Coronavirus Le bilan de la pandémie grimpe toujours

ATS

8.4.2020 - 23:50

Des promeneurs profitent de la levée de la quarantaine à Wuhan, en Chine, épicentre de la pandémie.
Des promeneurs profitent de la levée de la quarantaine à Wuhan, en Chine, épicentre de la pandémie.
Source: KEYSTONE/EPA/ROMAN PILIPEY

L'économie mondiale se prépare à un repli historique sous l'effet du nouveau coronavirus. Le bilan ne cesse de grimper inexorablement, avec plus de 60'000 décès au total depuis le début de la pandémie.

Selon l'Organisation mondiale du commerce (OMC), la chute du commerce mondial pourrait atteindre 32% en 2020. Les échanges commerciaux devraient accuser une baisse à «deux chiffres» dans «presque toutes les régions» de la planète, a-t-elle prévenu, prédisant une contraction du commerce «probablement supérieure» à celle causée par la crise financière mondiale de 2008-2009.

Conséquence du confinement – plus de la moitié de l'humanité vit contrainte ou incitée par les autorités à rester chez elle -, des «secteurs entiers des économies nationales ont été fermés» ou «directement touchés»: les transports, les voyages, l'hôtellerie, la restauration, le commerce de détail non essentiel, le tourisme, «une part importante de l'activité manufacturière»...

L'Organisation internationale du travail (OIT) a prévenu quant à elle que 1,25 milliard de travailleurs risquent d'être directement affectés.

«Depuis le début de cette crise, nous sommes assis à la maison, plus un sous ne rentre», se lamentait Mohamed Said, charpentier de 36 ans au Caire et père de trois enfants, forcé de faire la queue pour une distribution d'aide alimentaire. «Nous ne savons plus comment nourrir nos enfants (...).»

77 jours!

La France a annoncé mercredi une baisse d'environ 6% de son produit intérieur brut (PIB) au premier trimestre. Locomotive du continent européen, l'Allemagne table sur un recul de près de 10% au deuxième trimestre.

Face à cette crise inédite, l'UE continue pourtant de se déchirer: après une nuit de discussions, ses 27 ministres des Finances ne sont pas parvenus à s'entendre sur une réponse économique commune.

«Un échec est impensable», a affirmé le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire, tandis que son homologue italien Roberto Gualtiere a appelé à «la solidarité et des choix courageux». Mais l'Allemagne et les Pays-Bas ont réaffirmé leur refus d'une mutualisation des dettes publiques pour relancer l'économie. En soirée, la présidente de la BCE Christine Lagarde a appelé les Etats européens à «être côte à côte» pour répondre à la crise.

Aux Etats-Unis, l'administration de Donald Trump a engagé de nouvelles discussions avec le Congrès pour débloquer 250 milliards de dollars supplémentaires pour préserver l'emploi. Les démocrates ont réclamé 500 milliards supplémentaires.

En Chine, des dizaines de milliers de passagers se sont rués mercredi dans les gares de Wuhan, à la faveur de la levée du blocage imposé fin janvier dans cette mégapole de 11 millions d'habitants d'où est partie l'épidémie.

«Je me suis levée à 4 heures aujourd'hui. Ça fait tellement de bien!«, explique Hao Mei, une jeune femme de 39 ans, avant de monter dans le train pour rejoindre ses enfants dont elle a été privée pendant plus de deux mois. «Je suis coincé ici depuis 77 jours! 77 jours!«, s'est écrié un autre homme sur le départ.

Les contrôles sanitaires restent toutefois stricts, les autorités craignant une deuxième vague d'épidémie.

«Jouer avec le feu»

Seuls deux morts ont été recensés au cours des dernières 24 heures en Chine, pour un bilan officiel de 3333 décès, mais contesté notamment par les autorités américaines, qui accusent Pékin d'avoir sous-évalué le nombre de victimes et contribué à la propagation planétaire du virus.

