NigerLa tentative de putsch n'est pas «définitive» pour Paris
ATS
28.7.2023 - 06:50
La France ne considère pas comme «définitive» la «tentative» de coup d'Etat mercredi au Niger, a déclaré vendredi la ministre française des affaires étrangères. Le président français Emmanuel Macron a parlé à plusieurs reprises à son homologue nigérien Mohamed Bazoum.
Keystone-SDA
28.07.2023, 06:50
ATS
«Nous demandons la libération» de M. Bazoum, «qui est le président démocratiquement élu», a ajouté Catherine Colonna, en marge de la visite de M. Macron en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Des militaires putschistes séquestrent Mohamed Bazoum depuis mercredi soir.
Le président nigérien «dit qu'il est en bonne santé et nous souhaitons non seulement qu'il soit libéré mais libéré en totale sécurité lui et sa famille comme préalable au retour à l'ordre constitutionnel», a exhorté la ministre.
A Niamey, l'armée a apporté jeudi son soutien aux militaires putschistes. Ces derniers ont accusé la France, dont 1500 soldats sont au Niger, d'avoir enfreint la fermeture des frontières en faisant atterrir un avion militaire à l'aéroport international de Niamey.
La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CÉDÉAO) «exige la libération immédiate du président Mohamed Bazoum». Selon la cheffe de la diplomatie française, «la CÉDÉAO s'est expliquée avec la plus grande clarté» et «va tenir une réunion au sommet vraisemblablement dimanche.»
«Des possibilités de sortie»
«La France condamne avec la plus grande fermeté la tentative de coup d'Etat», a réaffirmé Mme Colonna vendredi. «Si vous m'entendez parler de tentative de coup d'Etat, c'est que nous ne considérons pas que les choses sont définitives», a encore déclaré la ministre. Elle a évoqué «des possibilités de sortie si les responsables de cette tentative entendent le message de la communauté internationale».
Après le Mali et le Burkina Faso, le Niger, jusqu'alors allié des pays occidentaux, devient le troisième pays du Sahel, miné par les attaques de groupes liés à l'Etat islamique et à Al-Qaïda, à connaître un coup d'Etat depuis 2020. Le Mali et le Burkina Faso se sont tournés vers la Russie après avoir exigé le départ des soldats français de leur sol.
Les militaires putschistes ont annoncé «la suspension jusqu'à nouvel ordre des activités des partis politiques» et appelé «la population au calme» après des incidents lors d'une manifestation à Niamey organisée pour les soutenir, pendant laquelle flottaient des drapeaux russes et des slogans anti-français étaient scandés.
Des jeunes ont pillé l'immeuble du siège du parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS, au pouvoir), à quelques kilomètres du rassemblement, et mis le feu à des voitures garées sur le parking, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Dégradation de la sécurité
Les militaires putschistes ont annoncé mercredi soir à la télévision nationale avoir renversé Mohamed Bazoum, au pouvoir depuis 2021, suite à «la dégradation continue de la situation sécuritaire, la mauvaise gouvernance économique et sociale».
La junte, qui rassemble tous les corps de l'armée, de la gendarmerie et de la police, a suspendu les institutions, fermé les frontières terrestres et aériennes et instauré un couvre-feu de 22h00 à 05h00.
Le putsch a été vivement condamné par tous les autres partenaires du pays. Le Niger est un partenaire privilégié de la France dans le Sahel et son histoire est jalonnée de coups d'Etat depuis l'indépendance de cette ex-colonie française en 1960.