Dès le 1er novembre La Thaïlande rouvre aux touristes vaccinés après un an et demi

ATS

28.10.2021 - 07:37

Hôteliers, vendeurs ambulants, chauffeurs de tuk-tuks sont sur le pied de guerre à Bangkok: la Thaïlande rouvre à partir du 1er novembre aux touristes vaccinés après un an et demi de verrouillage dévastateur.

28.10.2021 - 07:37

Un travailleur désinfecte les sièges à côté des ceintures de récupération des bagages en vue de la réouverture du pays à l'aéroport international Suvarnabhumi de la province voisine de Samut Prakan de Bangkok, Thaïlande, le 27 octobre 2021.
Un travailleur désinfecte les sièges à côté des ceintures de récupération des bagages en vue de la réouverture du pays à l'aéroport international Suvarnabhumi de la province voisine de Samut Prakan de Bangkok, Thaïlande, le 27 octobre 2021.
KEYSTONE

La crise a laissé l'industrie du tourisme exsangue avec à peine plus de 73'000 visiteurs étrangers dans le royaume sur les huit premiers mois de 2021, contre près de 40 millions en 2019. Les pertes se chiffrent par dizaines de milliards de dollars avec plus de 3 millions de personnes qui ont perdu leur emploi.

Bangkok, ville la plus visitée au monde avant la pandémie, mettra longtemps à panser ses blessures, avertissent les professionnels du secteur. Le quartier de Chinatown, paradis incontournable de la street food pour les voyageurs avant la crise, est sinistré. Au pied des enseignes lumineuses aux couleurs criardes, beaucoup d'échoppes ont baissé le rideau et les chauffeurs de tuk-tuks sont désoeuvrés.

Samran, conducteur depuis 25 ans, ne gagne plus que trois dollars par jour. «Je n'ai pas pris en charge un seul touriste depuis avril 2020», date à laquelle la Thaïlande s'est fermée aux vols internationaux, se lamente-t-il.

Règles assouplies

Depuis, les autorités ont rouvert les frontières mais imposé une quarantaine stricte de 14 jours dans un hôtel homologué, décourageant les visiteurs.

Les règles ont été assouplies à partir de juillet uniquement pour les arrivées internationales sur l'île de Phuket (sud), mais cela n'a attiré que quelques dizaines de milliers de personnes, une goutte d'eau.

Pour éviter de faire sombrer un secteur qui représentait près de 20% du PIB avant la pandémie, le gouvernement supprime, à partir du 1er novembre, la quarantaine pour les voyageurs vaccinés en provenance d'une quarantaine de pays considérés «à faible risque» (Chine, Etats-Unis, Australie, France, Royaume-Uni, Allemagne..).

Ils devront fournir un test Covid négatif effectué dans le pays d'origine, en faire un second dans les 24 heures qui suivent leur arrivée, et séjourner une nuit à l'hôtel.

«Pas près de revoir les Chinois»

«Les affaires vont repartir», espère Thanansat qui vend du canard laqué depuis 10 ans à Chinatown. «Mais on n'est pas près de revoir les Chinois», de loin le premier marché (plus de 25% des arrivées touristiques en Thaïlande en 2019). Toute personne qui quitte la Chine reste soumise à une quarantaine d'au moins 14 jours à son retour, de quoi dissuader.

Quant aux Indiens et aux Russes, deux autres grands marchés pour la Thaïlande, rien ne dit qu'ils pourront bientôt faire partie des pays éligibles.

«On attend vraiment que le gouvernement thaïlandais lève l'interdiction sur l'alcool qui ne motive pas les touristes à revenir», commente Daniel Kerr, directeur du Chatrium Hôtel, un cinq étoiles de 400 chambres aux bords du fleuve Chao Praya.

Le taux d'occupation de l'établissement s'est effondré à moins de 10% au pire de la crise. Et pour les fêtes de fin d'année, plus de la moitié des chambres sont réservées... à 85% par des clients thaïlandais.

Mais «la tendance est encourageante», assure le directeur. «On a réussi à garder la majorité de nos équipes et on va embaucher à nouveau». Trouver du personnel qualifié est difficile. «Beaucoup d'employés sont rentrés dans leur province et ne vont pas revenir rapidement. Il y a encore trop d'incertitudes».

Flexibilité, compétitivité

En attendant, le Chatrium, comme beaucoup d'hôtels, s'adapte. Trois mots d'ordre: sécurité contre le Covid-19; flexibilité pour permettre au client de modifier facilement sa réservation; compétitivité afin de proposer le tarif le plus attractif possible face à la concurrence qui s'annonce très forte.

Du côté des autorités, on se veut rassurant. «Nous faisons tout pour que la réouverture soit durable», commente à l'AFP Pongsakorn Kwanmuang, porte-parole de la Bangkok Metropole Administration (BMA). Quelque 70% des Bangkokiens sont déjà entièrement vaccinés et les précautions sanitaires restent importantes.

La BMA anticipe que l'industrie du tourisme retrouvera un niveau normal «vers la mi-2022». Mais les professionnels du secteur sont plus pessimistes et tablent sur 2024.

«Je ne survivrai pas», s'inquiète Samran qui ne reçoit aucune aide du gouvernement. «Qu'attendent-ils? Que je mendie dans les rues? Que je meurs de faim?».

ATS