé.
Selon lui, des combats ont aussi lieu près de la localité de Chevtchenkové, toujours dans la région de Kharkiv. «Les forces armées ukrainiennes essayent de briser les défenses. Des réserves depuis la Russie ont été envoyées là-bas, nos troupes ripostent», a-t-il ajouté.
Dans son bilan du soir, l'armée ukrainienne a assuré de son côté infliger des «pertes significatives» à son adversaire, disant noter une démoralisation des troupes russes.
Coupure de courant à Zaporijjia
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a de son côté fait état d'une «coupure totale de courant» dans la ville ukrainienne d'Energodar, où est située la centrale nucléaire de Zaporijjia, une situation qui «compromet la sécurité des opérations».
Outre la percée dans cette région, Kiev a revendiqué jeudi une série de succès dans le Sud et l'Est, affirmant avoir repris des territoires et de nombreuses localités.
S'ils sont consolidés, ces gains ukrainiens sont les plus importants pour l'Ukraine depuis le retrait des troupes russes des environs de Kiev fin mars.
En déplacement à Prague, Lloyd Austin, le secrétaire américain à la Défense, a salué les récents succès de l'Ukraine, notant que les armements occidentaux, comme les HIMARS américains, ont pu être employés pour «changer la dynamique sur le champ de bataille». «Nous voyons des succès à Kherson (sud) maintenant, des succès à Kharkiv, et donc tout ça est très, très encourageant», a-t-il dit.
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken était pour sa part à Bruxelles pour une réunion avec l'OTAN, où il compte insister sur «l'unité» des membres de l'organisation pour «s'assurer que notre Alliance soit aussi forte que possible pour dissuader la Russie de toute nouvelle agression».