«Nous continuerons la lutte» Le candidat de l'opposition vénézuélienne est arrivé en Espagne

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8.9.2024 - 23:22

Le candidat de l'opposition vénézuélienne à la présidentielle de juillet, Edmundo González Urrutia, est arrivé dimanche après-midi en Espagne, où il a demandé l'asile. Il a promis de «continuer la lutte».

M. González Urrutia, qui contestait la réélection du président Nicolas Maduro le 28 juillet, a quitté le Venezuela après avoir ignoré trois convocations successives devant les procureurs (archives).
M. González Urrutia, qui contestait la réélection du président Nicolas Maduro le 28 juillet, a quitté le Venezuela après avoir ignoré trois convocations successives devant les procureurs (archives).
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«Je suis convaincu que dans un avenir proche, nous continuerons la lutte pour la liberté et le rétablissement de la démocratie au Venezuela», a-t-il dit dans un message audio transmis par son équipe à la presse à Caracas

L'opposant de 75 ans, accompagné de son épouse, voyageait à bord d'un avion militaire espagnol qui s'est posé vers 16h00 à la base aérienne de Torrejón de Ardoz, près de Madrid, a annoncé le ministère espagnol des Affaires étrangères dans un communiqué. Il a été accueilli par la secrétaire d'Etat pour l'Amérique latine, Susana Sumelzo.

«A partir de maintenant, la procédure pour la demande d'asile va commencer», poursuit le ministère. Son issue sera «favorable, en application de l'engagement de l'Espagne en faveur des droits politiques et de l'intégrité physique de tous les Vénézuéliens et toutes les Vénézuéliennes, particulièrement des leaders politiques».

Craintes pour sa vie

La référence à «l'intégrité physique» semble faire écho aux propos de la cheffe de l'opposition vénézuélienne, Maria Corina Machado, qui a affirmé dimanche sur X que le départ de M. González était nécessaire pour «préserver sa liberté et sa vie».

M. González Urrutia, qui contestait la réélection du président Nicolas Maduro le 28 juillet, a quitté le Venezuela après avoir ignoré trois convocations successives devant les procureurs, faisant valoir que sa comparution aurait pu lui coûter sa liberté.

Il a «demandé à bénéficier du droit d'asile», a déclaré le chef de la diplomatie espagnole, José Manuel Albaresa, à la télévision nationale. «Le gouvernement va naturellement le (...) lui accorder».

M. Albares a précisé avoir parlé avec M. González Urrutia alors qu'il se trouvait dans l'avion qui l'emmenait vers l'Espagne, ajoutant que l'opposant vénézuélien allait «bien».

Publier les procès-verbaux

L'Espagne, a-t-il dit, réitère «l'exigence que soient présentés les procès-verbaux» des bureaux de vote lors de l'élection présidentielle et «qu'ils puissent être vérifiés». L'Espagne «ne va reconnaître aucune soi-disant victoire» de M. Maduro si ces conditions ne sont pas remplies, a-t-il averti.

Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez avait assuré samedi que l'Espagne «(n'allait) pas abandonner» M. González Urrutia, qu'il a qualifié de «héros».

A Caracas, le procureur général du Venezuela a lui qualifié cet asile en Espagne de fin «de saison d'une oeuvre humoristique». «C'était le dernier chapitre de cette pièce médiocre qui a provoqué de l'angoisse, du sang, de la sueur et des larmes à des spectateurs innocents», a ironisé Tarek William Saab.

L'opposant vénézuélien était visé depuis le 3 septembre par un mandat d'arrêt pour ne pas s'être présenté à trois convocations du parquet pour «désobéissance aux lois», «conspiration, «usurpation de fonctions» et «sabotage», alors que l'opposition et de nombreux observateurs considèrent la justice aux ordres du pouvoir.

Sauf-conduit

Le pays latino-américain est plongé dans une crise politique depuis le scrutin qui a vu officiellement Nicolas Maduro reconduit pour un troisième mandat de six ans, une victoire contestée par l'opposition.

Les autorités vénézuéliennes ont annoncé samedi avoir délivré un sauf-conduit à l'opposant «dans l'intérêt de la paix et de la tranquillité politique» du pays.

Ancien ambassadeur, M. González Urrutia, 75 ans, avait accepté de remplacer au pied levé comme candidat la cheffe de l'opposition Maria Corina Machado, déclarée inéligible. Le procureur général Tarek William Saab a annoncé qu'il ferait une déclaration dimanche.

Nicolas Maduro, dont la victoire a été validée par la Cour suprême le 22 août, a été proclamé vainqueur avec 52% des voix par le Conseil national électoral (CNE), qui n'a pas rendu publics les procès-verbaux des bureaux de vote, se disant victime d'un piratage informatique.

Une telle attaque informatique est jugée peu crédible par l'opposition et de nombreux observateurs, qui y voient une manoeuvre du pouvoir pour éviter de divulguer le décompte exact. Selon l'opposition, qui a publié les procès-verbaux fournis par ses scrutateurs, M. González Urrutia a obtenu plus de 60% des voix.

«Mettre fin à la répression»

Les Etats-Unis, l'Union européenne et plusieurs pays d'Amérique latine ne reconnaissent pas la réélection de M. Maduro. Une grande partie de la communauté internationale n'avait déjà pas reconnu sa réélection en 2018 à l'issue d'un scrutin boycotté par l'opposition qui avait crié à la fraude.

Après l'annonce de sa réélection le 28 juillet, des manifestations spontanées ont éclaté. Elles ont fait 27 morts et 192 blessés, tandis que quelque 2400 personnes ont été arrêtées, de source officielle.

Dimanche, l'Union européenne a demandé au Venezuela la fin de la répression. «L'UE insiste pour que les autorités vénézuéliennes mettent fin à la répression, aux arrestations arbitraires et au harcèlement des membres de l'opposition et de la société civile, et pour qu'elles libèrent tous les prisonniers politiques», a déclaré le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell.