Législatives allemandes La succession d'Angela Merkel redevient incertaine 

ATS

11.8.2021 - 12:01

Il faisait figure jusqu'ici de favori des élections allemandes. Mais le dauphin désigné d'Angela Merkel, Armin Laschet, a lancé mercredi sa campagne au milieu de sondages en forte baisse qui pourraient rebattre les cartes du scrutin.

Keystone-SDA

Armin Laschet a lancé sa campagne dans un centre d'entraînement de boxe pour les jeunes à Francfort.
Armin Laschet a lancé sa campagne dans un centre d'entraînement de boxe pour les jeunes à Francfort.
ATS

C'est par une visite dans un centre d'entraînement de boxe pour les jeunes à Francfort que le chef de file des conservateurs allemands a ouvert son marathon de réunions publiques qui doivent le conduire jusqu'au verdict des législatives du 26 septembre. Mais si l'impétrant avait pour objectif d'envoyer par ce déplacement un message de «battant» sûr de sa force, l'effet risque d'être limité.

«Sondage choc!», titre mercredi le quotidien Bild, le plus lu d'Allemagne. Une enquête Forsa pour RTL Allemagne n'accorde au camp conservateur que 23% des suffrages. Soit 13 points de moins qu'en début d'année et alors qu'il était à environ 30% il y a encore quelques semaines.

Armin Laschet est désormais talonné par les Verts (20%) et même les sociaux-démocrates du SPD, longtemps en perdition et désormais en hausse à 19% sous la houlette de l'actuel ministre des Finances Olaf Scholz, qui joue avec succès la carte de la «compétence».

Inondations meurtrières

Armin Laschet est pénalisé par sa gestion des inondations meurtrières de juillet. Le candidat conservateur est en effet aussi le ministre-président de Rhénanie du Nord-Westphalie, un des deux Länder les plus touchés par cette catastrophe. Or, les autorités sont accusées depuis des semaines de ne pas avoir prévenu à temps les populations en dépit des avertissements des services météo.

Lors d'une récente visite dans sa région, Armin Laschet a même été pris à partie par des habitants sinistrés qui se plaignent de la lenteur des aides publiques alors qu'ils ont tout perdu.

Armin Laschet n'a pas non plus amélioré ses affaires en étant filmé hilare au côté du président Frank-Walter Steinmeier venu en juillet rendre hommage aux dizaines de victimes. Une gaffe qui lui a valu de nombreuses critiques et qui l'a contraint à s'excuser publiquement.

«Embourbé»

Le candidat conservateur à la chancellerie «est embourbé dans la campagne électorale», juge le magazine Der Spiegel. Et ce alors que ce centriste peine toujours à faire l'unanimité dans son propre camp: ce dernier ne l'a choisi qu'au terme d'une primaire très disputée face à son rival bavarois Markus Söder, nettement plus populaire dans l'opinion.

Enfin, Armin Laschet est visé par des accusations de plagiat à propos d'un livre qu'il a récemment publié. Il se voit reprocher d'avoir utilisé, sans les citer, des contributions d'un politologue, un discours d'un responsable de la communauté juive et même des articles de Wikipedia.

Jusqu'alors c'est sa rivale écologiste, Annalena Baerbock, qui avait été fragilisée par des accusations similaires. Ajoutées à d'autres bourdes et à un début de campagne raté, elles avaient provoqué une chute des Verts dans les sondages, un temps donnés en tête des intentions de vote au printemps.

Rebond du SPD

Désormais, les cartes semblent à nouveau rebattues à six semaines du scrutin. Les conservateurs d'Angela Merkel, même s'ils restent en tête, sont dans une spirale négative et ne sont plus totalement assurés de conserver la chancellerie.

Les déboires de la droite allemande et des écologistes font le bonheur des sociaux-démocrates, qui se reprennent à espérer. «La lutte est ouverte», a proclamé mercredi un dirigeant du SPD, Lars Klingbeil.

«Baerbock commet de graves erreurs, Armin Laschet commet de graves erreurs et les gens se demandent qui dispose du sérieux nécessaire à la direction du pays. C'est sur ce point que nous voulons convaincre», a-t-il ajouté.

Quoi qu'il advienne, la formation d'une coalition gouvernementale majoritaire au Parlement après les élections s'annonce comme un casse-tête, avec plusieurs combinaisons possibles faute pour un seul mouvement de devancer largement les autres.