«Fuites d'huile» Nord Stream arrêté jusqu'à la réparation d'une turbine

ATS

2.9.2022 - 21:11

Le géant russe Gazprom a annoncé que le gazoduc Nord Stream, qui devait reprendre du service samedi après une maintenance, sera finalement «complètement» arrêté jusqu'à la réparation d'une turbine de ce pipeline vital pour l'approvisionnement des Européens.

La Russie prolonge l'arrêt d'un gazoduc crucial pour l'approvisionnement en Europe, un rebondissement qui va accentuer encore l'angoisse. (photo symbolique)
La Russie prolonge l'arrêt d'un gazoduc crucial pour l'approvisionnement en Europe, un rebondissement qui va accentuer encore l'angoisse. (photo symbolique)
ATS

Keystone-SDA

Dans un communiqué, Gazprom a indiqué vendredi soir avoir découvert des «fuites d'huile» dans la turbine, lors de cette opération de maintenance dans une station de compression située en Russie.

«Jusqu'à la réparation (...), le transport du gaz via Nord Stream est complètement suspendu», a indiqué le groupe, sans préciser combien de temps pouvait durer cette réparation.

Ce rebondissement va accentuer encore l'angoisse des Européens, qui se démènent pour éviter une crise énergétique cet hiver et accusent Moscou d'user du gaz comme d'une arme pour se venger des sanctions occidentales après l'offensive russe en Ukraine.

Le groupe Gazprom devait reprendre samedi ses livraisons de gaz via Nord Stream, qui relie la Russie au nord de l'Allemagne, après une nouvelle interruption de trois jours pour ces opérations de maintenance.

Gazprom a assuré avoir découvert cette «fuite d'huile» lors d'un contrôle technique effectué avec des représentants du groupe allemand Siemens, qui a fabriqué la turbine.

Le groupe russe fait état de cette fuite d'huile sur des «câbles reliés à des compteurs de vitesse d'un rotor». Sur Telegram, le groupe a publié une photo montrant des câbles entourés d'un liquide brunâtre.

Ces ennuis techniques empêchent d'assurer «une exploitation sécurisée du moteur de la turbine à gaz», soutient Gazprom, s'appuyant sur un avertissement de l'Agence civile russe de surveillance des industries.

Plus tôt dans la journée, le Kremlin avait affirmé qu'une seule turbine fonctionnait sur place et que l'activité de Nord Stream était «menacée» par une pénurie de pièces de rechange en raison des sanctions visant Moscou.

Moscou affirme notamment que ces sanctions empêchent la restitution d'une turbine Siemens qui avait été envoyée au Canada pour être réparée. L'Allemagne, où se trouve la turbine, assure que c'est la Russie qui bloque le retour de cette pièce-clé.

L'hiver approche...

Depuis le début de l'intervention militaire du Kremlin en Ukraine, fin février, la Russie a déjà cessé ses fournitures de gaz, via d'autres pipelines, à plusieurs pays de l'Union européenne, comme la Bulgarie et la Pologne.

Et, en juillet, Gazprom avait déjà procédé à dix jours de travaux de maintenance sur le gazoduc Nord Stream qui avait ensuite été remis en marche mais avec une nouvelle baisse des livraisons.

Un responsable allemand avait jugé l'interruption de cette semaine «incompréhensible sur le plan technique», y voyant une manoeuvre politique de la Russie.

«Nous ne pouvons plus nous fier à la Russie ou à Gazprom» pour respecter leurs engagements sur les livraisons de gaz, a répété cette semaine le ministre de l'Economie, Robert Habeck.

Il semble désormais que les craintes d'un arrêt total des livraisons russes à l'approche de l'hiver se confirment.

Pour compenser les quantités manquantes, les Européens s'efforcent de trouver d'autres fournisseurs et de réduire leur consommation sur fond d'explosion des prix du gaz sur les marchés et de spectre de récession.

Une coupure totale du gaz russe pourrait amputer d'un point la croissance française, a estimé le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire.

En Allemagne, l'activité devrait se contracter au second semestre, plombée par l'impact de l'envolée des prix de l'énergie sur le puissant secteur industriel.

Dans la première économie européenne, la menace de pénurie de gaz cet hiver semble cependant s'éloigner. Le pays se démène pour réduire sa dépendance à la Russie qui atteignait encore 55% des importations de gaz en février.

Les projets d'installation de plusieurs terminaux flottants permettant d'importer du gaz naturel liquéfié (GNL) ont connu une nette accélération en Allemagne: deux première unités devraient entrer en fonction cet hiver.

Une diversification qui «aidera à passer l'hiver sans perturbations majeures», selon le ministère allemand de l'Economie.