18 mortsLe Pérou paralysé - 5000 touristes dont une dizaine de Suisses bloqués
ATS
16.12.2022 - 20:47
Le bilan du mouvement de contestation et de sa répression s'aggrave au Pérou avec désormais 18 morts, dont plusieurs tués par des balles tirées par la police et l'armée, alors que 5000 touristes sont bloqués dans la région de la célèbre citadelle inca Machu Picchu.
Keystone-SDA
16.12.2022, 20:47
ATS
«Je regrette les événements tragiques qui ont coûté la vie à plusieurs compatriotes dans diverses régions du pays, il faut que cela cesse», a lancé vendredi la nouvelle présidente Dina Boluarte, lors d'une cérémonie à l'école militaire de Lima.
Le nombre de morts depuis le début des manifestations le 7 décembre s'élève à 18, a déclaré vendredi la ministre de la Santé, Rosa Gutierrez.
Destitution pour «incapacité morale»
Le 7 décembre, le président déchu de gauche radicale Pedro Castillo, 53 ans, avait ordonné la dissolution du Parlement qui avait peu après voté, à une large majorité, sa destitution pour «incapacité morale». Il avait vainement tenté de trouver refuge dans l'ambassade du Mexique et été arrêté. La Cour suprême a décidé jeudi de le laisser en détention.
Les manifestations, qui se poursuivaient vendredi notamment à Arequipa (sud), Huancayo (centre), Cuzco (sud-est), Ayacucho (sud) ou Puno (sud-est, frontière Bolivie), demandent la dissolution du Congrès, la libération de l'ancien président destitué Pedro Castillo, la démission de Mme Boluarte – ancienne vice-présidente de Castillo – et des élections générales immédiates.
«L'état d'urgence ne permet pas de protéger le droit à la vie»
Débordé, le gouvernement avait décrété l'état d'urgence mercredi sur tout le territoire, tout en proposant d'avancer les élections de 2026 à 2023, et le Congrès débattait depuis jeudi sur le sujet.
Certains députés du Congrès, largement discrédité dans l'opinion public, n'y sont pas forcément favorables puisque cela raccourcirait leur mandat.
«Je veux appeler une fois de plus au calme, pensons à nos familles, à nos enfants, à tous les Péruviens qui ont besoin de vivre en paix pour continuer à travailler, à faire bouger l'économie et les citoyens de nos foyers afin d'aller de l'avant», a notamment ajouté la présidente.
«L'état d'urgence ne permet pas de protéger le droit à la vie», s'est inquiétée vendredi auprès de l'AFP la Défenseure du Peuple (Médiatrice de la république) Eliana Revollar.
Bloqués au Machu-Picchu
«A Ayacucho, nous avons huit morts en une journée (jeudi) de manifestations et d'affrontements avec l'armée», a-t-elle poursuivi.
Jeudi, les manifestants avaient tenté de prendre l'aéroport d'Ayacucho, dans le sud du pays mais avaient été repoussées par l'armée, autorisée à intervenir en raison de l'état d'urgence.
Selon les rapports reçus, les soldats «ont été encerclés par la foule qui s'approchait. Ils ont reçu l'ordre de menacer de tirer, puis de tirer en l'air mais plus tard il y a eu des tirs tendus», dit elle.
Les manifestants avaient des lance-pierres et des pierres.
«Cela mérite une enquête criminelle, il y a des gens qui sont morts de blessures par balle», a-t-il précisé.
Les manifestations les plus virulentes dans le sud
En outre, six décès ont été recensés à la suite d'événements liés aux blocages routiers, notamment l'impossibilité de rejoindre un hôpital.
Quelque 400 personnes ont été blessées. Selon le ministère de la Défense, plus de 300 d'entre eux sont des membres des forces de l'ordre.
Les manifestations les plus virulentes ont lieu dans le sud du pays, régions parmi les plus pauvres du pays, où cinq aéroports restent fermés: Andahuaylas, Arequipa, Puno, Ayacucho et Cuzco.
5000 touristes bloqués dont une dizaine de Suisses
A Cuzco justement, quelque 5000 touristes sont bloqués espérant pouvoir quitter le pays, a déclaré à l'AFP Darwin Baca, maire du district voisin de Machu Picchu, qui se trouve également à Cuzco.
Pendant ce temps, au Machu Picchu, quelque 200 touristes, principalement des Nord-Américains et des Européens, ont quitté la zone à pied, longeant la voie de chemin de fer pour rejoindre la ville d'Ollantaytambo, à 30 km, où les attendent des bus.
Le train entre la citadelle de pierre et Cuzco, l'ancienne capitale de l'empire inca, située à 110 km, est en effet l'unique moyen moderne de se rendre au joyau du tourisme péruvien.
«Ce qu'ils craignent, c'est d'arriver à Cuzco et de ne pas pouvoir rentrer dans leur pays, car ils ont peur que la situation s'aggrave», a précisé le maire.
L'ambassade de Suisse au Pérou a connaissance d'une dizaine de ressortissants suisses se trouvant actuellement à Aguas Calientes, près du Macchu Pichu, a indiqué le Département des affaires étrangères à Keystone-ATS.