FootballLe Bélarus défie le coronavirus, jusqu'où ?
ATS
28.3.2020 - 10:01
Le championnat de foot continue, les restaurants sont ouverts et le président qualifie la crise du coronavirus de «psychose».
Le Bélarus est l'exception en Europe, se refusant à arrêter le pays pour endiguer la pandémie de Covid-19.
Ex-république soviétique située aux portes de l'Union européenne, le Bélarus ne compte que 88 cas officiellement recensés de nouveau coronavirus, et aucun décès.
Depuis le début de la crise, son président depuis 1994, Alexandre Loukachenko, droit dans ses bottes, refuse les mesures de confinement. La semaine dernière, il a même dénoncé une «psychose», affirmant que la «panique» en découlant était plus dangereuse que le virus lui-même.
Habitué des envolées verbales, il avait auparavant appelé ses 9,5 millions de concitoyens à continuer de travailler, à aller aux champs, à conduire des tracteurs – que son pays produit en masse – car «le tracteur guérit tout le monde».
Vodka et sauna figurent aussi au rang de ses remèdes miracles.
Foot toujours
Seul d'Europe à continuer, le championnat bélarusse de football est le symbole de cette approche.
Uniques mesures mises en place, des caméras thermiques vérifient la température des spectateurs à l'entrée des stades, lesquels sont désinfectés deux fois par jour.
Conséquence, la méconnue «Vysshaya Liga» est l'attraction du moment. La télévision publique russe Match TV a acheté les droits et l'ex-star locale Aliaksandr Hleb a suggéré, dans la presse allemande, que Messi et Cristiano Ronaldo viennent y jouer.
«Nous avons pris toutes les mesures recommandées par le ministère des Sports. Tous ceux qui sont en contact avec les supporters (...) sont munis de gants», assure à l'AFP le porte-parole la Fédération bélarusse de football, Alexandre Aleïnik.
La baisse de la fréquentation est tout de même notable: -50% la semaine dernière par rapport à la saison dernière, ce qui permet de «disperser les fans dans les tribunes», selon Alexandre Aleïnik.
Changement de ton
Depuis mardi, le ton a néanmoins commencé à changer. Lors d'une rencontre avec l'ambassadeur de Chine, Alexandre Loukachenko a assuré que son pays «contrôle très sérieusement» la situation et les journaux des télévisions publiques ont soudainement commencer à parler de la pandémie. Mais ils répètent qu'un confinement généralisé n'est pas une solution.
La capitale Minsk est, elle, plus calme ces derniers jours, les plus de 65 ans étant invités à rester chez eux et les élèves autorisés à ne pas venir en classe.
Aux heures de pointe, le métro n'est plus rempli, de nombreuses entreprises étant passées au télétravail.
Mais bars, cafés et magasins restent ouverts, sans consignes particulières à destination des clients.
Ivan, un employé d'une entreprise de nouvelles technologies en télétravail depuis trois semaines, explique à l'AFP ainsi que chaque soir il retrouve ses amis «à la salle de sport ou dans un café».
Les autorités justifient la souplesse des mesures par le strict confinement des malades. La vice-ministre de la santé, Elena Bogdan, a assuré que tous les porteurs du coronavirus, même asymptomatiques, étaient isolés et hospitalisés. Les gens les ayant côtoyés sont tous mis en quarantaine.
Sévèrement réprimée, l'opposition bélarusse dénonce elle une politique mortifère.
«Les autorités préparent d'énormes économies sur les pensions de retraites», a lancé l'opposant Mikola Statkevitch dans un message vidéo, référence aux ravages que la maladie fait chez les plus vieux à travers le monde.
Autre raison, selon des analystes, le pays connait déjà des difficultés économiques du fait de tensions avec son principal partenaire, la Russie.
«Et avec le ralentissement mondial, la situation est encore pire. Apparemment, Loukachenko a décidé qu'arrêter l'économie serait suicidaire» pour le pays, indique dans une note l'analyste Artiom Chraïbman.
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