Autriche L'ancien chef de l'extrême droite  écope de 15 mois de prison avec sursis

ATS

27.8.2021 - 13:31

L'ancien chef de l'extrême droite autrichienne a été condamné vendredi par le tribunal de Vienne à 15 mois de prison avec sursis dans une affaire de corruption liée au scandale de l'Ibizagate. Il était tombé en disgrâce il y a deux ans.

Heinz-Christian Strache a systématiquement démenti tout acte répréhensible.
Heinz-Christian Strache a systématiquement démenti tout acte répréhensible.
ATS

Heinz-Christian Strache est soupçonné d'avoir oeuvré pour favoriser un de ses proches en échange de dons à son parti et de vacances au soleil. «La chronologie des événements ne laisse pas de place au doute», a déclaré la juge Claudia Moravec-Loidolt à l'issue du procès.

«Les avantages reçus sont irréfutables», avait argué un peu plus tôt le procureur Bernhard Weratschnig, sous le regard attentif du prévenu de 52 ans, costume sombre et cravate bordeaux. «Chaque euro est un euro de trop», avait-il dit, soulignant que les détenteurs de mandat public doivent se tenir au-dessus de tout soupçon.

Strache nie tout acte répréhensible

Au cours des débats, qui se sont déroulés sur quatre jours début juillet avant de reprendre cette semaine, M. Strache a systématiquement démenti tout acte répréhensible. «Je n'ai jamais reçu aucune faveur dans ma vie, j'ai agi par conviction», a-t-il martelé.

L'ex-président du puissant Parti de la Liberté (FPÖ) et vice-chancelier a vu son sort basculer en mai 2019: une vidéo tournée deux ans plus tôt sur l'île espagnole d'Ibiza fuite alors dans la presse.

Filmé en caméra cachée, on le voit proposer des marchés publics à une femme se faisant passer pour la nièce d'un oligarque russe, en échange d'un soutien électoral.

Elections anticipées et investigations

La séquence fait l'effet d'une déflagration, provoquant l'éclatement de la coalition unissant le FPÖ et les conservateurs du chancelier Sebastian Kurz et des élections anticipées dans l'Etat alpin.

Sur le front judiciaire, l'épisode aboutit au lancement d'investigations tous azimuts contre plusieurs responsables influents.

Textos compromettants

C'est dans ce cadre que le téléphone portable de M. Strache est saisi et que les enquêteurs découvrent des textos compromettants.

Selon l'accusation, il serait intervenu pour faire modifier la loi afin qu'une clinique privée soit rattachée à la sécurité sociale. La législation sera finalement modifiée une fois l'extrême droite parvenue au pouvoir, permettant à l'établissement de bénéficier de fonds publics.

En contrepartie, le patron de cette clinique, Walter Grubmüller aurait invité le politicien en Grèce et versé 10'000 euros à son parti. Il a pour sa part écopé de 12 mois de prison avec sursis. Il s'agit d'"un délit grave, pas d'une bagatelle», selon le parquet.

Lors du procès, un deuxième don au FPÖ, d'un montant de 2000 euros, a fait surface. Heinz-Christian Strache nie avoir voyagé à Corfou après être devenu vice-chancelier et assure ne pas avoir eu connaissance au préalable du versement de telles sommes.

Autres révélations

Depuis sa démission fracassante dans le sillage du scandale, d'autres révélations sont venues accabler l'ancien numéro deux du gouvernement.

M. Strache est ainsi accusé d'avoir détourné plus d'un demi-million d'euros des caisses du FPÖ pour financer son luxueux train de vie, pendant ses 14 années à la tête du parti. Se disant victime d'une campagne de diffamation, il a tenté, sans succès, un retour aux municipales de Vienne en octobre 2020.

De son côté, le FPÖ, miné par les divisions, est tombé de 26% dans les urnes en 2017 à tout juste 16% en 2019. Il s'est récemment doté d'un nouveau chef, l'ancien ministre de l'Intérieur Herbert Kickl, connu pour sa rhétorique hostile à l'islam et aux migrants.

Kurz aussi inquiété

Longtemps resté au-dessus de la mêlée, le chancelier Sebastian Kurz, qui a désormais noué alliance avec les Verts, a pour sa part été rattrapé par la justice en mai.

L'ambitieux «Wunderkind» est visé par une enquête sur des soupçons de faux témoignage devant une commission parlementaire d'enquête sur des faits de corruption, mise sur pied dans la foulée de l'Ibizagate.

Le jeune dirigeant, qui a 35 ans ce vendredi, a rejeté toute faute et refusé de démissionner, même en cas d'inculpation.