Diplomatie La Russie se retire du traité «Ciel ouvert» après Washington

ATS

15.1.2021 - 14:07

Le traité Ciel Ouvert donne à chacun des pays signataires le droit de conduire et l'obligation d'accepter des vols d'observation au-dessus de son territoire, afin de permettre le contrôle de leurs activités militaires et de leurs installations stratégiques (Archives).
Le traité Ciel Ouvert donne à chacun des pays signataires le droit de conduire et l'obligation d'accepter des vols d'observation au-dessus de son territoire, afin de permettre le contrôle de leurs activités militaires et de leurs installations stratégiques (Archives).
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La Russie a annoncé vendredi son retrait du traité «Ciel ouvert», qui permet le contrôle des mouvements militaires et des installations stratégiques des pays signataires. Cette décision acte pratiquement la fin de ce traité dont s'étaient déjà retirés les Etats-Unis.

Regrettant «des obstacles à la poursuite du fonctionnement du traité dans les conditions actuelles», le ministère russe des Affaires étrangères a annoncé dans un communiqué «commencer les procédures pour le retrait de la Fédération de Russie du traité Ciel ouvert».

Les Etats-Unis ont officiellement quitté le 22 novembre 2020 ce traité international, signé à l'origine par 35 pays et entré en vigueur en 2002.

Depuis cette date, «l'équilibre des intérêts des États participants (...) a été considérablement perturbé, de graves dommages ont été causés à son fonctionnement et le rôle du traité Ciel ouvert comme instrument de renforcement de la confiance et de la sécurité a été miné», estime la diplomatie russe.

Moscou assure pourtant avoir tout fait pour sauver le traité, mais que ses «propositions concrètes» n'ont «pas reçu le soutien des alliés des Etats-Unis».

Retrait «prévisible»

Le traité Ciel Ouvert donne à chacun des pays signataires «le droit de conduire et l'obligation d'accepter des vols d'observation au-dessus de son territoire», afin de permettre le contrôle de leurs activités militaires et de leurs installations stratégiques.

Pour Konstantin Kossatchev, président de la commission des Affaires étrangères du Parlement russe, le retrait russe était «prévisible». Selon lui, la Russie avait seulement demandé aux autres pays signataires, à commencer par les membres de l'Otan, de ne pas transférer à Washington les informations obtenues dans le cadre de «Ciel ouvert».

Ceux-ci n'ont pas répondu favorablement à cette demande, a-t-il précisé sur Facebook, expliquant que «la responsabilité de ce qui se passe, et c'est un scénario très malheureux, incombe entièrement aux États-Unis et à leurs alliés de l'Otan.»

Plus qu'un seul traité

Les Etats-Unis avaient accusé à plusieurs reprises ces dernières années la Russie de violer le traité «Ciel ouvert» et Donald Trump avait fini par annoncer en mai 2020 le retrait américain, entré en vigueur six mois plus tard.

L'annonce de Donald Trump avait provoqué une onde de choc chez ses alliés occidentaux et plusieurs pays européens, dont la France, l'Allemagne, la Belgique et l'Espagne, avaient regretté publiquement le retrait américain, tout en assurant partager les préoccupations de Washington et avoir conscience des violations reprochées aux Russes.

Parmi celles-ci, figurait une interdiction aux avions alliés de s'approcher de moins de 500 kilomètres de l'enclave russe de Kaliningrad, entre la Lituanie et la Pologne, et de dépasser de 10 kilomètres la frontière entre Russie et Géorgie.

Faiblesse stratégique

Le Traité Ciel ouvert avait été conçu pour «promouvoir la confiance et la prévisibilité» sur les activités militaires des pays signataires.

Sans la Russie, la portée stratégique de ce traité sera désormais très diminuée puisqu'il ne comprend parmi ses pays signataires que des puissances occidentales, pour la plupart membres de l'Otan.

Ces dernières années ont été marquées par la fin de nombreux traités de désarmement ou de contrôle des armements signés entre les deux anciens rivaux de la Guerre froide.

Il ne reste en vigueur que le traité New Start, qui limite les arsenaux des deux puissances nucléaires à un maximum de 1550 ogives déployées chacun, signé en 2010. Mais ce traité est lui-même sous pression puisqu'il arrive à expiration et Washington et Moscou ont jusqu'au 5 février pour le prolonger.

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