TaïwanLai Ching-te prête serment en tant que président de Taïwan
ATS
20.5.2024 - 03:52
Le nouveau président de Taïwan Lai Ching-te a prêté serment lundi, succédant à Tsai Ing-wen, dont les huit années de mandat ont été marquées par une détérioration des relations avec Pékin. Il a appelé la Chine à «cesser ses intimidations politiques et militaires».
Keystone-SDA
20.05.2024, 03:52
20.05.2024, 07:44
ATS
M. Lai a effectué sa prestation de serment au palais présidentiel de Taïpei, selon les images vidéo officiel, de même que la nouvelle vice-présidente, Hsiao Bi-khim.
Dans son discours d'investiture, il a appelé la Chine à «cesser ses intimidations politiques et militaires contre Taïwan, partager avec Taïwan la responsabilité envers le monde du maintien de la paix et de la stabilité dans le détroit de Taïwan, ainsi que dans l'ensemble de la région, et à veiller à ce que le monde soit libéré de la peur de la guerre».
«Je tiens également à remercier mes concitoyens d'avoir refusé de se laisser influencer par des forces extérieures et d'avoir résolument défendu la démocratie», a-t-il ajouté, affirmant que «l'ère glorieuse de la démocratie taïwanaise est arrivée».
Censuré sur Weibo
Issu du parti démocrate progressiste (PDP), le même mouvement que sa prédécesseure, M. Lai s'est décrit par le passé comme un «artisan pragmatique de l'indépendance de Taïwan». Il a depuis lors adouci son discours, défendant le maintien du «statu quo» dans le détroit de Taïwan.
Son franc-parler et sa posture lui attirent l'ire de Pékin, qui l'a qualifié de «dangereux séparatiste» conduisant Taïwan sur le chemin «de la guerre et du déclin».
Le réseau social Weibo, équivalent chinois de la plateforme X (ex-Twitter), a d'ailleurs bloqué lundi les hashtags liés au nouveau président taïwanais, empêchant qu'il devienne tendance sur le réseau social le jour de son investiture.
Parmi les 51 délégations internationales invitées, dont les Etats-Unis, le Japon et le Canada, huit chefs d'Etat ont été conviés pour marquer leur soutien à la démocratie taïwanaise.
Taïwan souffre d'un manque de reconnaissance diplomatique, ne disposant que de 12 alliés sur la scène internationale. L'île jouit pourtant de ses propres institutions, d'une armée et bat monnaie: le nouveau dollar de Taïwan.
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a félicité dans un communiqué M. Lai Ching-te, dont l'investiture est, selon lui, le signe d'un «système démocratique résilient». M. Blinken a dit espérer que Taïpei et Washington puissent renforcer leurs relations et maintenir la «paix et la stabilité» dans la région du détroit de Taïwan.
Défis internes
La majorité des 23 millions d'habitants estime également disposer d'une identité propre taïwanaise, distincte de la Chine.
S'inscrivant dans la continuité de sa prédécesseure, Lai Ching-te devrait augmenter les dépenses militaires et renforcer les liens avec certaines puissances, dont les Etats-Unis qui sont le principal fournisseur d'armes à Taïwan.
Pékin menace depuis longtemps de recourir à la force pour placer Taïwan sous son contrôle, en particulier si l'île déclare son indépendance. Le président chinois Xi Jinping a multiplié les déclarations selon lesquelles l'"unification» est «inévitable».
Avant l'investiture de M. Lai, le bureau des affaires taïwanaises de Pékin, qui gère les questions liées au détroit, a déclaré que «l'indépendance de Taïwan et la paix dans le détroit» sont «comme l'eau et le feu».
Les gardes-côtes taïwanais ont indiqué dimanche avoir intensifié leurs patrouilles au cours du week-end, en amont de la cérémonie de lundi, dans les eaux proches de l'archipel où les navires chinois ont accru leur présence.
En plus de la menace chinoise, Lai Ching-te devra faire face à de nombreux autres défis au cours de son mandat. Le PDP a perdu sa majorité au Parlement, où une bagarre a éclaté vendredi entre des élus des trois partis qui y sont représentés, ce qui pourrait compliquer la tâche de M. Lai pour faire adopter ses réformes.