Un défi lancé à la RussieLe cargo au départ de l'Ukraine s'approche d'Istanbul
olpe
17.8.2023 - 18:12
Le premier cargo au départ de l'Ukraine après la fin de l'accord sur les céréales avançait jeudi après-midi le long de la côte bulgare vers la Turquie, malgré le blocus russe, selon les sites internet sur le trafic maritime.
olpe
17.08.2023, 18:12
17.08.2023, 18:53
ATS
Le porte-conteneurs «Joseph Schulte», battant pavillon de Hong Kong, a quitté mercredi le port ukrainien d'Odessa, un défi lancé à la Russie qui menace de couler de tels navires depuis qu'elle a mis fin en juillet à l'accord par lequel l'Ukraine pouvait exporter ses céréales.
Le bateau arrivera «probablement ce soir» à Istanbul, a déclaré jeudi à l'AFP un porte-parole du groupe Schulte, qui a son siège à Hambourg, dans le nord de l'Allemagne.
Le porte-conteneurs emprunte «un nouveau couloir humanitaire» établi par Kiev, a affirmé le président ukrainien Volodymyr Zelensky, tandis que la Russie a procédé le week-end dernier à des tirs de sommation à l'intention d'un cargo qui se dirigeait vers Izmaïl, un port sur le Danube dans le sud de l'Ukraine.
A temps pour l'automne
Moscou a en outre intensifié ses attaques contre les infrastructures portuaires ukrainiennes de la mer Noire et du Danube depuis son retrait de l'accord sur les céréales conclu sous l'égide de l'ONU et de la Turquie et entré en vigueur à l'été 2022.
Ce dernier permettait aux céréales ukrainiennes de quitter les ports du sud de l'Ukraine malgré le blocus mis en place par la Russie.
Le nouveau couloir «sera principalement utilisé pour évacuer les navires qui étaient dans des ports au moment de l'invasion russe» en février 2022, a annoncé Oleksandre Koubrakov, le ministre ukrainien chargé des infrastructures.
Dans le même temps, la communauté internationale cherche à trouver un moyen de sécuriser les itinéraires pour le transport vers le reste du monde des céréales à temps pour la récolte de cet automne, l'Ukraine et la Russie en étant des exportateurs de premier plan.
Nouvelle initiative américaine
L'accord de l'année dernière a contribué à faire baisser les prix mondiaux des denrées alimentaires et à fournir aux Ukrainiens d'importants revenus pour poursuivre la guerre.
L'Ukraine exporte désormais via le Danube une grande partie de ses produits agricoles.
Selon le Wall Street Journal, des responsables américains sont en pourparlers avec la Turquie, l'Ukraine et ses voisins concernant l'augmentation du trafic le long du Danube, qui se jette dans la mer Noire à la frontière entre l'Ukraine et la Roumanie.
L'un de ces responsables a affirmé que Washington allait étudier toutes les options, y compris celle d'un accompagnement militaire des navires de commerce ukrainiens.
Mais un officiel ayant requis l'anonymat du ministère turc de la Défense a semblé écarter jeudi cette initiative.
«Nos efforts se concentrent sur la réactivation de l'accord sur les céréales», a-t-il déclaré à la chaîne de télévision privée turque NTV.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan espère rencontrer son homologue russe Vladimir Poutine ce mois-ci et le rétablissement de l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes devrait être à l'ordre du jour de leurs discussions.
M. Erdogan a tenté de maintenir la neutralité de son pays et de rehausser son rôle diplomatique depuis le déclenchement de la guerre.
La Turquie a ainsi accueilli deux premières séries de pourparlers de paix avec l'Ukraine et a intensifié ses échanges avec la Russie tout en fournissant des armes à Kiev.
Contre-offensive diplomatique
Les Russes se sont retirés de l'accord sur les céréales après avoir affirmé qu'il n'avait pas atteint son objectif de profiter aux populations touchées par la famine, en particulier en Afrique avec laquelle ils cherchent à renforcer les liens pour éviter un isolement sur la scène mondiale.
La Russie a depuis demandé à la Turquie de l'aider en vue d'exporter des céréales vers les pays africains en écartant l'Ukraine.
Dans un entretien jeudi avec l'AFP, le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a dans ce contexte annoncé un combat «de longue haleine» pour «faire renaître» les relations de Kiev avec l'Afrique.
«Notre stratégie n'est pas de remplacer la Russie mais de libérer l'Afrique de l'emprise russe», a-t-il martelé.
Les tentatives russes d'obtenir le contrôle unilatéral de la navigation sur la mer Noire interviennent sur fond de contre-offensive militaire déclenchée en juin par les forces ukrainiennes.
Celles-ci s'efforcent en particulier de couper l'accès des Russes à la Crimée, une péninsule qu'ils ont annexée en 2014.
Cette contre-offensive s'appuie sur de nouveaux équipements occidentaux mais progresse lentement.
M. Kouleba a toutefois assuré que l'Ukraine «ne ressentait pas» la pression de ses alliés occidentaux pour obtenir des résultats rapides.