Le président Trump s'est aussi emporté contre l'Organisation mondiale de la santé (OMS), jugée trop proche à ses yeux de Pékin. Il a notamment critiqué sa décision de se prononcer contre la fermeture des frontières aux personnes provenant de Chine au début de l'épidémie. «L'OMS s'est vraiment plantée», a-t-il écrit dans un tweet, menaçant de suspendre le financement américain à l'agence onusienne.

«Ne politisez pas le virus», a rétorqué l'agence onusienne. «Pas besoin d'utiliser le Covid pour marquer des points politiques! (...) Vous avez beaucoup d'autres moyens de faire vos preuves», a lancé son patron, l'Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, appelant à ne pas «jouer avec le feu». Le monde doit «rassembler son énergie», les «Etats-Unis et la Chine devraient s'unir pour combattre ce dangereux ennemi».

En nombre de cas, les Etats-Unis sont aujourd'hui le pays le plus touché, avec près de 400'000 contaminations officiellement recensées. Au coeur de la tourmente, l'Etat de New York a enregistré un nouveau record de décès, avec 779 morts en 24 heures, et «nous ne sommes absolument pas sortis d'affaire», même si la progression de la pandémie se stabilise, selon le gouverneur Andrew Cuomo.

L'Italie reste le pays le plus endeuillé avec 17'127 décès, suivie de l'Espagne (14'555), des Etats-Unis (12'911) et de la France (10'869, dont 541 en 24 heures).

Dans ce dernier pays, il y avait mercredi un total de 7148 cas graves en réanimation, «un record absolu» depuis le début de l'épidémie. Celle-ci est «toujours très active» même si l'augmentation nette du nombre de patients en réanimation est de moins en moins forte, selon les autorités sanitaires. Le confinement, en vigueur depuis la mi-mars, «va être prolongé» au-delà du 15 avril, a annoncé la présidence de la République.

En Grande-Bretagne, un nouveau plafond de 938 morts a été recensé en 24 heures, pour plus de 7000 en tout. La santé du Premier ministre Boris Johnson, en soins intensifs depuis trois jours dans un hôpital londonien après avoir été contaminé au Covid-19, «s'améliore» selon son ministre des Finances.

«Infos coronavirus 2020»

Un peu partout en Europe, on scrute les chiffres pour y déceler le moindre signe d'espoir. En Espagne, si le bilan quotidien est reparti à la hausse pour le deuxième jour consécutif, les autorités affirment avoir dépassé le pic de contagion.

«Nous sommes toujours un peu submergés, mais ça va mieux. Moins de patients meurent», a commenté Antonio Alvarez, infirmier dans un hôpital de Barcelone. Le confinement commencerait ainsi à porter ses fruits, avec comme effet une diminution de la tension hospitalière, en Espagne, en Italie et en France, les trois pays européens les plus sévèrement touchés.

Alors que des millions d'Européens vivent confinés depuis des semaines et montrent avec l'arrivée des beaux jours des signes évidents de lassitude, l'Autriche a présenté mercredi un calendrier d'assouplissement prudent des restrictions en vigueur sur son sol, qui commencera après Pâques par la réouverture des petits commerces.

Le Danemark et la Norvège, en «semi confinement», ont aussi communiqué des dates de redémarrage. Le Portugal et la Grèce évoquent des échéances. La reprise se fera par étapes avec le maintien de mesures de précaution.

Mais pour l'OMS, en dépit de certains «signes positifs», tout assouplissement est prématuré. Le commissaire du gouvernement italien pour le coronavirus, Domenico Arcuri, a lui aussi mis en garde contre les «illusions d'optique», car «nous sommes loin de la sortie».

Autre conséquence de la pandémie: des hackers, parrainés par certains Etats, utilisent le coronavirus comme appât pour s'attaquer aux ordinateurs personnels et aux réseaux sociaux, ont mis en garde les agences de sécurité informatique américaine et britannique.

Courriels intitulés par exemple «Infos Coronavirus 2020», textos de hameçonnage, ou faux sites internet sur le Covid-19 incitent à cliquer sur des liens infectés qui contournent les systèmes de protection ou installent des logiciels malveillants.

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