Le Kremlin a mis en garde vendredi les Occidentaux contre toute ingérence militaire en Ukraine, sur fond de regain de tensions et de redéploiement de troupes russes qui inquiètent Américains et Ukrainiens.
Un engagement militaire de l'Otan en faveur de Kiev «entraînera des mesures supplémentaires de la partie russe pour assurer sa sécurité», a répondu à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Il a ensuite affirmé que «la Russie ne menace personne et n'a jamais menacé personne» et que sa rhétorique était «absolument constructive».
Les propos du responsable russe interviennent après les récentes déclarations de hauts responsables américains qui assuraient Kiev de leur soutien en cas d'agression russe, et dénonçaient les «escalades d'actes agressifs et provocateurs» de la Russie.
La relation russo-américaine est en outre à son plus bas, Moscou ayant rappelé son ambassadeur à Washington après que le président Joe Biden a qualifié son homologue Vladimir Poutine de «tueur».
Moscou est accusé par Kiev de rassembler des milliers de troupes à ses frontières pour préparer une éventuelle offensive en soutien aux séparatistes prorusses dans l'Est de l'Ukraine ou alors depuis la Crimée, péninsule ukrainienne annexée par la Russie en 2014.
Après une trêve record durant la deuxième moitié de 2020, la guerre dans l'est de l'Ukraine a vu depuis janvier une multiplication des heurts. Les deux camps s'imputent la responsabilité de l'escalade.
Vingt soldats ukrainiens ont été tués et 57 blessés depuis le début de l'année.
Pour M. Peskov, si ce conflit menace de repartir c'est du fait de «provocations répétées des forces armées de l'Ukraine».
Le renseignement militaire ukrainien a lui accusé Moscou de préparer «l'entrée» de ses «forces armées régulières» dans les territoires séparatistes «au motif d'y protéger» les habitants, auxquels la Russie a distribué des centaines de milliers de ses passeports.
Malgré ses multiples dénégations, la Russie apparaît comme le parrain politique et militaire des séparatistes de l'Est ukrainien.
La guerre, qui a fait plus de 13.000 morts, a commencé en 2014 après l'arrivée au pouvoir à Kiev de pro-occidentaux, qui avait été suivie de l'annexion de la Crimée par Moscou.
Les accords de paix de Minsk, négociés sous l'égide de la France et de l'Allemagne, sont au point mort.
Malgré l'escale verbale, la multiplication des heurts armés et les récents mouvements de troupes, la France veut croire que le conflit ne va pas dégénérer.
«Je ne crois pas qu'on aura une escalade mais on est très prudent. C'est pourquoi la France et l'Allemagne essaient de pousser le président russe et le président ukrainien à reprendre les discussions», a déclaré Clément Beaune, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes.