Appel à investir «massivement» Antonio Guterres: «Le Pakistan est doublement victime»

sn, ats

9.1.2023 - 10:47

Le chef de l'ONU Antonio Guterres appelle la communauté internationale à s'aligner sur la «réponse héroïque» des Pakistanais pour aider ceux-ci après les inondations de l'été dernier. Lundi à Genève, il a appelé à investir «massivement» dans la solidité de ce pays.

Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, prononce son allocution lors de la Conférence internationale sur la résilience climatique du Pakistan, au siège européen des Nations Unies, à Genève, en Suisse, le lundi 9 janvier 2023.
Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, prononce son allocution lors de la Conférence internationale sur la résilience climatique du Pakistan, au siège européen des Nations Unies, à Genève, en Suisse, le lundi 9 janvier 2023.
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Les coûts de la reconstruction à cour terme sont estimés à 16 milliards de dollars au moins. «Bien davantage sera requis à plus long terme», a affirmé le secrétaire général au début de la conférence internationale pour un Pakistan résilient face aux chocs climatiques. De son côté, le Premier ministre pakistanais Shebaz Sharif a parlé d'un «tournant» dans la situation de son pays, souhaitant un «plan international durable».

Ce pays a été dévasté en août dernier par des intempéries dévastatrices qui ont provoqué des inondations qui ont recouvert jusqu'à un tiers de son territoire. Près de 1800 personnes ont été tuées et 33 millions ont été affectées par ce désastre.

Environ 8 millions ont été déplacées, plus de 9 millions ont été poussées vers la pauvreté et plus de deux millions de maisons ont été détruites ou endommagées. Les opérations de secours se poursuivent, a aussi ajouté M. Sharif.

Déjà, la facture de ces intempéries est salée. Les pertes économiques et les dommages sont évalués à environ 30 milliards de de dollars. Dans son discours M. Guterres a répété que la catastrophe était liée au changement climatique.

«Injustice brutale»

Et de dénoncer «une injustice brutale», alors que le Pakistan n'est responsable que de moins d'1% des émissions de gaz à effet de serre. «Si vous avez un doute quelconque» sur les dommages et les pertes provoqués par le changement climatique dans les pays en développement, «allez au Pakistan», a insisté le secrétaire général qui appelle encore à réduire la détérioration climatique.

Quelques mois après les inondations au Pakistan, les Etats ont avalisé lors de la COP27 le principe d'un fonds d'indemnisation de ces Etats, après des décennies de discussion. Islamabad souhaite que ce dispositif puisse aider à atténuer de futures crises climatiques.

M. Guterres appelle à financer les routes, les maisons et les infrastructures. Mais il demande à nouveau également d'alléger la dette des pays en développement. «Le Pakistan est doublement victime», du climat comme d'un système financier mondial moralement en défaut, a ajouté le secrétaire général.

Jusqu'à présent, seul un tiers des 816 millions de dollars qui avaient été demandés pour la réponse humanitaire ont été versés. «Seulement une goutte d'eau dans les inondations grandissantes des besoins», selon M. Guterres. Or, la population de la région est 15 fois plus menacée par les impacts climatiques que les autres territoires dans le monde.

Parmi les premiers à s'exprimer, le président français Emmanuel Macron a lui annoncé une aide supplémentaire de 10 millions d'euros de son pays. Tout comme la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen pour l'Union européenne (UE).

Pas d'aide suisse supplémentaire

De son côté, le conseiller fédéral Ignazo Cassis n'a pas annoncé de nouvelle contribution suisse mais a promis que le soutien financier se poursuivrait. «La Suisse est aux côtés du Pakistan», a-t-il affirmé, ajoutant que «personne n'est à l'abri» des effets du changement climatique.

Avec l'aide de partenaires internationaux, le Pakistan a établi un plan de reconstruction. La moitié sera appliquée avec des ressources locales. Mais le pays «aura besoin d'un soutien considérable dans les prochaines années», a admis le ministre pakistanais des Affaires étrangères Bilawi Zardari-Bhutto. Outre l'aide aux infrastructures, un renforcement de la gouvernance et des questions sociales est prévu.

Des dizaines de pays participent à la conférence de Genève. Cette rencontre constitue «une première étape» d'une longue route vers la reconstruction du Pakistan, selon M. Guterres. Elle lance également un groupe de soutien international pour l'application du plan.