Depuis le début de la guerre Il sera le premier Européen à rencontrer Poutine

ATS

11.4.2022 - 11:34

La pression continue de monter sur la Russie. Moscou doit accueillir lundi un dirigeant européen, le chancelier autrichien Karl Nehammer, pour la première fois depuis l'invasion de l'Ukraine, dans l'attente de nouvelles sanctions européennes.

Après s'être rendu en Ukraine samedi, Karl Nehammer doit rencontrer dans l'après-midi à Moscou le président russe Vladimir Poutine.
Après s'être rendu en Ukraine samedi, Karl Nehammer doit rencontrer dans l'après-midi à Moscou le président russe Vladimir Poutine.
KEYSTONE

Après s'être rendu en Ukraine samedi, Karl Nehammer doit rencontrer dans l'après-midi à Moscou le président russe Vladimir Poutine. Il a «l'intention de tout faire pour que des mesures soient prises en faveur de la paix», tout en reconnaissant que les chances d'y parvenir sont minces.

«Nous sommes neutres sur le plan militaire, mais nous avons une position claire sur la guerre d'agression russe contre l'Ukraine. Elle doit cesser! Il faut des corridors humanitaires, un cessez-le-feu et une enquête complète sur les crimes de guerre», a-t-il twitté dimanche.

M. Nehammer a ajouté qu'il comptait évoquer au Kremlin les «crimes de guerre» à Boutcha, au nord-ouest de Kiev, devenue un symbole des atrocités de la guerre en Ukraine. Près de 300 personnes y ont été enterrées dans des fosses communes, selon les autorités ukrainiennes, qui accusent les Russes de massacres, ce que Moscou dément en bloc, dénonçant une «manipulation».

Corridors humanitaires

Le chancelier autrichien va donc tenter d'obtenir des corridors humanitaires en Ukraine. Mais il n'attend «pas de miracle», a déclaré son ministre des Affaires étrangères Alexander Schallenberg.

«Nous devons saisir toutes les occasions de mettre fin à l'enfer humanitaire en Ukraine et c'est ce à quoi va s'employer le chancelier avec des messages très clairs de nature humanitaire et des conseils politiques», a déclaré M. Schallenberg, avant une réunion avec ses homologues de l'UE à Luxembourg.

Le message transmis au président russe sera que «nous voulons que la guerre prenne fin. Nous voulons des corridors humanitaires. Nous voulons que les organisations humanitaires internationales puissent faire leur travail», a-t-il ajouté.

Nouvelles sanctions

A Luxembourg, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne étudient lundi matin un sixième paquet de sanctions contre Moscou, qui ne touchera toutefois pas les achats de pétrole et de gaz.

Le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell avait annoncé son intention de lancer lundi la discussion sur un embargo pétrolier, «mais une proposition formelle n'est pas sur la table», avait reconnu vendredi un haut fonctionnaire européen.

Samedi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait appelé les Occidentaux à «suivre l'exemple du Royaume-Uni» en imposant «un embargo total sur les hydrocarbures russes».

Lundi matin, la banque française Société Générale, très impliquée jusqu'ici en Russie, s'est ajoutée à la liste des entreprises occidentales qui ont annoncé cesser leurs activités dans le pays depuis l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes le 24 février.

«Marioupol peut se répéter»

Sur le terrain, les forces ukrainiennes ont continué ce week-end à fortifier leurs positions dans l'est du pays, dans la crainte d'une prochaine grande offensive russe.

«La bataille pour le Donbass durera plusieurs jours, et pendant ces jours nos villes pourraient être complètement détruites», a prédit sur Facebook Serguiï Gaïdaï, le gouverneur de la région de Lougansk, dans le Donbass.

Il a de nouveau appelé les civils à quitter la région dans les cinq couloirs humanitaires prévus. «Le scénario de Marioupol peut se répéter dans la région de Lougansk», a-t-il dit.

De son côté, le ministère de la Défense russe a accusé dimanche les Ukrainiens et les Occidentaux de provocations «monstrueuses et sans pitié» et de meurtres de civils à Lougansk.

Bombardements

Alors que la population tente de fuir l'est de l'Ukraine pour échapper à la bataille qui s'y annonce, les frappes aériennes et les bombardements continuent: dimanche, ils ont fait au moins 11 morts, dont un enfant de 7 ans, et 14 blessés à Kharkiv (est), la deuxième ville du pays, et dans sa banlieue, selon le gouverneur régional Oleg Sinegoubov. «L'armée russe continue de faire la guerre aux civils, faute de victoires sur le front», a-t-il accusé.

Selon les services de la procureure générale, Iryna Venediktova, 183 enfants sont morts et plus de 342 ont été blessés dans le pays depuis le début de l'invasion russe. «A ce jour, nous avons 1222 personnes tuées, pour la seule région de Kiev», a déclaré Mme Venediktova à la chaîne britannique Sky News.

Elle n'a pas précisé si les corps découverts étaient exclusivement ceux de civils, mais elle a également fait état de 5.600 enquêtes ouvertes pour crimes de guerre présumés depuis le début de l'invasion russe le 24 février, dont ceux de Boutcha.

ATS